L'age d'Aicha: Difference between revisions

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'''Aicha''', de l’arabe عائشة, (également translittéré en A'ishah, Aisyah, Ayesha, A'isha, Aishat, ou Aishah) est née en 613/614 et est décédée en 678.<ref name="Siddiqui">Al-Nasa'i 1997, p. 108</ref>. Elle a été mariée à [[Muhammad]] à l’âge de 6 ou 7 ans, et ce dernier, alors âgé de 53 ans, a consommé le mariage lorsqu’Aicha avait 9 ou 10 ans selon de nombreux [[Hadith|hadiths]] [[sahih]] (authentiques).<ref>Le père d'Hisham a rapporté : Khadija est morte trois ans avant que le Prophète ne parte pour Médine. Il y est resté à peu près deux ans, puis il a épousé Aicha lorsqu’elle n’était qu’une fille de six ans, et il a consommé ce mariage lorsqu’elle avait neuf ans.<br>{{Bukhari|5|58|236}}</ref><ref>Aicha a rapporté que le Prophète l'a épousée quand elle avait six ans et qu'il a consommé son mariage quand elle avait neuf ans, puis elle est restée avec lui pendant neuf ans (c.-à-d. jusqu'à sa mort).<br>{{Bukhari|7|62|64}}</ref><ref>Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) a rapporté : l’Apôtre d’Allah (que la paix soit sur lui) m’a épousée quand j’avais six ans, et j’ai été admise chez lui lorsque j’avais neuf ans.<br>{{Muslim|8|3310}}</ref><ref>Aicha rapporte que : "L'Apôtre d'Allah m'a épousée quand j'avais sept ans." (Le narrateur, Sulaiman a dit: "Ou six ans.")<br>{{Abudawud||2116|hasan}}</ref><ref>La plupart des sources suggèrent que l’âge à la consommation est de neuf ans, et qu’il pourrait avoir été de 10 ans; Voir: Denise Spellberg (1996), ''Politics, Gender, and the Islamic Past: The Legacy of 'A'isha Bint Abi Bakr'', Columbia University Press, <nowiki>ISBN 978-0231079990</nowiki>, pp. 39–40;</ref> En raison des préoccupations liées au [[:Category:Child Marriage|mariage des enfants]], ce sujet suscite un vif intérêt dans la littérature [[Apologists|apologétique]] et le débat public.       
'''Aicha''', de l’arabe عائشة, (également translittéré en A'ishah, Aisyah, Ayesha, A'isha, Aishat, ou Aishah) est née en 613/614 et est décédée en 678.<ref name="Siddiqui">Al-Nasa'i 1997, p. 108</ref>. Elle a été mariée à [[Muhammad]] à l’âge de 6 ou 7 ans, et ce dernier, alors âgé de 53 ans, a consommé le mariage lorsqu’Aicha avait 9 ou 10 ans selon de nombreux [[Hadith|hadiths]] [[sahih]] (authentiques).<ref>Le père d'Hisham a rapporté : Khadija est morte trois ans avant que le Prophète ne parte pour Médine. Il y est resté à peu près deux ans, puis il a épousé Aicha lorsqu’elle n’était qu’une fille de six ans, et il a consommé ce mariage lorsqu’elle avait neuf ans.<br>{{Bukhari|5|58|236}}</ref><ref>Aicha a rapporté que le Prophète l'a épousée quand elle avait six ans et qu'il a consommé son mariage quand elle avait neuf ans, puis elle est restée avec lui pendant neuf ans (c.-à-d. jusqu'à sa mort).<br>{{Bukhari|7|62|64}}</ref><ref>Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) a rapporté : l’Apôtre d’Allah (que la paix soit sur lui) m’a épousée quand j’avais six ans, et j’ai été admise chez lui lorsque j’avais neuf ans.<br>{{Muslim|8|3310}}</ref><ref>Aicha rapporte que : "L'Apôtre d'Allah m'a épousée quand j'avais sept ans." (Le narrateur, Sulaiman a dit: "Ou six ans.")<br>{{Abudawud||2116|hasan}}</ref><ref>La plupart des sources suggèrent que l’âge à la consommation est de neuf ans, et qu’il pourrait avoir été de 10 ans; Voir: Denise Spellberg (1996), ''Politics, Gender, and the Islamic Past: The Legacy of 'A'isha Bint Abi Bakr'', Columbia University Press, <nowiki>ISBN 978-0231079990</nowiki>, pp. 39–40;</ref> En raison des préoccupations liées au [[:Category:Child Marriage|mariage des enfants]], ce sujet suscite un vif intérêt dans la littérature [[Apologists|apologétique]] et le débat public.       


A l’époque, se marier à un jeune âge n’était pas inconnu en Arabie, et le mariage d’Aicha à Muhammad avait peut-être une connotation politique, car son père, Abu Bakr, était un homme influent dans la communauté.<ref>Afsaruddin, Asma (2014). "ʿĀʾisha bt. Abī Bakr". In Fleet, Kate; Krämer, Gudrun; Matringe, Denis; Nawas, John; Rowson, Everett. ''[http://referenceworks.brillonline.com/browse/encyclopaedia-of-islam-2 Encyclopaedia of Islam]'' (3 ed.). Brill Online. Retrieved 2015-01-11</ref> Abu Bakr a, de son côté, peut-être aussi cherché à renforcer le lien de parenté entre Muhammad et lui-même en unissant leurs familles par le mariage via Aicha. Leila Ahmed, femme de lettres égypto-américaine spécialiste de l’islam, note que les fiançailles et le mariage d’Aicha avec Muhammad sont présentés comme ordinaire dans la littérature islamique, et peuvent indiquer qu’il n’était pas inhabituel que des enfants soient mariés à leurs ainés à cette époque.<ref>Ahmed, Leila (1992). ''Women and Gender in Islam: Historical Roots of a Modern Debate''. Yale University Press. p. 51-54. <nowiki>ISBN 978-0300055832</nowiki>.</ref> Dans les empires voisins de cette époque, la loi Byzantine interdisait le mariage des filles qui n’avaient pas atteint l’âge de la puberté, lequel était fixé à treize ans.<ref>Sean Anthony, "Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam", Oakland CA: University of California, 2020, p. 115</ref> La loi Sassanide prévoyait, quant à elle, qu’une fillette pouvait se marier dès l’âge de neuf ans à condition que la consommation du mariage soit retardée jusqu’à ce qu’elle atteigne douze ans.<ref>CHILDREN iii. Legal Rights of Children in the Sasanian Period - [https://www.iranicaonline.org/articles/children-iii Encyclopedia Iranica online]</ref>
A l’époque, se marier à un jeune âge n’était pas inconnu en Arabie, et le mariage d’Aicha à Muhammad avait peut-être une connotation politique, car son père, Abu Bakr, était un homme influent dans la communauté.<ref>Afsaruddin, Asma (2014). "ʿĀʾisha bt. Abī Bakr". In Fleet, Kate; Krämer, Gudrun; Matringe, Denis; Nawas, John; Rowson, Everett. ''[http://referenceworks.brillonline.com/browse/encyclopaedia-of-islam-2 Encyclopaedia of Islam]'' (3 ed.). Brill Online. Extrait le 11-01-2015</ref> Abu Bakr a, de son côté, peut-être aussi cherché à renforcer le lien de parenté entre Muhammad et lui-même en unissant leurs familles par le mariage via Aicha. Leila Ahmed, femme de lettres égypto-américaine spécialiste de l’islam, note que les fiançailles et le mariage d’Aicha avec Muhammad sont présentés comme ordinaire dans la littérature islamique, et peuvent indiquer qu’il n’était pas inhabituel que des enfants soient mariés à leurs ainés à cette époque.<ref>Ahmed, Leila (1992). ''Women and Gender in Islam: Historical Roots of a Modern Debate''. Yale University Press. p. 51-54. <nowiki>ISBN 978-0300055832</nowiki>.</ref> Dans les empires voisins de cette époque, la loi Byzantine interdisait le mariage des filles qui n’avaient pas atteint l’âge de la puberté, lequel était fixé à treize ans.<ref>Sean Anthony, "Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam", Oakland CA: Université de Californie, 2020, p. 115</ref> La loi Sassanide prévoyait, quant à elle, qu’une fillette pouvait se marier dès l’âge de neuf ans à condition que la consommation du mariage soit retardée jusqu’à ce qu’elle atteigne douze ans.<ref>CHILDREN iii. Legal Rights of Children in the Sasanian Period - [https://www.iranicaonline.org/articles/children-iii Encyclopedia Iranica online]</ref>


==Authenticité==
==Authenticité==
Dans le Coran, une règle concernant le mariage avec celles qui n’ont pas encore atteint la menstruation apparaît au verset 4 de la sourate 65 (At-Talaq – Le Divorce).<ref>Si vous avez des doutes à propos (de la période d<nowiki>'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. '''De même pour celles qui n'ont pas encore de règles.''' Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'</nowiki>attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses.<br>{{Quran|65|4}}</ref> Le [[tafsir]] (exégèse) d’Al-Jalalayn est l’un des commentaires du coran les plus respectés.<ref>Le tafsir d'al-Jalalayn est l’un des tafsirs les plus importants pour l’étude du Coran. Composé par les deux “Jalals” - Jalal al-Din al-Mahalli (mort. 864 ah / 1459 ce) et son élève Jalal al-Din al-Suyuti (mort. 911 ah / 1505 ce), Le tafsir d'al-Jalalayn est généralement considéré comme l’une des œuvres les plus facilement accessibles de l’exégèse coranique en raison de son style simple et de sa longueur en volume. Pour la toute première fois, le tafsir d'al-Jalalayn est traduit dans une version anglaise intégrale avec des annotations très précises et lisibles par le Docteur. Feras Hamza.
