Le Massacre des Banu Qurayza: Difference between revisions

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{{QualityScore|Lead=4|Structure=4|Content=4|Language=4|References=4}}[[File:Banu qurayza massacre.jpg|175px|right|thumb|''Détail d'une peinture miniature : Le Prophète, Ali, et ses compagnons lors du massacre des prisonniers de la tribu Juive des Banu Qurayza, illustration d'un texte du XIXe siècle de Muhammad Rafi Bazil.]]Selon les sources islamiques traditionnelles, en 627 après J.-C., à la suite de la [[Bataille de la Tranchée]] et de la trahison des Musulmans par la tribu juive des Banu Qurayza, les Musulmans, sous le commandement militaire direct du prophète [[Muhammad]], ont assiégé le camp des Banu Qurayza. Après un siège d'environ 2 semaines, selon les sources, les Juifs des Banu Qurayza se sont rendus et ont confié leur sort à un intermédiaire de confiance des Musulmans de la tribu des 'Aws, Sa'd ibn Mu'adh. Cependant, Sa'd ibn Mu'adh, affirmant suivre la loi de la Torah elle-même, a conseillé à Muhammad de massacrer les hommes de la tribu et de vendre les femmes et les enfants comme esclaves. Muhammad a suivi ce conseil et, par conséquent, entre 400 et 900 prisonniers de la tribu, incluant des enfants montrant des signes de puberté, ont été abattus, beaucoup devant leur famille, et le reste de la tribu a été vendu en esclavage. L'événement est bien attesté dans la tradition historique islamique et a servi de base à de multiples décisions tout au long de l'histoire concernant le traitement des non-Musulmans capturés par les forces militaires Musulmanes.
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Selon les sources islamiques traditionnelles, en 627 après J.-C., à la suite de la [[Bataille de la Tranchée]] et de la trahison des Musulmans par la tribu juive des Banu Qurayza, les Musulmans, sous le commandement militaire direct du prophète [[Muhammad]], ont assiégé le camp des Banu Qurayza. Après un siège d'environ 2 semaines, selon les sources, les Juifs des Banu Qurayza se sont rendus et ont confié leur sort à un intermédiaire de confiance des Musulmans de la tribu des 'Aws, Sa'd ibn Mu'adh. Cependant, Sa'd ibn Mu'adh a conseillé à Muhammad de massacrer les hommes de la tribu et de vendre les femmes et les enfants comme esclaves. Muhammad a suivi ce conseil et, par conséquent, entre 400 et 900 prisonniers de la tribu, incluant des enfants montrant des signes de puberté, ont été abattus, beaucoup devant leur famille, et le reste de la tribu a été vendu en esclavage. L'événement est bien attesté dans la tradition historique islamique et a servi de base à de multiples décisions tout au long de l'histoire concernant le traitement des non-Musulmans capturés par les forces militaires Musulmanes.
==Contexte==
==Contexte==
Selon ibn Ishaq, les raids agressifs constants et la propension à la guerre de Muhammad avaient poussé les Mecquois, en alliance avec les tribus juives que Muhammad avait expulsées de Yathrib et la tribu arabe du nord, les Ghatafan, à mettre fin à ce prédicateur et à son mouvement une fois pour toutes. Les trois tribus juives originelles de Médine, les Banu Nadir, les Banu Qaynuqa et les Banu Qurayza, avaient vu leur nombre diminuer à une seule car Muhammad avait expulsé les Banu Nadir et les Banu Qaynuqa de Médine pour des prétextes différents. Pendant ce temps, leurs biens, y compris leurs précieux palmiers, avaient été saisis par Muhammad et les Musulmans. Avec les Mecquois et les Ghatafan, les tribus juives exilées de Médine avaient formé une alliance et rassemblé une armée dont les effectifs sont donnés dans la Sira comme étant d'environ 10 000 hommes, dont plus de 600 cavaliers montés, contre très peu de cavalerie pour les Musulmans, et 7 000 hommes plus puissants que l'armée qui avait vaincu Muhammad et les Musulmans à Uhud. A cette époque, Muhammad ne pouvait compter que sur une force d'environ 3 000 hommes. Muhammad a reçu la nouvelle de leur avance et a commencé à prendre des dispositions. Un compagnon perse du prophète nommé Salman, apparemment un vétéran des nombreuses guerres opposant les Sassanides face aux Romains, a conseillé que lorsqu'on était confronté à un grand nombre de cavaliers ennemis comme ceux que possédaient les Juifs confédérés et les Mecquois, une bonne stratégie était de creuser une tranchée défensive. Il a été décidé de poursuivre cette stratégie <ref>Martin Lings Muhammad: His Life Based on the Earliest Sources Inner Traditions 2006, pages 222-223</ref>. Les Banu Qurayza n’ont pas fourni d'hommes pour aider, mais ont donné des outils de retranchement et la stratégie des Musulmans a reposé sur les Banu Qurayza, dont le fort se trouvait à l'arrière des défenses Musulmanes, ne rompant pas leur alliance avec Muhammad et ne se joignant pas aux confédérés. La stratégie de la tranchée a fonctionné pour remporter la bataille contre les Mecquois et leurs alliés, et les confédérés ont été repoussés sans beaucoup de pertes pour les Musulmans, mais cela n’a pas mis fin aux combats.
Selon ibn Ishaq, les raids agressifs constants et la propension à la guerre de Muhammad avaient poussé les Mecquois, en alliance avec les tribus juives que Muhammad avait expulsées de Yathrib et la tribu arabe du nord, les Ghatafan, à mettre fin à ce prédicateur et à son mouvement une fois pour toutes. Les trois tribus juives originelles de Médine, les Banu Nadir, les Banu Qaynuqa et les Banu Qurayza, avaient vu leur nombre diminuer à une seule car Muhammad avait expulsé les Banu Nadir et les Banu Qaynuqa de Médine pour des prétextes différents. Pendant ce temps, leurs biens, y compris leurs précieux palmiers, avaient été saisis par Muhammad et les Musulmans. Avec les Mecquois et les Ghatafan, les tribus juives exilées de Médine avaient formé une alliance et rassemblé une armée dont les effectifs sont donnés dans la Sira comme étant d'environ 10 000 hommes, dont plus de 600 cavaliers montés, contre très peu de cavalerie pour les Musulmans, et 7 000 hommes plus puissants que l'armée qui avait vaincu Muhammad et les Musulmans à Uhud. A cette époque, Muhammad ne pouvait compter que sur une force d'environ 3 000 hommes. Muhammad a reçu la nouvelle de leur avance et a commencé à prendre des dispositions. Un compagnon perse du Prophète nommé Salman, apparemment un vétéran des nombreuses guerres opposant les Sassanides face aux Romains, a conseillé que lorsqu'on était confronté à un grand nombre de cavaliers ennemis comme ceux que possédaient les Juifs confédérés et les Mecquois, une bonne stratégie était de creuser une tranchée défensive. Il a été décidé de poursuivre cette stratégie.<ref>Martin Lings Muhammad: His Life Based on the Earliest Sources Inner Traditions 2006, pages 222-223</ref> Les Banu Qurayza n’ont pas fourni d'hommes pour aider, mais ont donné des outils de retranchement et la stratégie des Musulmans a reposé sur les Banu Qurayza, dont le fort se trouvait à l'arrière des défenses Musulmanes, ne rompant pas leur alliance avec Muhammad et ne se joignant pas aux confédérés. La stratégie de la tranchée a fonctionné pour remporter la bataille contre les Mecquois et leurs alliés, et les confédérés ont été repoussés sans beaucoup de pertes pour les Musulmans, mais cela n’a pas mis fin aux combats.
 
==Le récit selon la Sira==
==Le récit selon la Sira==
La série d'événements menant à la destruction des Banu Qurayza a commencé lors de la Bataille de la Tranchée. Incapables de briser les défenses des Musulmans Médinois, les Mecquois ont envoyé un émissaire de leurs alliés juifs, "l'ennemi d'Allah, Huyayy ibn Akhtab An-Nadri" <ref>Ibn Hisham, Ibn Ishaq, Alfred Guillaume (traducteur), The life of Muhammad: a translation of Isḥāq's Sīrat rasūl Allāh Oxford Universite Press 2005, p.453</ref>, aux Banu Qurayza dans le but de solliciter leur aide et de mettre fin à l'impasse en attaquant Muhammad et les musulmans à l'arrière de leurs défenses. Selon Ibn Ishaq, initialement, le chef des Banu Qurayza, Ka'b ibn Asad al-Qurayzi, n’a même pas permis à Huyayy ibn Akhtab d'entrer dans le camp, mais a été incité à le faire suite à l'accusation de Huyayy selon laquelle ibn Ka'b ne voulait pas partager sa nourriture. Ibn Ishaq ne précise pas comment il sait cela, mais il affirme que la négociation a échoué en raison de l'insistance des Qurayza pour que les Mecquois offrent des otages afin de garantir qu'ils ne quitteraient pas le champ de bataille tant que Muhammad ne serait pas vaincu (bien qu'ils ont effectivement quitté le champ sans avoir vaincu Muhammad). Selon Ibn Ishaq, les Banu Qurayza, après de nombreux "plaidoyers", ont seulement accepté de ne pas aider les Musulmans ni d’entraver ou de combattre les confédérés. Ibn Ishaq présente comme preuve de la perfidie des Banu Qurayza une chaîne d'Isnad de Yahya ibn ‘Abbaad ibn ‘Abdullah ibn Az-Zubayr avec une histoire selon laquelle une femme musulmane, Safiyah bint ‘AbdulMuttalib, qui a vu un éclaireur juif des Banu Qurayza reconnaître une fortification musulmane se préparer à une attaque. Elle en a informé le commandant du fort, Hassan, et lui a demandé de tuer l'éclaireur, et lorsqu'il a refusé, elle a pris un gourdin et est allé battre l'homme à mort<ref>Idem, 458</ref>. En dehors de cela, Ibn Ishaq ne présente aucune preuve que les Juifs des Banu Qurayza étaient de mèche avec les confédérés. Cependant, il relate qu'Allah a "semé la discorde" entre les confédérés et les Banu Qurayza, ce qui a conduit les Mecquois à battre en retraite sans avoir vaincu Muhammad ou a mené une attaque coordonnée contre les musulmans avec les Banu Qurayza.<ref>Idem, 459</ref>
La série d'événements menant à la destruction des Banu Qurayza a commencé lors de la Bataille de la Tranchée. Incapables de briser les défenses des Musulmans Médinois, les Mecquois ont envoyé un émissaire de leurs alliés juifs, "l'ennemi d'Allah, Huyayy ibn Akhtab An-Nadri",<ref>Ibn Hisham, Ibn Ishaq, Alfred Guillaume (traducteur), The life of Muhammad: a translation of Isḥāq's Sīrat rasūl Allāh Oxford Universite Press 2005, p.453</ref> aux Banu Qurayza dans le but de solliciter leur aide et de mettre fin à l'impasse en attaquant Muhammad et les Musulmans à l'arrière de leurs défenses. Selon Ibn Ishaq, initialement, le chef des Banu Qurayza, Ka'b ibn Asad al-Qurayzi, n’a même pas permis à Huyayy ibn Akhtab d'entrer dans le camp, mais a été incité à le faire suite à l'accusation de Huyayy selon laquelle ibn Ka'b ne voulait pas partager sa nourriture. Ibn Ishaq ne précise pas comment il sait cela, mais il affirme que la négociation a échoué en raison de l'insistance des Qurayza pour que les Mecquois offrent des otages afin de garantir qu'ils ne quitteraient pas le champ de bataille tant que Muhammad ne serait pas vaincu (bien qu'ils ont effectivement quitté le champ sans avoir vaincu Muhammad). Selon Ibn Ishaq, les Banu Qurayza, après de nombreux "plaidoyers", ont seulement accepté de ne pas aider les Musulmans ni d’entraver ou de combattre les confédérés. Ibn Ishaq présente comme preuve de la perfidie des Banu Qurayza une chaîne d'Isnad de Yahya ibn ‘Abbaad ibn ‘Abdullah ibn Az-Zubayr avec une histoire selon laquelle une femme musulmane, Safiyah bint ‘AbdulMuttalib, qui a vu un éclaireur juif des Banu Qurayza reconnaître une fortification musulmane se préparer à une attaque. Elle en a informé le commandant du fort, Hassan, et lui a demandé de tuer l'éclaireur, et lorsqu'il a refusé, elle a pris un gourdin et est allé battre l'homme à mort.<ref>Idem, 458</ref> En dehors de cela, Ibn Ishaq ne présente aucune preuve que les Juifs des Banu Qurayza étaient de mèche avec les confédérés. Cependant, il relate qu'Allah a "semé la discorde" entre les confédérés et les Banu Qurayza, ce qui a conduit les Mecquois à battre en retraite sans avoir vaincu Muhammad ou a mené une attaque coordonnée contre les Musulmans avec les Banu Qurayza.<ref>Idem, 459</ref>


La Bataille de la Tranchée étant remportée, Muhammad et ses hommes ont déposé leurs armes et outils de retranchement pour rentrer chez eux. Cependant, selon la Sira, Allah avait d'autres plans. L'ange [[Jibreel (Angel Gabriel)|Jibril]] est apparu à Muhammad juste après qu'il ait déposé son arme et l’a informé que la bataille n'était pas encore terminée car il fallait s’occuper du cas des Juifs des Banu Qurayza en raison de leur trahison mentionnée ci-dessus. Muhammad a informé ses hommes qu'ils ne devaient pas faire la prière de Asr avant d'atteindre le camp des Banu Qurayza, ce qui signifiait qu'il voulait qu'ils s'y rendent rapidement. Les Musulmans ont assiégé le camp pendant des périodes de durées différentes selon la source (Ibn Ishaq affirme 25 jours avant que "Allah ne jette la terreur dans leurs cœurs"). Les Banu Qurayza ont reçu l’ordre de se rendre et d'accepter l'islam, ce qu'ils ont juré de ne jamais faire. Désespérés de leur situation, selon Ibn Ishaq, ils ont discuté de trois options : accepter l'islam, tuer leurs femmes et leurs enfants et se lancer dans une attaque de style banzaï contre les forces musulmanes numériquement supérieures (peut-être que les commentateurs modernes l’ont ajouté en émulation de leurs prédécesseurs religieux à Massada en Palestine), ou s’engager dans une attaque sournoise le jour du sabbat juif. Les Juifs des Banu Qurayza ont trouvé inacceptables les options proposées.
La Bataille de la Tranchée étant remportée, Muhammad et ses hommes ont déposé leurs armes et outils de retranchement pour rentrer chez eux. Cependant, selon la Sira, Allah avait d'autres plans. L'ange [[Jibreel (Angel Gabriel)|Jibril]] est apparu à Muhammad juste après qu'il ait déposé son arme et l’a informé que la bataille n'était pas encore terminée car il fallait s’occuper du cas des Juifs des Banu Qurayza en raison de leur trahison mentionnée ci-dessus. Muhammad a informé ses hommes qu'ils ne devaient pas faire la prière de Asr avant d'atteindre le camp des Banu Qurayza, ce qui signifiait qu'il voulait qu'ils s'y rendent rapidement. Les Musulmans ont assiégé le camp pendant des périodes de durées différentes selon la source (Ibn Ishaq affirme 25 jours avant que "Allah ne jette la terreur dans leurs cœurs"). Les Banu Qurayza ont reçu l’ordre de se rendre et d'accepter l'Islam, ce qu'ils ont juré de ne jamais faire. Désespérés de leur situation, selon Ibn Ishaq, ils ont discuté de trois options : accepter l'Islam, tuer leurs femmes et leurs enfants et se lancer dans une attaque de style banzaï contre les forces musulmanes numériquement supérieures (peut-être que les commentateurs modernes l’ont ajoutée en émulation de leurs prédécesseurs religieux à Massada en Palestine), ou s’engager dans une attaque sournoise le jour du sabbat Juif. Les Juifs des Banu Qurayza ont trouvé inacceptables les options proposées.