Dans le Coran, une règle concernant le mariage avec celles qui n’ont pas encore atteint la menstruation apparaît au verset 4 de la sourate 65 (At-Talaq – Le Divorce ou La Répudiation).<ref>Si vous avez des doutes à propos (de la période d<nowiki>'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. '''De même pour celles qui n'ont pas encore de règles.''' Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'</nowiki>attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses.<br>{{Quran|65|4}}</ref> Le [[tafsir]] (exégèse) d’Al-Jalalayn est l’un des commentaires du coran les plus respectés.<ref>Le tafsir d'al-Jalalayn est l’un des tafsirs les plus importants pour l’étude du Coran. Composé par les deux “Jalals” - Jalal al-Din al-Mahalli (mort. 864 ah / 1459 ce) et son élève Jalal al-Din al-Suyuti (mort. 911 ah / 1505 ce), Le tafsir d'al-Jalalayn est généralement considéré comme l’une des œuvres les plus facilement accessibles de l’exégèse coranique en raison de son style simple et de sa longueur en volume. Pour la toute première fois, le tafsir d'al-Jalalayn est traduit dans une version anglaise intégrale avec des annotations très précises et lisibles par le Docteur. Feras Hamza.


[https://www.altafsir.com/Al-Jalalayn.asp altafsir.com]</ref> Pour ce verset, Jalalayn décrit dans son exégèse que "celles qui n’ont pas leurs règles" sont "celles qui n’ont pas encore leurs règles en raison de leur jeune âge, et que leur période [d’attente] sera [aussi] de trois mois."<ref>And as for those of your women who read allā’ī or allā’i in both instances no longer expect to menstruate if you have any doubts about their waiting period their prescribed waiting period shall be three months and also for those who have not yet menstruated because of their young age their period shall also be three months both cases apply to other than those whose spouses have died; for these latter their period is prescribed in the verse they shall wait by themselves for four months and ten days Q. 2234. And those who are pregnant their term the conclusion of their prescribed waiting period if divorced or if their spouses be dead shall be when they deliver. And whoever fears God He will make matters ease for him in this world and in the Hereafter.
[https://www.altafsir.com/Al-Jalalayn.asp altafsir.com]</ref> Pour ce verset, Jalalayn décrit dans son exégèse que "celles qui n’ont pas leurs règles" sont "celles qui n’ont pas encore leurs règles en raison de leur jeune âge, et que leur période [d’attente] sera [aussi] de trois mois."<ref>Et quant à celles de vos femmes qui lisent allā ī ou allā’i, dans un cas comme dans l'autre, qui ne s'attendent plus à avoir de règles, si vous avez des doutes sur leur période d’attente, leur période d’attente prescrite sera de trois mois et aussi pour celles qui n’ont pas encore eu leurs règles en raison de leur jeune âge, leurs période sera également de trois mois les deux cas s'appliquent à celles dont les conjoints sont décédés ; pour ces dernières, leur période est prescrite dans le verset, elles doivent attendre elles-mêmes pendant quatre mois et dix jours (Coran S.2 V.234). Et celles qui sont enceintes leur terme sera à la fin de leur période d'attente prescrite, si elles sont divorcées ou si leurs époux sont décédés leur terme sera quand elles accoucheront. Et quiconque craint Dieu, Il lui facilitera les choses dans ce monde et dans l’au-delà.


[https://altafsir.com/Tafasir.asp?tMadhNo=1&tTafsirNo=74&tSoraNo=65&tAyahNo=4&tDisplay=yes&UserProfile=0&LanguageId=2 Tafsir al-Jalalayn, trans. Feras Hamza Quran 65:4]</ref>
[https://altafsir.com/Tafasir.asp?tMadhNo=1&tTafsirNo=74&tSoraNo=65&tAyahNo=4&tDisplay=yes&UserProfile=0&LanguageId=2 Tafsir al-Jalalayn, trans. Feras Hamza Quran 65:4]</ref>
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De nombreux hadiths complémentaires sont rassemblés ici : [https://wikiislam.net/wiki/Qur%27an,_Hadith_and_Scholars:Aisha#Aisha.27s_Age_at_Consummation_and_Marriage Qur'an, Hadith and Scholars: Aisha].
De nombreux hadiths complémentaires sont rassemblés ici : [https://wikiislam.net/wiki/Qur%27an,_Hadith_and_Scholars:Aisha#Aisha.27s_Age_at_Consummation_and_Marriage Qur'an, Hadith and Scholars: Aisha].