Incapables de prendre une décision et assiégés pendant des semaines, les Banu Qurayza ont demandé à parler à Abu Lubaba, un homme de la tribu des 'Aws, leurs alliés. Abu Lubaba, interrogé sur ce que les Banu Qurayza devaient faire, leur a conseillé de se rendre au Prophète, mais en même temps il a levé la main vers son cou, indiquant qu'ils seraient massacrés <ref>Idem, 462</ref>. Après son départ, il a estimé que son action de révéler aux Banu Qurayza leur destin était une trahison envers le Prophète, et il s’est attaché à un pilier pour demander le pardon d'Allah, un acte que Muhammad a approuvé. Malgré cet avertissement, les Banu Qurayza se sont rendu aux Musulmans le jour suivant <ref>Idem, 463</ref>.
Incapables de prendre une décision et assiégés pendant des semaines, les Banu Qurayza ont demandé à parler à Abu Lubaba, un homme de la tribu des 'Aws, leurs alliés. Abu Lubaba, interrogé sur ce que les Banu Qurayza devaient faire, leur a conseillé de se rendre au Prophète, mais en même temps il a levé la main vers son cou, indiquant qu'ils seraient massacrés.<ref>Idem, 462</ref> Après son départ, il a estimé que son action de révéler aux Banu Qurayza leur destin était une trahison envers le Prophète, et il s’est attaché à un pilier pour demander le pardon d'Allah, un acte que Muhammad a approuvé. Malgré cet avertissement, les Banu Qurayza se sont rendus aux Musulmans le jour suivant.<ref>Idem, 463</ref>


La tribu des 'Aws, alliée des Banu Qurayza au temps de la [[jahiliyyah]], a demandé miséricorde pour eux auprès du Prophète. Le Prophète, ne voulant pas causer de dissension dans ses rangs (les serments et les alliances de loyauté étaient très importants dans la société tribale arabe, car en l'absence de tribunaux et de gouvernements établis, la seule garantie de sécurité et de justice qui pouvait être obtenue était la promesse de protection des alliés en cas de meurtre, de querelles familiales ou de guerre), a confié le sort des Banu Qurayza à un ancien cheikh de confiance des 'Aws, Sa‘d ibn Mu‘adh, qui avait été mortellement blessé pendant la bataille et est mort peu de temps après le massacre des Banu Qurayza. Une fois que Sa'd ibn Mu'adh s’est assuré que les Banu Qurayza et le Prophète respecteraient son jugement, quel qu'il soit, il l’a donné sans hésitation : les hommes des Banu Qurayza devaient être exécutés jusqu'au dernier, tandis que les femmes et les enfants devaient être vendus comme esclaves. Sa'd ibn Mu‘adh a justifié cette décision en déclarant qu’elle provenait de la Torah des Juifs. Ibn Ishaq ne cite pas le verset et le chapitre de la Bible, mais cela est généralement pris comme une référence au livre du Deutéronome 20:12-14.{{Quote|Deutéronome 20:12-14|וְאִם  לֹ֤א  תַשְׁלִים֙ עִמָּ֔ךְ  וְעָשְׂתָ֥ה  עִמְּךָ֖ מִלְחָמָ֑ה  וְצַרְתָּ֖  עָלֶֽיהָ וּנְתָנָ֛הּ  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  בְּיָדֶ֑ךָ  וְהִכִּיתָ֥ אֶת  כָּל  זְכוּרָ֖הּ לְפִי  חָֽרֶב  רַ֣ק  הַ֠נָּשִׁים  וְהַטַּ֨ף וְהַבְּהֵמָ֜ה  וְכֹל֩  אֲשֶׁ֨ר יִהְיֶ֥ה  בָעִ֛יר  כָּל־  שְׁלָלָ֖הּ  תָּבֹ֣ז לָ֑ךְ  וְאָֽכַלְתָּ֙  אֶת  שְׁלַ֣ל  אֹיְבֶ֔יךָ אֲשֶׁ֥ר  נָתַ֛ן  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  לָֽךְ<br>
La tribu des 'Aws, alliée des Banu Qurayza au temps de la [[jahiliyyah]], a demandé miséricorde pour eux auprès du Prophète. Le Prophète, ne voulant pas causer de dissension dans ses rangs (les serments et les alliances de loyauté étaient très importants dans la société tribale arabe, car en l'absence de tribunaux et de gouvernements établis, la seule garantie de sécurité et de justice qui pouvait être obtenue était la promesse de protection des alliés en cas de meurtre, de querelles familiales ou de guerre), a confié le sort des Banu Qurayza à un ancien cheikh de confiance des 'Aws, Sa‘d ibn Mu‘adh, qui avait été mortellement blessé pendant la bataille et est mort peu de temps après le massacre des Banu Qurayza. Une fois que Sa'd ibn Mu'adh s’est assuré que les Banu Qurayza et le Prophète respecteraient son jugement, quel qu'il soit, il l’a donné sans hésitation : les hommes des Banu Qurayza devaient être exécutés jusqu'au dernier, tandis que les femmes et les enfants devaient être vendus comme esclaves. Certains auteurs affirment que Sa'd ibn Mu‘adh a justifié cette décision en déclarant qu’elle provenait de la Torah des Juifs. Certains d’entre eux citent à Deutéronome 20 : 12-14 qui se lit comme suit :{{Quote|Deutéronome 20:12-14|וְאִם  לֹ֤א  תַשְׁלִים֙ עִמָּ֔ךְ  וְעָשְׂתָ֥ה  עִמְּךָ֖ מִלְחָמָ֑ה  וְצַרְתָּ֖  עָלֶֽיהָ וּנְתָנָ֛הּ  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  בְּיָדֶ֑ךָ  וְהִכִּיתָ֥ אֶת  כָּל  זְכוּרָ֖הּ לְפִי  חָֽרֶב  רַ֣ק  הַ֠נָּשִׁים  וְהַטַּ֨ף וְהַבְּהֵמָ֜ה  וְכֹל֩  אֲשֶׁ֨ר יִהְיֶ֥ה  בָעִ֛יר  כָּל־  שְׁלָלָ֖הּ  תָּבֹ֣ז לָ֑ךְ  וְאָֽכַלְתָּ֙  אֶת  שְׁלַ֣ל  אֹיְבֶ֔יךָ אֲשֶׁ֥ר  נָתַ֛ן  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  לָֽךְ<br>
Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés.}}
Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés.}}


Bien que les Musulmans modernes citent ce verset pour justifier le verdict de Mu'adh, il convient de noter que ni la tradition Juive ni la tradition Chrétienne ne comprennent ce verset comme une règle générale pour la guerre, mais plutôt comme un commandement spécifique aux Juifs sous le commandement de Josué qui combattaient les peuples païens de la Terre Sainte. Il n'a généralement pas été utilisé par l'une ou l'autre religion pour justifier le genre de massacre qui a eu lieu à Médine dans d'autres contextes historiques.
Bien que les Musulmans modernes citent ce verset pour justifier le verdict de Sa'd, aucune source primaire ne dit explicitement que Sa'd a basé son verdict sur la Torah et en plus, il convient de noter que ni la tradition Juive ni la tradition Chrétienne ne comprennent ce verset comme une règle générale pour la guerre, mais plutôt comme un commandement spécifique aux Juifs sous le commandement de Josué qui combattaient les peuples païens de la Terre Sainte. Il n'a généralement pas été utilisé par l'une ou l'autre religion pour justifier le genre de massacre qui a eu lieu à Médine dans d'autres contextes historiques.


Les prisonniers ainsi condamnés ont été gardés dans la maison ou le campement d'une femme musulmane d’Al-Harith de la tribu des Banu Najjar. Le matin, ils ont été conduits vers une tranchée qui avait été creusée dans le marché de la ville, et exécutés par décapitation <ref>Idem, 465</ref> . Selon la Sira d'Ibn Ishaq, une femme était parmi eux. Les autres femmes et les enfants ont été donnés comme esclaves sexuels et de travail aux Musulmans, seuls les garçons qui n'avaient pas encore atteint la puberté ont été autorisés à vivre. Selon la Sira, le butin en armes et en pillages était substantiel, mais Muhammad a quand même envoyé des femmes et des enfants pour être vendus au Najd afin d’obtenir plus de chevaux et d'armes <ref>Idem, 466</ref>. Comme c'était la coutume, Muhammad a reçu sa part du butin, y compris sa part des femmes, notamment une belle Juive nommée Rayhana dont le mari avait été décapité. Le reste a été distribué à tous les autres Musulmans, un Musulman à cheval recevant trois fois le butin d'un fantassin <ref>Idem, 466</ref>.
Les prisonniers ainsi condamnés ont été gardés dans la maison ou le campement d'une femme musulmane d’Al-Harith de la tribu des Banu Najjar. Le matin, ils ont été conduits vers une tranchée qui avait été creusée dans le marché de la ville, et exécutés par décapitation.<ref>Idem, 465</ref> Selon la Sira d'Ibn Ishaq, une femme était parmi eux. Les autres femmes et les enfants ont été donnés comme esclaves sexuels et de travail aux Musulmans, seuls les garçons qui n'avaient pas encore atteint la puberté ont été autorisés à vivre. Selon la Sira, le butin en armes et en pillages était substantiel, mais Muhammad a quand même envoyé des femmes et des enfants pour être vendus au Najd afin d’obtenir plus de chevaux et d'armes.<ref>Idem, 466</ref> Comme c'était la coutume, Muhammad a reçu sa part du butin, y compris sa part des femmes, notamment une belle Juive nommée Rayhana dont le mari avait été décapité. Le reste a été distribué à tous les autres Musulmans, un Musulman à cheval recevant trois fois le butin d'un fantassin.<ref>Idem, 466</ref>


==Les récits selon le tafsir==
==Les récits selon le tafsir==
The famed [[tafsir|mufassir]] [[ibn Kathir]], drawing upon his own sources as well as many other classical commentators, in his commentary on sura 33 Al-Ahzab الأحزاب  "The Confederates" reaffirms many of the pertinent details from the sira narrative. In particular, ibn Kathir reads into the Quran's denouncement of the [[people of the book]] the perfidious Jews of the tribe of Banu Qurayzah and their betrayal of the prophet:{{Quote|Tafsir of ibn Kathir Qur'an Surah 33
Le célèbre [[Tafsir|mufassir]] [[Ibn Kathir al-Dimashqi|ibn Kathir]], s'appuyant sur ses propres sources ainsi que sur de nombreux autres commentateurs classiques, dans son commentaire sur la sourate 33 Al-Ahzab "Les Coalisés", réaffirme bon nombre de détails pertinents du récit de la Sira. En particulier, ibn Kathir interprète la dénonciation des [[People of the Book|Gens du Livre]] dans le Coran comme des Juifs perfides de la tribu des Banu Qurayza qui ont trahit le prophète.{{Quote| Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran
 
|وَلِهَذَا قَالَ تَعَالَى: ﴿وَأَنزلَ الَّذِينَ ظَاهَرُوهُمْ﴾ أَيْ: عَاوَنُوا الْأَحْزَابَ وَسَاعَدُوهُمْ عَلَى حَرْبِ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ ﴿مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ﴾ يَعْنِي: بَنِي قُرَيْظَةَ مِنَ الْيَهُودِ، مِنْ بَعْضِ أَسْبَاطِ بَنِي إِسْرَائِيلَ، كَانَ قَدْ نَزَلَ آبَاؤُهُمُ الْحِجَازَ قَدِيمًا، طَمَعًا فِي اتِّبَاعِ النَّبِيَّ الْأُمِّيَّ الذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِنْدَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالْإِنْجِيلِ، ﴿فَلَمَّا جَاءَهُمْ مَا عَرَفُوا كَفَرُوا بِه﴾ [الْبَقَرَةِ: ٨٩] ، فَعَلَيْهِمْ لَعْنَةُ اللَّهِ.
|وَلِهَذَا قَالَ تَعَالَى: ﴿وَأَنزلَ الَّذِينَ ظَاهَرُوهُمْ﴾ أَيْ: عَاوَنُوا الْأَحْزَابَ وَسَاعَدُوهُمْ عَلَى حَرْبِ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ ﴿مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ﴾ يَعْنِي: بَنِي قُرَيْظَةَ مِنَ الْيَهُودِ، مِنْ بَعْضِ أَسْبَاطِ بَنِي إِسْرَائِيلَ، كَانَ قَدْ نَزَلَ آبَاؤُهُمُ الْحِجَازَ قَدِيمًا، طَمَعًا فِي اتِّبَاعِ النَّبِيَّ الْأُمِّيَّ الذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِنْدَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالْإِنْجِيلِ، ﴿فَلَمَّا جَاءَهُمْ مَا عَرَفُوا كَفَرُوا بِه﴾ [الْبَقَرَةِ: ٨٩] ، فَعَلَيْهِمْ لَعْنَةُ اللَّهِ.