{{Quote|1={{Quran|65|4}}|2=- Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. '''De même pour celles qui n'ont pas encore de règles.''' Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses. (Traduction Hamidullah)
{{Quote|1={{Quran|65|4}}|2=- [Pour] celles de vos femmes qui désespèrent d'être menstruées ; si vous avez des doutes, leur période [d'attente] sera de trois mois. '''[Pour] celles qui n'ont pas eu leurs menstrues [, même délai.''' Pour] celles qui sont enceintes, le terme [de leur période d'attente] sera leur accouchement. A quiconque est pieux envers Allah, Celui-ci procure allégement à son sort. (Traduction R. Blachère)<br>- Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. '''De même pour celles qui n'ont pas encore de règles.''' Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses. (Traduction Hamidullah)<br>- Celles de vos femmes qui ont désespéré d’avoir de menstruation, si vous doutez, leur délai d’attente est de trois mois. '''Et celles qui n’ont pas de menstruation, [leur délai d’attente est aussi de trois mois].''' Quant à celles qui portent, leur terme est lorsqu’elles mettent bas leur portée. Quiconque craint Dieu, il lui fait son affaire aisée. (Traduction Sami Aldeeb, [https://www.academia.edu/58268721#&#pdf pdf p.411])}}
<br>- Celles de vos femmes qui ont désespéré d’avoir de menstruation, si vous doutez, leur délai d’attente est de trois mois. '''Et celles qui n’ont pas de menstruation, [leur délai d’attente est aussi de trois mois].''' Quant à celles qui portent, leur terme est lorsqu’elles mettent bas leur portée. Quiconque craint Dieu, il lui fait son affaire aisée. (Traduction Sami Aldeeb, [https://www.academia.edu/58268721#&#pdf pdf p.411])}}
{{Quote|{{Bukhari|5|58|236}}|Le père d'Hisham a rapporté : Khadija est morte trois ans avant que le Prophète ne parte pour Médine. Il y est resté à peu près deux ans, puis '''il a épousé Aicha lorsqu’elle n’était qu’une fille de six ans, et il a consommé ce mariage lorsqu’elle avait neuf ans.'''}}
{{Quote|{{Bukhari|5|58|236}}|Le père d'Hisham a rapporté : Khadija est morte trois ans avant que le Prophète ne parte pour Médine. Il y est resté à peu près deux ans, puis '''il a épousé Aicha lorsqu’elle n’était qu’une fille de six ans, et il a consommé ce mariage lorsqu’elle avait neuf ans.'''}}
{{Quote|{{Bukhari|7|62|65}}|Aicha a rapporté : que le Prophète (ﷺ) '''l’a épousée quand elle avait six ans et qu'il a consommé son mariage quand elle avait neuf ans. ''' Hisham a dit : j’ai été informé qu’Aicha est restée avec le Prophète (ﷺ) pendant neuf ans (c'est à dire jusqu'à sa mort).}}
{{Quote|{{Bukhari|7|62|65}}|Aicha a rapporté : que le Prophète (ﷺ) '''l’a épousée quand elle avait six ans et qu'il a consommé son mariage quand elle avait neuf ans. ''' Hisham a dit : j’ai été informé qu’Aicha est restée avec le Prophète (ﷺ) pendant neuf ans (c'est à dire jusqu'à sa mort).}}
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{{Quote|{{Bukhari|5|58|234}}|Rapporté par Aicha : Le Prophète (ﷺ) s'est fiancé avec moi quand j'étais une fillette (de six ans). Nous avons été à Médine et sommes restés chez les Banu al-Harith ibn Khazraj. Ensuite, je suis tombée malade et mes cheveux sont tombés. Plus tard, mes cheveux ont (de nouveau) poussé et ma mère, Um Ruman, est venue me voir alors que je jouais à la balançoire avec certaines de mes amies. Elle m'a appelée, et je suis allée vers elle, ne sachant pas ce qu'elle me voulait. Elle m'a attrapée par la main et m’a laissée debout devant la porte de la maison. J'étais alors essoufflée, et quand ma respiration est revenue à la normale, elle a pris de l'eau et m'a frottée le visage et la tête. Elle m'a emmenée ensuite dans la maison. Là, dans la maison, j’ai vu des femmes parmi les Ansars qui ont dit, "Meilleurs vœux, la bénédiction d'Allah et bonne chance." Puis, elle m’a confiée à elles qui m’ont préparée (pour le mariage). De façon inattendue, l'Apôtre d'Allah est venu vers moi dans la matinée et ma mère m’a remise à lui, et à ce moment-là, je n’étais qu’une fillette de neuf ans.
{{Quote|{{Bukhari|5|58|234}}|Rapporté par Aicha : Le Prophète (ﷺ) s'est fiancé avec moi quand j'étais une fillette (de six ans). Nous avons été à Médine et sommes restés chez les Banu al-Harith ibn Khazraj. Ensuite, je suis tombée malade et mes cheveux sont tombés. Plus tard, mes cheveux ont (de nouveau) poussé et ma mère, Um Ruman, est venue me voir alors que je jouais à la balançoire avec certaines de mes amies. Elle m'a appelée, et je suis allée vers elle, ne sachant pas ce qu'elle me voulait. Elle m'a attrapée par la main et m’a laissée debout devant la porte de la maison. J'étais alors essoufflée, et quand ma respiration est revenue à la normale, elle a pris de l'eau et m'a frottée le visage et la tête. Elle m'a emmenée ensuite dans la maison. Là, dans la maison, j’ai vu des femmes parmi les Ansars qui ont dit, "Meilleurs vœux, la bénédiction d'Allah et bonne chance." Puis, elle m’a confiée à elles qui m’ont préparée (pour le mariage). De façon inattendue, l'Apôtre d'Allah est venu vers moi dans la matinée et ma mère m’a remise à lui, et à ce moment-là, je n’étais qu’une fillette de neuf ans.
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{{Quote|{{Bukhari|8|73|151}}|Aicha a rapporté : J'avais l'habitude de jouer avec les poupées en présence du Prophète, et mes amies jouaient aussi avec moi. Quand l'Apôtre d'Allah se permettait d’entrer (le lieu où je vivais), elles avaient l'habitude de se cacher, mais le Prophète les appelait pour qu'elles se joignent et jouent avec moi. (Jouer avec des poupées et des représentations similaires est interdit, mais cela était autorisé pour Aicha à cette époque, puisque c’était une petite fille qui n’avait pas encore atteint l'âge de la puberté). (voir aussi Fath'ul Bâri page 143, Vol.13)}}Le neveu d’Aicha, Urwa ibn Al-Zubayr (mort en 94 après l’hégire) aurait écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades que les historiens modernes, tels que le professeur Sean Anthony, considèrent comme une source importante sur les débuts de l’histoire islamique. Dans l’une d’elles, Urwa parle du mariage de sa tante :{{Quote|Lettre de 'Urwa enregistrée dans le volume 9 des chroniques d'al-Tabari, citée dans ''Muhammad and the Empires of Faith'' de Sean Anthony<ref>Sean Anthony, Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam, Oakland CA: University of California, 2020, pp. 114-15</ref>|§1.ʿAlī ibn Naṣr nous a rapporté, en disant : ʿAbd al-Ṣamad ibn ʿAbd al-Wārith nous a rapporté, et ʿAbd al-Wārith ibn ʿabd al-Ṣamad m’a également rapporté, en disant : mon père m’a rapporté, en disant : Abān al-ʿAṭṭār nous a rapporté, en disant : Hishām ibn ʿUrwah nous a rapporté de ʿUrwah qu’il a écrit à ʿAbd al-Malik ibn Marwān :<br>
{{Quote|{{Bukhari|8|73|151}}|Aicha a rapporté : J'avais l'habitude de jouer avec les poupées en présence du Prophète, et mes amies jouaient aussi avec moi. Quand l'Apôtre d'Allah se permettait d’entrer (le lieu où je vivais), elles avaient l'habitude de se cacher, mais le Prophète les appelait pour qu'elles se joignent et jouent avec moi. (Jouer avec des poupées et des représentations similaires est interdit, mais cela était autorisé pour Aicha à cette époque, puisque c’était une petite fille qui n’avait pas encore atteint l'âge de la puberté). (voir aussi Fath'ul Bâri page 143, Vol.13)}}Le neveu d’Aicha, Urwa ibn Al-Zubayr (mort en 94 après l’hégire) aurait écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades que les historiens modernes, tels que le professeur Sean Anthony, considèrent comme une source importante sur les débuts de l’histoire islamique. Dans l’une d’elles, Urwa parle du mariage de sa tante :{{Quote|Lettre de 'Urwa enregistrée dans le volume 9 des chroniques d'al-Tabari, citée dans ''Muhammad and the Empires of Faith'' de Sean Anthony<ref>Sean Anthony, Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam, Oakland CA: Université de Californie, 2020, pp. 114-15</ref>|§1.ʿAlī ibn Naṣr nous a rapporté, en disant : ʿAbd al-Ṣamad ibn ʿAbd al-Wārith nous a rapporté, et ʿAbd al-Wārith ibn ʿabd al-Ṣamad m’a également rapporté, en disant : mon père m’a rapporté, en disant : Abān al-ʿAṭṭār nous a rapporté, en disant : Hishām ibn ʿUrwah nous a rapporté de ʿUrwah qu’il a écrit à ʿAbd al-Malik ibn Marwān :<br>
§2. Tu m’as écrit au sujet de Khadījah bint Khuwaylid et tu m’as demandé : "Quand est-elle décédée ?" Elle est décédée environ trois ans avant le départ du Messager de Dieu de la Mecque. Il a épousé Aicha une fois Khadījah décédée. Le Messager de Dieu a vu Aicha deux fois [avant cela] et on lui a dit : "Elle sera ta femme." Ce jour-là, Aicha avait six ans. Puis, le Messager de Dieu a consommé son mariage avec Aicha après être allé à Médine, et le jour où il a consommé son mariage avec elle, elle avait neuf ans.