For thus the most-High said "Those how had backed them (the confederates) came down" meaning: they assisted the confederates and helped them to make war on the Apostle of God (sala allah 'aleyhi wasallam). "From the people of
Et c'est ainsi que le Très-Haut a dit :  "Ceux qui les avaient soutenus (les confédérés) sont descendus", c'est-à-dire qu’ils ont soutenu les coalisés et les ont aidés dans la guerre contre le Messager d'Allah (que la prière d’Allah et Sa paix soient sur lui). "De la part des Gens du Livre", c’est-à-dire des Juifs de la tribu des Banu Qurayza, descendants des Enfants d'Israël, dont les ancêtres étaient autrefois venus dans la région du Hijaz, aspirant à suivre le Prophète illettré qu'ils trouvaient mentionné dans la Torah et l'Evangile. Mais quand il est venu à eux, ils ne l’ont pas reconnu et l’ont rejeté, [Al-Baqara: 89], la malédiction d'Allah a donc été sur eux.}}Il fait référence ici à la [[Surah|sourate]] 33 :{{Quote|{{Quran-range|33|26|27}}|Et Il a fait descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre qui les avaient soutenus [les coalisés], et Il a jeté l'effroi dans leurs cœurs; un groupe d'entre eux vous tuiez, et un groupe vous faisiez prisonniers.
the book" that is to say the Banu Qurayza of the Jews, descendants of the sons of Israel, who had come down to the Hijaz in olden times, doing so (aiding the Meccans) greedily against the followers of the illiterate prophet (Muhammad) whom they found written about in the Torah and the Gospel "when he came to them they did not know him and disbelieved in him" (surah al-baqarah 89) }}He refers here to [[Surah]] 33:{{Quote|{{Quran-range|33|26|27}}| And He brought those of the People of the Scripture who supported them down from their strongholds, and cast panic into their hearts. Some ye slew and ye made captive some.


And He caused you to inherit their land and their houses and their wealth, and land ye have not trodden. Allah is Able to do all things }}ibn Kathir confirms that it was the angels themselves who implored Muhammad not to stop fighting:{{Quote|Tafisr of ibn Kathir on Qur'an Surah 33|2=وَرَجَعَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ إِلَى الْمَدِينَةِ مُؤَيَّدًا مَنْصُورًا، وَوَضَعَ النَّاسُ السِّلَاحَ. فَبَيْنَمَا رَسُولُ اللَّهِ ﷺ يَغْتَسِلُ(٤) مِنْ وَعْثَاءِ تِلْكَ الْمُرَابَطَةِ فِي بَيْتِ أُمِّ سَلَمَةَ  
Et Il vous a fait hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, et aussi une terre que vous n'aviez point foulée. Et Allah est Omnipotent.}}Ibn Kathir confirme que ce sont les anges eux-mêmes qui ont imploré Muhammad de ne pas cesser de combattre :{{Quote|Tafisr d'ibn Kathir sur la sourate 33 du Coran|2=وَرَجَعَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ إِلَى الْمَدِينَةِ مُؤَيَّدًا مَنْصُورًا، وَوَضَعَ النَّاسُ السِّلَاحَ. فَبَيْنَمَا رَسُولُ اللَّهِ ﷺ يَغْتَسِلُ(٤) مِنْ وَعْثَاءِ تِلْكَ الْمُرَابَطَةِ فِي بَيْتِ أُمِّ سَلَمَةَ  


إِذْ تَبَدَّى لَهُ جِبْرِيلُ مُعْتَجِرًا بِعِمَامَةٍ مِنْ إِسْتَبْرَقٍ، عَلَى بَغْلَةٍ عَلَيْهَا قَطِيفَةٌ [مِنْ](٥) دِيبَاجٍ، فَقَالَ: أوضَعت السِّلَاحَ يَا رَسُولَ اللَّهِ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّ الْمَلَائِكَةَ لَمْ تَضَعْ أَسْلِحَتَهَا، وَهَذَا الْآنَ رُجُوعِي مِنْ طَلَبِ الْقَوْمِ. ثُمَّ قَالَ: إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُكَ أَنْ تَنْهَضَ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ. وَفِي رِوَايَةٍ فَقَالَ لَهُ: عذيرَك مِنْ مُقَاتِلٍ، أَوَضَعْتُمُ السِّلَاحَ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّا لَمْ نَضَعْ أَسْلِحَتَنَا بَعْدُ، انْهَضْ إِلَى هَؤُلَاءِ. قَالَ: "أَيْنَ؟ ". قَالَ: بَنِي قُرَيْظَةَ، فَإِنَّ اللَّهَ أَمَرَنِي أَنْ أُزَلْزِلَ عَلَيْهِمْ. فَنَهَضَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ مِنْ فَوْرِهِ، وَأَمَرَ النَّاسَ بِالْمَسِيرِ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ، وَكَانَتْ عَلَى أَمْيَالٍ مِنَ الْمَدِينَةِ، وَذَلِكَ بَعْدَ صَلَاةِ الظُّهْرِ، وَقَالَ: "لَا يُصَلِّيَنَّ أَحَدٌ مِنْكُمُ الْعَصْرَ إِلَّا فِي بَنِي قُرَيْظَةَ".
إِذْ تَبَدَّى لَهُ جِبْرِيلُ مُعْتَجِرًا بِعِمَامَةٍ مِنْ إِسْتَبْرَقٍ، عَلَى بَغْلَةٍ عَلَيْهَا قَطِيفَةٌ [مِنْ](٥) دِيبَاجٍ، فَقَالَ: أوضَعت السِّلَاحَ يَا رَسُولَ اللَّهِ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّ الْمَلَائِكَةَ لَمْ تَضَعْ أَسْلِحَتَهَا، وَهَذَا الْآنَ رُجُوعِي مِنْ طَلَبِ الْقَوْمِ. ثُمَّ قَالَ: إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُكَ أَنْ تَنْهَضَ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ. وَفِي رِوَايَةٍ فَقَالَ لَهُ: عذيرَك مِنْ مُقَاتِلٍ، أَوَضَعْتُمُ السِّلَاحَ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّا لَمْ نَضَعْ أَسْلِحَتَنَا بَعْدُ، انْهَضْ إِلَى هَؤُلَاءِ. قَالَ: "أَيْنَ؟ ". قَالَ: بَنِي قُرَيْظَةَ، فَإِنَّ اللَّهَ أَمَرَنِي أَنْ أُزَلْزِلَ عَلَيْهِمْ. فَنَهَضَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ مِنْ فَوْرِهِ، وَأَمَرَ النَّاسَ بِالْمَسِيرِ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ، وَكَانَتْ عَلَى أَمْيَالٍ مِنَ الْمَدِينَةِ، وَذَلِكَ بَعْدَ صَلَاةِ الظُّهْرِ، وَقَالَ: "لَا يُصَلِّيَنَّ أَحَدٌ مِنْكُمُ الْعَصْرَ إِلَّا فِي بَنِي قُرَيْظَةَ".
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the Messenger of Allah returned to Al-Madinah in triumph and the people put down their weapons. While the Messenger of Allah was washing off the dust of battle in the house of Umm Salamah, may Allah be pleased with her, Jibril, upon him be peace, came to him wearing a turban of brocade, riding on a mule on which was a cloth of silk brocade. He said, "Have you put down your weapons, O Messenger of Allah" He said, "Yes" He said, "But the angels have not put down their weapons. I have just now come back from pursuing the people." Then he said: "Allah, may He be blessed and exalted, commands you to get up and go to Banu Quraiza. According to another report, "What a fighter you are! Have you put down your weapons" He said, "Yes". He said, "But we have not put down our weapons yet, get up and go to these people." He said: "Where?" He said, "Banu Quraiza, for Allah has commanded me to shake them." So the Messenger of Allah got up immediately, and commanded the people to march towards Banu Quraiza, who were a few miles from Al-Madinah. This was after Salat Az-Zuhr. He said, No one among you should pray `Asr except at Banu Quraiza.}}Thus in the view of ibn Kathir the fate of the Banu Qurayzah was the work of their own hand, a fate approved of and commanded by heaven itself. According to ibn Kathir, there fate was exactly what ibn Ishaq had described:{{Quote| Tafsir Ibn Kathir on Surah 33|2=فَقَالَ: إِنِّي أَحْكُمُ أَنْ تُقْتَلَ مُقَاتلتهم، وتُسبْى ذُرِّيَّتُهُمْ وَأَمْوَالُهُمْ. فَقَالَ لَهُ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ: "لَقَدْ حَكَمْتَ بِحُكْمِ اللَّهِ مِنْ فَوْقِ سَبْعَةِ أَرْقِعَةٍ"(٨) . وَفِي رِوَايَةٍ: "لَقَدْ حكمتَ بِحُكْمِ المَلك". ثُمَّ أَمْرَ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ بِالْأَخَادِيدِ فَخُدّت فِي الْأَرْضِ، وَجِيءَ بِهِمْ مُكْتَفِينَ، فَضَرَبَ أَعْنَاقَهُمْ، وَكَانُوا مَا بَيْنَ السَّبْعِمِائَةِ إِلَى الثَّمَانِمِائَةِ، وَسَبَى مَنْ لَمْ يُنبت مِنْهُمْ مَعَ النِّسَاءِ وَأَمْوَالِهِمْ(٩)
Le Messager d'Allah (ﷺ) est retourné triomphant à Médine et les gens ont déposés leurs armes. Pendant que le Messager d'Allah (ﷺ) se nettoyait de la poussière de la bataille dans la maison d'Oumm Salama, Gabriel s’est manifesté à lui, vêtu d'un turban en soie de couleur blanche et monté sur une mule avec une selle recouverte d’un tissu de velours. Il a dit : "As-tu déposé tes armes, ô Messager d'Allah ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais les anges n'ont pas encore déposé leurs armes, et je reviens à l’instant de la poursuite contre cette tribu." Puis il a ajouté : "Allah te commande de te lever et de marcher vers les Banu Qurayza." Dans une autre version, il lui a dit : "Quel combattant es-tu ! As-tu déposé les armes ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais nous n'avons pas encore déposé nos armes. Lève-toi et dirige-toi vers eux." Le Prophète (ﷺ) a demandé : "?" Gabriel a répondu : "Vers les Banu Qurayza, car Allah m'a ordonné de les ébranler." Le Messager d'Allah (ﷺ) s’est immédiatement levé, a ordonné aux gens de marcher vers les Banu Qurayza, situés à quelques miles de Médine, après la prière d’az-Zuhr, et a dit : "Que personne d'entre vous ne fasse la prière de Asr sauf chez les Banu Qurayza."}}Ainsi, selon ibn Kathir, le destin des Banu Qurayza était le résultat de leurs propres actions, un destin approuvé et commandé par le ciel lui-même. Selon ibn Kathir, leur destin était exactement ce qu'ibn Ishaq avait décrit :{{Quote| Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran|2=فَقَالَ: إِنِّي أَحْكُمُ أَنْ تُقْتَلَ مُقَاتلتهم، وتُسبْى ذُرِّيَّتُهُمْ وَأَمْوَالُهُمْ. فَقَالَ لَهُ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ: "لَقَدْ حَكَمْتَ بِحُكْمِ اللَّهِ مِنْ فَوْقِ سَبْعَةِ أَرْقِعَةٍ"(٨) . وَفِي رِوَايَةٍ: "لَقَدْ حكمتَ بِحُكْمِ المَلك". ثُمَّ أَمْرَ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ بِالْأَخَادِيدِ فَخُدّت فِي الْأَرْضِ، وَجِيءَ بِهِمْ مُكْتَفِينَ، فَضَرَبَ أَعْنَاقَهُمْ، وَكَانُوا مَا بَيْنَ السَّبْعِمِائَةِ إِلَى الثَّمَانِمِائَةِ، وَسَبَى مَنْ لَمْ يُنبت مِنْهُمْ مَعَ النِّسَاءِ وَأَمْوَالِهِمْ(٩)