§2. Tu m’as écrit au sujet de Khadījah bint Khuwaylid et tu m’as demandé : "Quand est-elle décédée ?" Elle est décédée environ trois ans avant le départ du Messager de Dieu de la Mecque. Il a épousé Aicha une fois Khadījah décédée. Le Messager de Dieu a vu Aicha deux fois [avant cela] et on lui a dit : "Elle sera ta femme." Ce jour-là, Aicha avait six ans. Puis, le Messager de Dieu a consommé son mariage avec Aicha après être allé à Médine, et le jour où il a consommé son mariage avec elle, elle avait neuf ans.
}}Le récit sur l'âge du mariage a aussi été incorporé dans les traditions circulant à Koufa concernant les vertus d'Aicha :{{Quote|{{Tabari|7|pp. 6-7}}|Selon Abd al-Hamid b. Bayan al-Sukkari - Muhammad b. Yazid - Ismai'il (c’est-à-dire Ibn Abi Khalid) - Abd al-Rahman b. Abi al- Dahhak – un homme de Quraysh - Abd al-Rahman b. Muhammad : "Abd Allah b. Safwan est venu avec une autre personne vers Aicha et Aicha a dit (à ce dernier), "Ô untel, as-tu entendu ce que Hafsah a dit ?" Il a dit : "Oui, ô Mère des Croyants." Abd Allah b. Safwan lui a demandé, "Qu'est-ce que cela ?" Elle a répondu, "Il y a neuf particularités en moi qui n'ont été chez aucune femme, à l'exception de ce que Dieu a accordé à Maryam bt. Imran. Par Dieu, je ne dis pas cela pour me glorifier au-dessus de mes compagnons." "Quelles sont-elles ?" demanda-t-il. Elle répondit, l’ange a descendu une image de moi-même ; '''le Messager de Dieu m’a épousée quand j’avais sept ans ; mon mariage a été consommé quand j’en avais neuf ; il m’a épousée quand j’étais vierge''', pas d’autre homme ne m’a partagée avec lui ; l’inspiration lui est venue lorsque lui et moi étions dans une seule couverture ; j’étais l’une des personnes les plus chères pour lui, un verset du Coran a été révélé à mon sujet lorsque la communauté fut presque détruite ; j’ai vu Gabriel quand aucune de ses autres femmes ne l'a vu ; et il a été emmené (c'est-à-dire mort) dans sa maison alors qu'il n'y avait personne avec lui si ce n’est l'ange et moi-même."<br>
}}Le récit sur l'âge du mariage a aussi été incorporé dans les traditions circulant à Koufa concernant les vertus d'Aicha :{{Quote|{{Tabari|7|pp. 6-7}}|Selon Abd al-Hamid b. Bayan al-Sukkari - Muhammad b. Yazid - Ismai'il (c’est-à-dire Ibn Abi Khalid) - Abd al-Rahman b. Abi al- Dahhak – un homme de Quraysh - Abd al-Rahman b. Muhammad : "Abd Allah b. Safwan est venu avec une autre personne vers Aicha et Aicha a dit (à ce dernier), "Ô untel, as-tu entendu ce que Hafsah a dit ?" Il a dit : "Oui, ô Mère des Croyants." Abd Allah b. Safwan lui a demandé, "Qu'est-ce que cela ?" Elle a répondu, "Il y a neuf particularités en moi qui n'ont été chez aucune femme, à l'exception de ce que Dieu a accordé à Maryam bt. Imran. Par Dieu, je ne dis pas cela pour me glorifier au-dessus de mes compagnons." "Quelles sont-elles ?" demanda-t-il. Elle répondit, l’ange a descendu une image de moi-même ; '''le Messager de Dieu m’a épousée quand j’avais sept ans ; mon mariage a été consommé quand j’en avais neuf ; il m’a épousée quand j’étais vierge''', pas d’autre homme ne m’a partagée avec lui ; l’inspiration lui est venue lorsque lui et moi étions dans une seule couverture ; j’étais l’une des personnes les plus chères pour lui, un verset du Coran a été révélé à mon sujet lorsque la communauté fut presque détruite ; j’ai vu Gabriel quand aucune de ses autres femmes ne l'a vu ; et il a été emmené (c'est-à-dire mort) dans sa maison alors qu'il n'y avait personne avec lui si ce n’est l'ange et moi-même."<br>
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==Points de vue académiques modernes==
==Points de vue académiques modernes==
===Provenance et datation du hadith sur l'âge du mariage===
===Provenance et datation du hadith sur l'âge du mariage===
La recherche académique la plus complète concernant le hadith se rapportant à l’âge du mariage d’Aicha a été réalisée par le Dr Joshua Little pour sa thèse de doctorat en 2022.<ref>Joshua Little (2022) ''The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory'', PhD thesis, Oxford University
La recherche académique la plus complète concernant le hadith se rapportant à l’âge du mariage d’Aicha a été réalisée par le Dr Joshua Little pour sa thèse de doctorat en 2022.<ref>Joshua Little (2022) ''The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory'', thèse PhD, Université d'Oxford
Elle est disponible sur son blog avec des diagrammes très utiles des isnads et matns rapportés: [https://islamicorigins.com/the-unabridged-version-of-my-phd-thesis/ The Unabridged Version of My PhD Thesis]  de Joshua Little - Islamicorigins.com - 7 mars 2023
Elle est disponible sur son blog avec des diagrammes très utiles des isnads et matns rapportés: [https://islamicorigins.com/the-unabridged-version-of-my-phd-thesis/ The Unabridged Version of My PhD Thesis]  de Joshua Little - Islamicorigins.com - 7 mars 2023
Voir également: [https://islamicorigins.com/a-summary-of-my-phd-research/ A Summary of my PhD Research] de Joshua Little - Islamicorigins.com - 25 février 2023</ref><ref>Voir aussi cette conférence du Dr. Joshua Little intitulée [https://www.youtube.com/watch?v=zr6mBlEPxW8&t=2s The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory] - youtube.com, 26 février 2023</ref> Un outil important dans l’analyse académique moderne des hadiths largement transmis est l’ICMA (isnad-cum-matn Analysis). L'<nowiki/>''isnad'' est la chaîne de transmission attribuée à un récit particulier et le ''matn'' est son libellé. Dans l’ICMA, les groupes d’isnad convergents d’un hadith sont comparés à des groupes de variation dans les matns pour voir dans quelle mesure ils sont corrélés les uns avec les autres. Souvent, cela conduit à l’identification d’un ou plusieurs ''liens communs'' c.-à-d. la personne à partir de laquelle les transmissions d’un matn commencent d’abord à se ramifier, même si la chaîne peut se poursuivre par un seul élément avant cette personne.<ref>Voir le chapitre 1 de la thèse du Dr Little pour une explication détaillée.</ref> La technique est utile pour dater le moment où un hadith a commencé à circuler et pour identifier qui aurait pu le formuler de cette manière, sans toutefois qu’il soit nécessaire qu’il y ait un lien historique aux événements qui y sont rapportés. Le Dr Little a exposé 21 raisons pour lesquelles les hadiths sont connus pour être très peu fiables dans un sens historique par la recherche académique moderne.<ref>Il s'agit d'un visionnage préparatoire utile pour la conférence sur Aicha du Dr Little: [https://www.youtube.com/watch?v=Bz4vMUUxhag Oxford Scholar Dr. Joshua Little Gives 21 REASONS Why Historians are SKEPTICAL of Hadith] - youtube.com février 2023</ref>
Voir également: [https://islamicorigins.com/a-summary-of-my-phd-research/ A Summary of my PhD Research] de Joshua Little - Islamicorigins.com - 25 février 2023</ref><ref>Voir aussi cette conférence du Dr. Joshua Little intitulée [https://www.youtube.com/watch?v=zr6mBlEPxW8&t=2s The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory] - youtube.com, 26 février 2023</ref> Un outil important dans l’analyse académique moderne des hadiths largement transmis est l’ICMA (isnad-cum-matn Analysis). L'<nowiki/>''isnad'' est la chaîne de transmission attribuée à un récit particulier et le ''matn'' est son libellé. Dans l’ICMA, les groupes d’isnad convergents d’un hadith sont comparés à des groupes de variation dans les matns pour voir dans quelle mesure ils sont corrélés les uns avec les autres. Souvent, cela conduit à l’identification d’un ou plusieurs ''liens communs'' c.-à-d. la personne à partir de laquelle les transmissions d’un matn commencent d’abord à se ramifier, même si la chaîne peut se poursuivre par un seul élément avant cette personne.<ref>Voir le chapitre 1 de la thèse du Dr Little pour une explication détaillée.</ref> La technique est utile pour dater le moment où un hadith a commencé à circuler et pour identifier qui aurait pu le formuler de cette manière, sans toutefois qu’il soit nécessaire qu’il y ait un lien historique aux événements qui y sont rapportés. Le Dr Little a exposé 21 raisons pour lesquelles les hadiths sont connus pour être très peu fiables dans un sens historique par la recherche académique moderne.<ref>Il s'agit d'un visionnage préparatoire utile pour la conférence sur Aicha du Dr Little: [https://www.youtube.com/watch?v=Bz4vMUUxhag Oxford Scholar Dr. Joshua Little Gives 21 REASONS Why Historians are SKEPTICAL of Hadith] - youtube.com février 2023</ref>
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Little a alors analysé plus en profondeur ses matns reconstitués pour ces liens communs. Sur la base de mots, de phrases et de séquençages partagés, il a conclu qu’ils dérivaient tous d’une seule et simple formulation et ne sont pas des souvenirs transmis indépendamment d’un événement commun. Cette formulation d’origine semble être celle qui s’est largement transmise par Hisham, lequel a également transmis quelques versions avec des détails supplémentaires. Hisham a attribué tout cela à son père 'Urwa b. al-Zubayr (faussement, soutient Little, bien qu’il soit utile de mentionner que dans sa thèse, il ne note pas que le contenu de la lettre de 'Urwa sur Aicha qu’Hisham a rapporté est aussi raconté par un lien commun partiel syrien qui l'a attribué via son oncle à al-Zuhri, l’élève d'Urwa, qui a déménagé de Médine en Syrie.<ref>'Urwa a écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades. Ces lettres ont été transmises par son fils Hisham et les traditions qui s’y trouvent ont souvent été transmises par al-Zuhri, l'étudiant médinois de 'Urwa. Les lettres de 'Urwa's sont traduites intégralement dans le chapitre 4 du livre  de Sean Anthony, ''Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam'', Oakland CA: Université de Californie, 2020. En 2012, les créateurs de la méthode ICMA, Andreas Görke, Harald Motzki et Gregor Schoeler, ont fermement soutenu que les traditions dans les lettres attribuées à 'Urwa proviennent probablement de lui d’une manière ou d’une autre, surtout lorsqu'elles sont soutenues par des traditions parallèles remontant à 'Urwa (Goerke, A, Motzki, H & Schoeler, G (2012) [https://www.pure.ed.ac.uk/ws/portalfiles/portal/12692843/First_Century_Sources_for_the_Life_of_Muhammad_a_debate.pdf First-Century Sources for the Life of Muhammad?] A Debate, Der Islam, vol. 89, no. 2, pp. 2-59. https://doi.org/10.1515/islam-2012-0002).
Little a alors analysé plus en profondeur ses matns reconstitués pour ces liens communs. Sur la base de mots, de phrases et de séquençages partagés, il a conclu qu’ils dérivaient tous d’une seule et simple formulation et ne sont pas des souvenirs transmis indépendamment d’un événement commun. Cette formulation d’origine semble être celle qui s’est largement transmise par Hisham, lequel a également transmis quelques versions avec des détails supplémentaires. Hisham a attribué tout cela à son père 'Urwa b. al-Zubayr (faussement, soutient Little, bien qu’il soit utile de mentionner que dans sa thèse, il ne note pas que le contenu de la lettre de 'Urwa sur Aicha qu’Hisham a rapporté est aussi raconté par un lien commun partiel syrien qui l'a attribué via son oncle à al-Zuhri, l’élève d'Urwa, qui a déménagé de Médine en Syrie.<ref>'Urwa a écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades. Ces lettres ont été transmises par son fils Hisham et les traditions qui s’y trouvent ont souvent été transmises par al-Zuhri, l'étudiant médinois de 'Urwa. Les lettres de 'Urwa's sont traduites intégralement dans le chapitre 4 du livre  de Sean Anthony, ''Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam'', Oakland CA: Université de Californie, 2020. En 2012, les créateurs de la méthode ICMA, Andreas Görke, Harald Motzki et Gregor Schoeler, ont fermement soutenu que les traditions dans les lettres attribuées à 'Urwa proviennent probablement de lui d’une manière ou d’une autre, surtout lorsqu'elles sont soutenues par des traditions parallèles remontant à 'Urwa (Goerke, A, Motzki, H & Schoeler, G (2012) [https://www.pure.ed.ac.uk/ws/portalfiles/portal/12692843/First_Century_Sources_for_the_Life_of_Muhammad_a_debate.pdf First-Century Sources for the Life of Muhammad?] A Debate, Der Islam, vol. 89, no. 2, pp. 2-59. https://doi.org/10.1515/islam-2012-0002).
L'une des lettres de 'Urwa est une courte lettre sur le mariage d'Aicha. Elle a été rapportée dans quelques chaînes via Hisham et est citée dans la section "Citations pertinentes" ci-dessus. Little conteste quelques arguments en faveur de l’authenticité générale des lettres de 'Urwa, mais sans s'engager de manière plus globale avec Goerke et al. Il se demande également comment nous pouvons en tout état de cause identifier quels mots ou éléments de ces lettres Hisham a pu transmettre avec précision (p. 314).
L'une des lettres de 'Urwa est une courte lettre sur le mariage d'Aicha. Elle a été rapportée dans quelques chaînes via Hisham et est citée dans la section "Citations pertinentes" ci-dessus. Little conteste quelques arguments en faveur de l’authenticité générale des lettres de 'Urwa, mais sans s'engager de manière plus globale avec Goerke et al. Il se demande également comment nous pouvons en tout état de cause identifier quels mots ou éléments de ces lettres Hisham a pu transmettre avec précision (p. 314).