   
   


Then he (Sa'ad) said: My judgement is that their fighting-age men be killed, and their families and wealth be taken as booty. The prophet (sala allah 'aleyhi wasallam) said "You have judged with the judgement of Allah above the seven heavens." In another narration: "You have judged with the judgement of the King (Allah)." Then the Messenger of Allah commanded that ditches should be dug, so they were dug in the earth, and they were brought tied by their shoulders, and were beheaded. There were between seven hundred and eight hundred of them. The children who had not yet reached adolescence and the women were taken prisoner, and their wealth was seized.}}
Alors il (Sa’d) a dit : "Mon jugement est que les hommes en âge de combattre soient tués, et que leurs familles et leurs biens soient pris comme butin." Le Prophète () a dit : "Tu as prononcé le jugement d'Allah au-dessus des sept cieux." Dans un autre récit : "Tu as jugé avec le jugement du Roi (Allah)." Ensuite, le Messager d'Allah a ordonné que des fossés soient creusés, ils ont donc été creusés dans la terre, et ils ont été amenés, mains liées, et ont été décapités. Il y en avait entre sept cents et huit cents. Les enfants qui n'avaient pas encore atteint la puberté et les femmes ont été faits prisonniers, et leurs biens saisis.}}
==Accounts in Hadiths==
==Les récits selon les hadiths==
The hadith of Bukhari provide witness for the incidents described by Ishaq. Bukhari confirms that it was the angels who decree that the war be carried to the Banu Qurayza:{{Quote| {{Bukhari|4|52|68}}| Narrated 'Aisha: When Allah's Apostle returned on the day (of the battle) of Al-Khandaq (i.e. Trench), he put down his arms and took a bath. Then Gabriel whose head was covered with dust, came to him saying, "You have put down your arms! By Allah, I have not put down my arms yet." Allah's Apostle said, "Where (to go now)?" Gabriel said, "This way," pointing towards the tribe of Banu Qurayza. So Allah's Apostle went out towards them.}}Similiarly, he confirms that it is was Sa'ad who condemned them to their fate:{{Quote| {{Bukhari|5|58|148}}| Narrated Abu Said Al-Khudri: Some people (i.e. the Jews of Bani bin Quraiza) agreed to accept the verdict of Sad bin Muadh so the Prophet sent for him (i.e. Sad bin Muadh). He came riding a donkey, and when he approached the Mosque, the Prophet said, "Get up for the best amongst you." or said, "Get up for your chief." Then the Prophet said, "O Sad! These people have agreed to accept your verdict." Sad said, "I judge that their warriors should be killed and their children and women should be taken as captives." The Prophet ﷺ said, "You have given a judgment similar to Allah's Judgment (or the King's judgment)."}}Incidentally, Bukhari mentions that even though ibn Sa'd was called upon to provide a fair judgement to the Banu Qurayzahas a former ally, in fact he went to his death, caused by wounds suffered during the battle of the trench, wishing for death to the infidels:{{Quote| {{Bukhari|5|59|448}}| Sa`d was wounded on the day of Khandaq (i.e. Trench) when a man from Quraish, called Hibban bin Al-`Araqa hit him (with an arrow). The man was Hibban bin Qais from (the tribe of) Bani Mais bin 'Amir bin Lu'ai who shot an arrow at Sa`d's medial arm vein (or main artery of the arm). The Prophet (ﷺ) pitched a tent (for Sa`d) in the Mosque so that he might be near to the Prophet (ﷺ) to visit. When the Prophet returned from the (battle) of Al-Khandaq (i.e. Trench) and laid down his arms and took a bath Gabriel came to him while he (i.e. Gabriel) was shaking the dust off his head, and said, "You have laid down the arms?" By Allah, I have not laid them down. Go out to them (to attack them)." The Prophet (ﷺ) said, "Where?" Gabriel pointed towards Bani Quraiza. So Allah's Messenger (ﷺ) went to them (i.e. Banu Quraiza) (i.e. besieged them). They then surrendered to the Prophet's judgment but he directed them to Sa`d to give his verdict concerning them. Sa`d said, "I give my judgment that their warriors should be killed, their women and children should be taken as captives, and their properties distributed." Narrated Hisham: My father informed me that `Aisha said, "Sa`d said, "O Allah! You know that there is nothing more beloved to me than to fight in Your Cause against those who disbelieved Your Apostle and turned him out (of Mecca). O Allah! I think you have put to an end the fight between us and them (i.e. Quraish infidels). And if there still remains any fight with the Quraish (infidels), then keep me alive till I fight against them for Your Sake. But if you have brought the war to an end, then let this wound burst and cause my death thereby.' So blood gushed from the wound. There was a tent in the Mosque belonging to Banu Ghifar who were surprised by the blood flowing towards them. They said, 'O people of the tent! What is this thing which is coming to us from your side?' Behold! Blood was flowing profusely out of Sa`d's wound. Sa`d then died because of that."}}Bukhari also mentions the fate of the Banu Qurayza, carried out in accordance with Sa'd's judgement:{{Quote|{{bukhari|5|59|362}}, See Also: {{muslim|19|4364}}|Narrated Abd-Allah ibn Umar: Banu Nadir and Banu Qurayza fought (against the Prophet violating their peace treaty), so the Prophet exiled Bani An-Nadir and allowed Bani Quraiza to remain at their places (in Medina) taking nothing from them till they fought against the Prophet again). He then killed their men and distributed their women, children and property among the Muslims, but some of them came to the Prophet and he granted them safety, and they embraced Islam. He exiled all the Jews from Medina. They were the Jews of Banu Qaynuqa, the tribe of Abdullah bin Salam and the Jews of Bani Haritha and all the other Jews of Medina. }}Sunan Abi Dawud tells us exactly how it was determined, whether a male youth would be spared, based on whether he had had reached puberty or not:{{Quote| {{Abudawud|38|4390}}| Narrated Atiyyah al-Qurazi:
Les hadiths de Bukhari témoignent des incidents décrits par Ishaq. Bukhari confirme que ce sont les anges qui ont décrété que la guerre soit menée contre les Banu Qurayza.{{Quote| {{Bukhari|4|52|68}}|Rapporté par Aicha : Quand le Messager d’Allah (ﷺ) est revenu le jour (de la bataille) d’Al-Khandaq (c.-à-d. la Tranchée), il déposa ses armes et prit un bain. Alors Gabriel, dont la tête était couverte de poussière, est venu à lui en disant : "Tu as déposé tes armes ! Par Allah, je n’ai pas encore déposé mes armes." Le Messager d’Allah (ﷺ) a dit : "(aller maintenant) ?" Gabriel a dit : "Par-là," en pointant vers la tribu des Banu Qurayza. Alors le Messager d’Allah (ﷺ) est parti vers eux.}}De même, il confirme que c'est Sa'd qui les a condamnés à leur destin.{{Quote| {{Bukhari|5|58|148}}|Rapporté par Abu Saʿid al-Khudri : "Certaines personnes (c.-à-d. les Juifs des Banu Qurayza) ont décidé d’accepter le verdict de Sa'd ibn Mu'adh alors le Prophète fit qu’on aille le chercher (ﷺ)  (c.-à-d. Sa'd ibn Mu'adh). Il est venu monté sur un âne, et quand il s’est approché de la mosquée, le Prophète () a dit : Levez-vous pour le meilleur parmi vous, ou a dit, levez-vous pour votre chef. Puis le Prophète () a dit : "Ô Sa’d ! Ces gens ont accepté de recevoir ton verdict. Sa’d a dit : Je juge que leurs guerriers doivent être tués et que leurs enfants et leurs femmes doivent être pris comme captifs. Le Prophète a dit : Tu as rendu un jugement similaire au Jugement d’Allah (ou le jugement du Roi)."}}D'ailleurs, Bukhari mentionne que même si ibn Sa'd a été appelé à rendre un jugement équitable aux Banu Qurayza en tant qu'ancien allié, en réalité, il est décédé des suites de blessures subies lors de la Bataille du Fossé, souhaitant la mort aux infidèles.{{Quote| {{Bukhari|5|59|448}}|Aicha a rapporté : "Sa’d a été blessé le jour de la Tranchée par un homme de la tribu des Quraysh, nommé Hibban ibn al-Arqah qui l'a frappé avec une flèche. Le Prophète (ﷺ) a dressé une tente pour Sa’d dans la Mosquée pour qu'il puisse être à proximité du Prophète (ﷺ) pour des visites. Lorsque le Prophète () est revenu de la Bataille de la Tranchée et a déposé ses armes et s'est lavé, Gabriel est venu à lui en secouant la poussière de sa tête et a dit : « As-tu déposé tes armes ? » Le Prophète () a répondu : « Par Allah, je ne les ai pas déposées. Sors vers eux (pour les attaquer). » Le Prophète (ﷺ) a demandé : « Où ? » Gabriel a pointé vers les Banu Qurayza. Ainsi, le Messager d'Allah (ﷺ) est allé vers eux (c’-à-d assiéger les Banu Qurayza). Ils se sont ensuite rendus au jugement du Prophète (), mais il les a dirigés vers Sa’d pour donner son verdict à leur sujet. Sa’d a dit : « Je juge que leurs guerriers soient tués, leurs femmes et leurs enfants pris comme captifs, et leurs biens distribués. » Hisham a rapporté : « Mon père m'a informé qu'Aicha a dit que Sad a dit : ‘’Ô Allah ! Tu sais qu'il n'y a rien de plus cher pour moi que de combattre dans Ta cause contre ceux qui ont mécrus en Ton Prophète et l'ont expulsé de La Mecque. Ô Allah ! Je pense que Tu as mis fin au combat entre nous et eux (c'est-à-dire, les infidèles Quraysh). Et s'il reste encore un combat avec les Quraysh (infidèles), alors garde-moi en vie jusqu'à ce que je les combatte pour Ton intérêt. Mais si Tu as mis fin à la guerre, alors laisse cette blessure éclater et causer ma mort.’’ Ainsi, le sang a jailli de la blessure. Il y avait une tente dans la Mosquée appartenant aux Banu Ghifar qui ont été surpris par le sang qui coulait vers eux. Ils ont dit : « Ô gens de la tente ! Qu'est-ce que cette chose qui vient de votre côté ? » Voilà que le sang coulait abondamment de la blessure de Sa’d. Sa’d est alors mort à cause de cela."}}Bukhari mentionne également le sort des Banu Qurayza, exécuté conformément au jugement de Sa’d.{{Quote|{{bukhari|5|59|362}} et {{muslim|19|4364}}|Rapporté par ibn Omar : Les Banu Nadir et les Banu Qurayza se sont battus (contre le Prophète (ﷺ) violant leur traité de paix), alors le Prophète a exilé les Banu Nadir et a permis aux Banu Qurayza de rester chez eux (à Médine) en ne leur prenant rien jusqu’à ce qu’ils se battent à nouveau contre le Prophète (). Il a ensuite tué leurs hommes et distribué leurs femmes, enfants et biens parmi les musulmans, mais certains d’entre eux sont venus voir le Prophète (ﷺ) qui leur a accordé la sécurité, et ils ont embrassé l’Islam. Il a exilé tous les Juifs de Médine. Il s’agissait des Juifs des Banu Qaynuqa, la tribu d’Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha et tous les autres Juifs de Médine.
 