However, Dr Little did not notice that another hadith he discusses which is ascribed to 'Urwa's Medinan student al-Zuhri contains the same core tradition as this letter, especially the distinctive sequence of elements but also much of the same or similar wording, albeit not in the form of a letter. Compare the Arabic provided in the isnad diagrams on his blog, or the transliteration of 'Urwa's reconstructed letter on pp. 310-11 of the thesis with al-Hajjaj b. Abi Mani's reconstructed transmission of the same elemental sequence (pp. 204-5, 370-72; see also 482). Al-Hajjaj who lived in Aleppo, Syria, ascribed it via his uncle to al-Zuhri, who does not himself count as a common link but did move from Medina to Damascus and later Resafa, Syria, where he tutored the Caliph's sons. Part of the letter content and wording also comprise ʾAbū ʾUsāmah Ḥammād's narration from Hisham (pp. 223-4).</ref> Il existe des preuves qu’Hisham n’a, à l’origine, pas répandu l'isnad de la plupart de ses versions remontant à Aicha elle-même, mais plutôt seulement à son père 'Urwa, le neveu d’Aicha. Ses versions ont été racontées à la 3ème personne et non par lui.<ref>Ibid. p. 305 including footnote 996</ref> Il est d’autant plus clair qu’une telle "augmentation" d’isnads s’est produite pour les transmissions d’autres rapporteurs qui remontent jusqu’à Aicha par d’autres voies.
Cependant, le Dr Little n'a pas remarqué qu'un autre hadith dont il parle et qui est attribué à al-Zuhri, l'étudiant médinois d'Urwa, contient la même tradition fondamentale que cette lettre, en particulier la séquence distinctive des éléments, mais aussi une grande partie de la même formulation ou d'une formulation similaire, mais pas sous la forme d’une lettre. Comparez l’arabe fourni dans les diagrammes d'isnad sur son blog, ou la translittération de la lettre reconstruite d<nowiki>''</nowiki>Urwa aux pages 310-311 de la thèse avec la transmission de la même séquence élémentaire reconstruite d'al-Hajjaj b. Abi Mani (pp. 204-5, 370-72 ; voir aussi 482). Al-Hajjaj qui vivait à Alep, en Syrie, l'a attribué via son oncle à al-Zuhri, qui ne compte pas lui-même comme un lien commun, mais a déménagé de Médine à Damas et plus tard à Resafa, en Syrie, où il a enseigné les fils du calife. Une partie du contenu et de la formulation de la lettre comprend également le récit d'Abū ʾUsāmah Ḥammād d'Hisham (pp. 223-4).</ref> Il existe des preuves qu’Hisham n’a, à l’origine, pas répandu l'isnad de la plupart de ses versions remontant à Aicha elle-même, mais plutôt seulement à son père 'Urwa, le neveu d’Aicha. Ses versions ont été racontées à la 3ème personne et non par lui.<ref>Idem. p. 305 y compris la note 996 en bas de page</ref> Il est d’autant plus clair qu’une telle "augmentation" d’isnads s’est produite pour les transmissions d’autres rapporteurs qui remontent jusqu’à Aicha par d’autres voies.


Mis à part la version la plus couramment transmise qui stipule simplement qu'Aicha était mariée à Muhammad à l'âge de six ans et que leur mariage a été consommé quand elle avait neuf ans, l'ICMA de Little confirme qu’Hisham a également raconté une variante en ajoutant qu'il a été informé que Muhammad et Aicha étaient ensemble depuis neuf ans<ref>Ibid. p. 272</ref> (peut-être aussi une autre variante dans laquelle elle jouait avec des poupées<ref>Ibid. p. 322</ref>). Par l’intermédiaire de son père 'Urwa, il a également parlé du mariage dans une courte lettre - voir le passage noté un peu plus haut.<ref>Ibid. pp. 309 ff.</ref> Enfin, il a également relaté le récit d’Aicha selon lequel les femmes venaient la chercher pendant qu’elle jouait afin qu’elle puisse être préparée à sa consommation conjugale.<ref>See the section of Hisham, pp. 295 ff., especially the reconstructions of Hisham's four versions of the hadith on pp. 302-317</ref> Chacun de ces exemples peut être consulté dans la section Citations pertinentes.
Mis à part la version la plus couramment transmise qui stipule simplement qu'Aicha était mariée à Muhammad à l'âge de six ans et que leur mariage a été consommé quand elle avait neuf ans, l'ICMA de Little confirme qu’Hisham a également raconté une variante en ajoutant qu'il a été informé que Muhammad et Aicha étaient ensemble depuis neuf ans<ref>Ibid. p. 272</ref> (peut-être aussi une autre variante dans laquelle elle jouait avec des poupées<ref>Ibid. p. 322</ref>). Par l’intermédiaire de son père 'Urwa, il a également parlé du mariage dans une courte lettre - voir le passage noté un peu plus haut.<ref>Idem. pp. 309 et suiv.</ref> Enfin, il a également relaté le récit d’Aicha selon lequel les femmes venaient la chercher pendant qu’elle jouait afin qu’elle puisse être préparée à sa consommation conjugale.<ref>Voir la section d'Hisham, pp. 295 et suiv., en particulier les reconstructions des quatre versions du hadith d'Hisham aux pp. 302-317</ref> Chacun de ces exemples peut être consulté dans la section Citations pertinentes.


Hisham semble avoir transmis le hadith après s’être établi à Koufa en Irak. Quelques transmissions sont attribuées à ses étudiants médinois, mais celles-ci s’avèrent toutes douteuses pour diverses raisons (et il est difficile de les expliquer<ref>Little struggles somewhat to discount Ibn ʾabī al-Zinād's transmission from Hishām as having occurred in Medina (see pp. 426-433). The Medinan, Ibn ʾabī al-Zinād, is a confirmed partial common link from Hishām, and the (generally unreliable) Medinan historian al-Wāqidī is one of those who report it from him. In order to place the transmission as having occured in Iraq, where (if biographical sources are to be trusted) Ibn ʾabī al-Zinād moved from Medina, though to a different Iraqi city than Hishām and did so only after Hishām's death, or at most shortly beforehand, and where al-Wāqidī also moved from Medina but only after Ibn ʾabī al-Zinād's death, Little requires both that al-Waqidi did not transmit directly from Ibn ʾabī al-Zinād and that the latter did not transmit directly from Hishām. Incidentally, al-Wāqidī separately reports a distinct but isolated Medinan narration about Aisha's marriage (pp. 215-6).</ref>). Le hadith était très probablement inconnu à Médine, car il n’est pas mentionné dans les œuvres biographiques d’Ibn Ishaq ni (semble-t-il) par Musa b. 'Uqbah. Il ne figure pas non plus dans les textes juridiques malékites alors qu’il aurait dû y être selon Little si le hadith avait circulé à Médine. On prête à certains des premiers koufans la transmission de l’histoire aux liens communs koufans avant l’arrivée d’Hisham en Irak, mais ces isnads sont douteux d’après Little, car le hadith sur l'âge du mariage n'apparaît pas dans les premières compilations de hadiths juridiques koufans, ni dans les premières versions de hadiths koufans qui racontent les vertus d’Aicha. Au contraire, ces références koufanes sur le mariage d'Aicha semblent aussi provenir des compositions d'Hisham.
Hisham semble avoir transmis le hadith après s’être établi à Koufa en Irak. Quelques transmissions sont attribuées à ses étudiants médinois, mais celles-ci s’avèrent toutes douteuses pour diverses raisons (et il est difficile de les expliquer<ref>Little peine quelque peu pour écarter la transmission d'Ibn ʾabī al-Zinād depuis Hishām comme ayant eu lieu à Médine (voir pp. 426-433). Le médinois, Ibn ʾabī al-Zinād, et l'historien médinois (généralement peu fiable) al-Wāqidī est l'un de ceux qui le rapportent de lui. Afin de situer la transmission comme ayant eu lieu en Irak, (si l'on se fie aux sources biographiques) Ibn ʾabī al-Zinād a quitté Médine, mais dans une ville irakienne différente d'Hisham et ne l’a fait qu’après la mort de ce dernier, ou tout au plus peu de temps avant, et où al-Wāqidī a également déménagé de Médine mais seulement après la mort d’Ibn ʾabī al-Zinād, ittle suppose à la fois qu'al-Waqidi n'ait pas transmis directement d'Ibn ʾabī al-Zinād et que ce dernier n'ait pas transmis directement d'Hisham. Par ailleurs, al-Wāqidī rapporte séparément un récit distinct mais isolé de Médine sur le mariage d’Aicha (pp. 215-6).</ref>). Le hadith était très probablement inconnu à Médine, car il n’est pas mentionné dans les œuvres biographiques d’Ibn Ishaq ni (semble-t-il) par Musa b. 'Uqbah. Il ne figure pas non plus dans les textes juridiques malékites alors qu’il aurait dû y être selon Little si le hadith avait circulé à Médine. On prête à certains des premiers koufans la transmission de l’histoire aux liens communs koufans avant l’arrivée d’Hisham en Irak, mais ces isnads sont douteux d’après Little, car le hadith sur l'âge du mariage n'apparaît pas dans les premières compilations de hadiths juridiques koufans, ni dans les premières versions de hadiths koufans qui racontent les vertus d’Aicha. Au contraire, ces références koufanes sur le mariage d'Aicha semblent aussi provenir des compositions d'Hisham.


Après avoir conclu qu’Hisham était responsable de l’histoire composée dans le hadith dont tous les autres dérivent finalement, Little a poursuivi en affirmant qu’Hisham avait entièrement inventé l’histoire, y compris les versions plus longues et la lettre de 'Urwa. Hisham a été accusé d’être un transmetteur peu fiable après son arrivée en Irak où le hadith sur sa grand-tante aurait été utile là-bas. En effet, la virginité d’Aicha au moment de son mariage et son statut d’épouse préférée de Muhammad étaient une caractéristique fondamentale des polémiques proto-sunnites contre les proto-chiites, en particulier à Koufa où ces derniers étaient dominants, et le hadith d’Hisham a dû y être très bien accueilli puisqu’il a été immédiatement incorporé dans ce matériel proto-sunnite koufan sur les vertus d’Aicha.
Après avoir conclu qu’Hisham était responsable de l’histoire composée dans le hadith dont tous les autres dérivent finalement, Little a poursuivi en affirmant qu’Hisham avait entièrement inventé l’histoire, y compris les versions plus longues et la lettre de 'Urwa. Hisham a été accusé d’être un transmetteur peu fiable après son arrivée en Irak où le hadith sur sa grand-tante aurait été utile là-bas. En effet, la virginité d’Aicha au moment de son mariage et son statut d’épouse préférée de Muhammad étaient une caractéristique fondamentale des polémiques proto-sunnites contre les proto-chiites, en particulier à Koufa où ces derniers étaient dominants, et le hadith d’Hisham a dû y être très bien accueilli puisqu’il a été immédiatement incorporé dans ce matériel proto-sunnite koufan sur les vertus d’Aicha.
===Autres considérations===
===Autres considérations===
Dans son livre de 2017, ''Minor Marriage in Early Islamic Law'', Carolyn Baugh a évoqué une explication différente au sujet du mutisme juridique médinois sur l’âge d’Aicha et la non-utilisation du hadith par de nombreux savants ultérieurs. La loi malékite était basée en grande partie sur la coutume de la communauté médinoise, bien que parfois des anecdotes sur les compagnons aient été utilisées pour faire valoir des points spécifiques. Contrairement à Little, Baugh doute de l’utilité du hadith d’Aicha à des fins juridiques.<ref>Baugh writes: "Although it is not impossible that Malik would have accepted the content of the report given early practice, Malik is one of many jurists who did not rely on the text, which does not in fact occur in any of the early books of jurisprudence except for that of al-Shafi'i and, shortly after him, 'Abd al Razzaq's Musannaf. Even later jurists such as Ibn Taymiya and Ibn al-Qayyim shy away from it, although it is used by Ibn Qudama before them. Presuming its authenticity (it occurs in Bukhari and Muslim), questions occur such as, was 'A'isha in fact compelled against her will? Can we assume that Abu Bakr did not consult her? Had she, at age nine, entered her majority or was she still prepubescent?"
Dans son livre de 2017, ''Minor Marriage in Early Islamic Law'', Carolyn Baugh a évoqué une explication différente au sujet du mutisme juridique médinois sur l’âge d’Aicha et la non-utilisation du hadith par de nombreux savants ultérieurs. La loi malékite était basée en grande partie sur la coutume de la communauté médinoise, bien que parfois des anecdotes sur les compagnons aient été utilisées pour faire valoir des points spécifiques. Contrairement à Little, Baugh doute de l’utilité du hadith d’Aicha à des fins juridiques.<ref>Baugh écrit : "Bien qu'il ne soit pas impossible que Malik ait accepté le contenu du rapport étant donné la pratique précoce, Malik est l'un des nombreux juristes qui ne se sont pas appuyés sur le texte, lequel n'apparaît en fait dans aucun des premiers livres de jurisprudence à l'exception de celui d'al-Shafi'i et, peu après lui, du Musannaf d'Abd al Razzaq. Même des juristes ultérieurs tels qu'Ibn Taymiya et Ibn al-Qayyim s'en éloignent, bien qu'il soit utilisé par Ibn Qudama avant eux. En supposant son authenticité (on le trouve dans Bukhari et Muslim), des questions se posent comme est-ce qu'A'icha a été forcée contre sa volonté ? Peut-on supposer qu’Abu Bakr ne l’ait pas consultée ? Avait-elle, à neuf ans, atteint sa majorité ou était-elle encore prépubère ↵Carolyn Baugh, ''Minor Marriage in Early Islamic Law'', Leiden: Brill, 2017, p. 43 note 101en bas de page↵De même, à la p. 62 elle explique pourquoi les implications juridiques du hadith sont obscures.</ref> Les juristes malékites à Médine et les juristes hanafites à Koufa n’ont pas cherché à prouver qu’un père pouvait contracter sa fille mineure vierge en mariage, qui était considérée comme acquise.<ref>Au chapitre 4, elle détaille les textes de référence utilisés par les juristes malékites; voir p. 79 concernant les juristes hanafites.</ref> Ils ont au contraire discuté du droit d’un père de la contraindre sans consultation, de savoir s’il avait toujours ce droit quand elle n’était plus vierge ou mineure, si elle avait le droit de l’annuler plus tard et ainsi de suite. En effet, contrairement à divers rapports sur les compagnons utilisés par les savants malékites et mis en évidence par Baugh, le hadith d’Aicha ne semble d’aucune utilité pour les domaines de désaccord juridique ou les points pour lesquels ils ont ressenti le besoin de prouver (voir [[Child Marriage in Islamic Law]]). Shâfi'î est le premier juriste à utiliser le hadith d’Aicha sur l'âge du mariage (et plus généralement a innové le Coran et le corpus de hadiths solides comme sources décisives du droit). Il a utilisé le hadith d'Aicha dans le but de prouver le droit d'un père à marier sa fille indépendamment de ses souhaits, bien qu'il ait dû lire dans ses propres hypothèses pour le faire (voir [[Forced Marriage]])<ref>Voir aussi les citations dans la thèse du Dr Little, pp. 454-5, où l’on peut voir Shafi’i utiliser le hadith pour tenter de prouver le droit à la contrainte paternelle.</ref>. Les savants ultérieurs ont suivi Shâfi'î dans cet usage. Cependant, le hadith d’Aicha se contente simplement d’affirmer que son mariage a été contracté quand elle avait six (ou sept ans), et il ne précise pas si elle a été consultée ou forcée par son père, ni même si elle avait atteint la puberté à neuf ans.
Carolyn Baugh, ''Minor Marriage in Early Islamic Law'', Leiden: Brill, 2017, p. 43 footnote 101
Similarly, on p. 62 she elaborates why the legal implications of the hadith are obscure.</ref> Les juristes malékites à Médine et les juristes hanafites à Koufa n’ont pas cherché à prouver qu’un père pouvait contracter sa fille mineure vierge en mariage, qui était considérée comme acquise.<ref>In Chapter 4 she details the proof-texts used by Maliki jurists; see p. 79 regarding Hanafi jurists.</ref> Ils ont au contraire discuté du droit d’un père de la contraindre sans consultation, de savoir s’il avait toujours ce droit quand elle n’était plus vierge ou mineure, si elle avait le droit de l’annuler plus tard et ainsi de suite. En effet, contrairement à divers rapports sur les compagnons utilisés par les savants malékites et mis en évidence par Baugh, le hadith d’Aicha ne semble d’aucune utilité pour les domaines de désaccord juridique ou les points pour lesquels ils ont ressenti le besoin de prouver (voir [[Child Marriage in Islamic Law]]). Shâfi'î est le premier juriste à utiliser le hadith d’Aicha sur l'âge du mariage (et plus généralement a innové le Coran et le corpus de hadiths solides comme sources décisives du droit). Il a utilisé le hadith d'Aicha dans le but de prouver le droit d'un père à marier sa fille indépendamment de ses souhaits, bien qu'il ait dû lire dans ses propres hypothèses pour le faire (voir [[Forced Marriage]])<ref>See also the quotes in Dr Little's thesis, pp. 454-5, where Shafi'i can be seen using the hadith in an attempt to prove the right of paternal compulsion.</ref>. Les savants ultérieurs ont suivi Shâfi'î dans cet usage. Cependant, le hadith d’Aicha se contente simplement d’affirmer que son mariage a été contracté quand elle avait six (ou sept ans), et il ne précise pas si elle a été consultée ou forcée par son père, ni même si elle avait atteint la puberté à neuf ans.


Le cas du Dr Little est néanmoins solide en déclarant que c’est Hisham qui a formulé le ou les hadiths sur l'âge du mariage d'Aicha en Irak et que d'autres en ont dérivé leurs versions. Il fournit également une motivation plausible pour Hisham d’avoir entièrement inventé l’histoire. Toutefois, d’autres peuvent pointer vers quelques traditions qui ne dépendent pas de ce hadith et qui peuvent soutenir la possibilité d’un fond de vérité historique. Le hadith mentionné plus haut dans la section Citations pertinentes concernant l’incident de la calomnie (al-Ifk) n’implique pas Hisham et souligne qu’Aicha n’était alors "qu’une jeune fille", bien que l’historicité de cela puisse aussi être mise en doute étant donné les considérations polémiques autour de l’événement.
Le cas du Dr Little est néanmoins solide en déclarant que c’est Hisham qui a formulé le ou les hadiths sur l'âge du mariage d'Aicha en Irak et que d'autres en ont dérivé leurs versions. Il fournit également une motivation plausible pour Hisham d’avoir entièrement inventé l’histoire. Toutefois, d’autres peuvent pointer vers quelques traditions qui ne dépendent pas de ce hadith et qui peuvent soutenir la possibilité d’un fond de vérité historique. Le hadith mentionné plus haut dans la section Citations pertinentes concernant l’incident de la calomnie (al-Ifk) n’implique pas Hisham et souligne qu’Aicha n’était alors "qu’une jeune fille", bien que l’historicité de cela puisse aussi être mise en doute étant donné les considérations polémiques autour de l’événement.


Une tradition indépendante plus significative a pu, selon Little, remonter provisoirement à l’historien médinois Ibn Shihab al-Zuhri (mort en 124 AH). Le hadith d’Al-Zuhri, qui a dû être transmis alors qu’il était à Médine, indique que le Messager de Dieu a épousé Aicha bint Abu Bakr durant le mois de Chawwal dans la dixième année après la prophétie, trois ans avant la migration, et qu’il a organisé la fête pour le mariage à Médine (c.-à-d. pour la consommation) pendant Chawwal, seulement huit mois après son émigration à Médine. Little spécule qu’Hisham a choisi neuf ans comme âge de consommation et a utilisé cet écart de trois ans entre le mariage d’Aicha et la consommation pour déterminer l’âge qu’elle avait à son mariage, soit six ou sept ans.<ref>See 1 hour 38 minutes in Dr. Joshua Little's lecture entitled [https://www.youtube.com/watch?v=zr6mBlEPxW8&t=2s The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory] - youtube.com, 26 February 2023
Une tradition indépendante plus significative a pu, selon Little, remonter provisoirement à l’historien médinois Ibn Shihab al-Zuhri (mort en 124 AH). Le hadith d’Al-Zuhri, qui a dû être transmis alors qu’il était à Médine, indique que le Messager de Dieu a épousé Aicha bint Abu Bakr durant le mois de Chawwal dans la dixième année après la prophétie, trois ans avant la migration, et qu’il a organisé la fête pour le mariage à Médine (c.-à-d. pour la consommation) pendant Chawwal, seulement huit mois après son émigration à Médine. Little spécule qu’Hisham a choisi neuf ans comme âge de consommation et a utilisé cet écart de trois ans entre le mariage d’Aicha et la consommation pour déterminer l’âge qu’elle avait à son mariage, soit six ou sept ans.<ref>Voir 1 heure 38 minutes dans la conférence du Dr Joshua Little intitulée [https://www.youtube.com/watch?v=zr6mBlEPxW8&t=2s The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory] - youtube.com, 26 février 2023
For detailed discussion see pp. 373-74, 378-82, 460-61 of Dr Little's thesis.</ref> D’autres remarqueront peut-être une autre signification à cette tradition d’Al-Zuhri apparemment antérieure. L'écart de trois ans entre le mariage et la consommation qui y est mentionné, sans fonction polémique évidente (aucun âge n’est indiqué), implique probablement et indépendamment qu’Aicha était une enfant à l’époque.
Pour une analyse détaillée, voir pp. 373-74, 378-82, 460-61 de la thèse du Dr Little.</ref> D’autres remarqueront peut-être une autre signification à cette tradition d’Al-Zuhri apparemment antérieure. L'écart de trois ans entre le mariage et la consommation qui y est mentionné, sans fonction polémique évidente (aucun âge n’est indiqué), implique probablement et indépendamment qu’Aicha était une enfant à l’époque.
===Conséquences plus générales===
===Conséquences plus générales===
Alors que l’ICMA de Little "révèle une accumulation d’erreurs, de corruptions, d’interpolations, d’emprunts et de fausses attributions", la "majorité écrasante des supposés [liens communs partiels] et [liens communs] dans le hadith sur l'âge du mariage s'est avérée être des sources authentiques dont les rédactions distinctives étaient identifiables et (dans une certaine mesure) reconstituables. De tels résultats positifs ne remontent cependant qu’au milieu du 8ème siècle de notre ère : avant cette date, les preuves étaient soit insuffisantes, soit carrément incompatibles avec une transmission authentique et précoce."<ref>pp. 400-401 de la thèse du Dr Little</ref>
Alors que l’ICMA de Little "révèle une accumulation d’erreurs, de corruptions, d’interpolations, d’emprunts et de fausses attributions", la "majorité écrasante des supposés [liens communs partiels] et [liens communs] dans le hadith sur l'âge du mariage s'est avérée être des sources authentiques dont les rédactions distinctives étaient identifiables et (dans une certaine mesure) reconstituables. De tels résultats positifs ne remontent cependant qu’au milieu du 8ème siècle de notre ère : avant cette date, les preuves étaient soit insuffisantes, soit carrément incompatibles avec une transmission authentique et précoce."<ref>pp. 400-401 de la thèse du Dr Little</ref>
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