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Il a été rapporté sur l’autorité d’ibn Omar que les Juifs des Banu Nadir et des Banu Qurayza ont combattu contre le Messager d’Allah (ﷺ) qui a expulsé les Banu Nadir, et a permis aux Qurayza de rester en leur accordant la faveur jusqu’à ce qu’ils aient eux aussi combattu contre lui. Puis, il a tué leurs hommes, et a distribué leurs femmes, leurs enfants et leurs biens parmi les musulmans, sauf que certains d’entre eux, en rejoignant le Messager d’Allah (ﷺ) et en embrassant l’Islam, ont été épargnés. Le Messager d'Allah (ﷺ) a chassé tous les Juifs de Médine, y compris les Banu Qaynuqa, qui étaient les partisans d'Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha, ainsi que tous les Juifs de Médine.}}Le Sunan d’Abu Dawud nous raconte exactement comment il était déterminé si un jeune homme serait épargné, en fonction de s'il avait atteint ou non la puberté :{{Quote| {{Abudawud|38|4390}}|Rapporté par Atiyyah al-Qurazi : "J’étais parmi les captifs des Banu Qurayza. Ils (les compagnons) nous ont examinés, et ceux qui avaient commencé à avoir des poils (pubis) ont été tués, et ceux qui n’en avaient pas non pas été tués. J’étais parmi ceux qui n’avaient pas de poils pubiens."}}
 
==Perspectives et visions contemporaines==
I was among the captives of Banu Qurayza. They (the Companions) examined us, and those who had begun to grow hair (pubes) were killed, and those who had not were not killed. I was among those who had not grown hair.}}
<center><youtube>UZE1N56fswY</youtube></center>Dans l'extrait ci-dessus, le savant musulman Yasir Qadhi, très respecté pour ses diplômes de l'université islamique de Médine ainsi que de Yale, avance l'argument selon lequel Muhammad avait fait face à une trahison et qu'il avait pris les mesures punitives maximales contre celle-ci. Qadhi soutient que le prophète était justifié à chaque étape et a montré autant de retenue que nécessaire, étant motivé purement par des préoccupations en matière d'art de gouverner et de pragmatisme, et non par la malice. Comme il le dit, il est possible d'accuser le prophète d'être "dur" mais pas d'agir avec malveillance envers les Banu Qurayza ou les Juifs en général, car cela ne serait pas "académiquement valide". Ibn Ishaq avance le même point :{{Quote| Ibn Ishaq: 683 |Alors Abu Sufyan dit : "Ô Quraysh, nous ne sommes pas dans un campement permanent ; les chevaux et les chameaux meurent ; les Banu Qurayza ont rompu leur parole envers nous et nous avons entendu des rapports troublants à leur sujet. Vous pouvez voir la violence du vent qui ne nous laisse ni marmites, ni feu, ni tentes sur lesquelles compter. Partons, car je m'en vais."}}Yasir Qadhi affirme que la punition était "dure" mais qu'il est parfois nécessaire d'être dur. Le chercheur de l'Institut Yaqeen, Abu Amina Elias (Justin Parrott), fait remarquer que tuer les prisonniers combattants mâles des Banu Qurayza était un "acte de légitime défense" de la part de la communauté musulmane et cite Deutéronome 20:12-14 pour justifier les actions des musulmans. Il affirme également que le prophète n'a envoyé ses hommes armés que pour "se défendre" et que les femmes et les enfants des Banu Qurayza ont été emmenés "en captivité" pour leur protection puisque tous leurs hommes avaient été massacrés.<ref>"Did the Prophet commit genocide against Jews?" Faith in Allah There is no god but Allah and Muhammad is his messenger https://abuaminaelias.com/prophet-genocide-banu-qurayza/  8 Avril 2013</ref> Karen Armstrong, dans son livre A Short History of Islam, affirme également : "La lutte n'indiquait aucune hostilité envers les Juifs en général, mais seulement envers les trois tribus rebelles. Le Coran a continué de vénérer les prophètes juifs et a exhorté les musulmans à respecter les Gens du Livre."<ref>Islam:A Short History Karen Armstrong Modern Library 2002</ref>
==Modern Views and Perspectives==
<center><youtube>UZE1N56fswY</youtube></center>In the clip above Muslim scholar Yasir Qadhi, well respected for his degrees from the Islamic University of Medina as well as from Yale, makes the argument that Muhammad was dealing with treachery and he had taken the maximum punitive actions against it. Qadhi argues that the prophet was justified in every step and showed as much restraint as necessary, being motivated purely by concerns on statecraft and practicality, not by malice. As he says, it is possible to accuse the prophet of being "harsh" but not of acting with malice towards the Banu Qurayzahor the Jews in general, as this would not be "academically valid."
 
Ibn Ishaq makes the same point:{{Quote| Ibn Ishaq: 683 | Then Abu Sufyan said: “O Quraish, we are not in a permanent camp; the horses and camels are dying; the Banu Qurayza have broken their word to us and we have heard disquieting reports of them. You can see the violence of the wind which leaves us neither cooking-pots, or fire, nor tents to count on. Be off, for I am going” }}Yasir Qadhi states that the punishment was "harsh" and yet it is sometimes necessary to be harsh. Yaqeen institute scholar Abu Amina Elias (Justin Parrott) makes the cases that killing the "fighting men" prisoners of the Banu Qurayzahwas an "act of self-defense" on the part of the Muslim community and cites Deuteronomy 20:12-14 to justify the actions of the Muslims, agreeing with ibn Ishaq that Sa'd was judging the Jews by their own law. He also claims that the prophet only sent his men their with arms to "defend themselves" and that the women and children of the Banu Qurayzahwere taken "into captivity" for their protection since all of their men folk had bee slaughtered <ref>"Did the Prophet commit genocide against Jews?" Faith in Allah There is no god but Allah and Muhammad is his messenger https://abuaminaelias.com/prophet-genocide-banu-qurayza/  April 8, 2013</ref>. Karen Armstrong, in her book A Short History of Islam, likewise claims  "The struggle did not indicate any hostility towards Jews in general, but only towards the three rebel tribes. The Quran continued to revere Jewish prophets and to urge Muslims to respect the People of the Book."<ref>Islam:A Short History Karen Armstrong Modern Library 2002</ref>
 
These arguments are all echoes of the original arguments found in the material above. Ibn Ishaq claims that the Jews of Banu Qurayzahposed a threat to the Muslims via their betrayal and does portray Muhammad as hesitating to decide their fate. ibn Ishaq even recounts of how "harsh" the punishment was:{{Quote|{{citation|page=462 (paragraph: 686)|trans_title=The Life of Muhammad|title=Sirat Rasul Allah|author1=Ibn Ishaq|author2=Ibn Hisham|author3=al-Tabari|editor=A. Guillaume|year=1955|publisher=Oxford UP|ISBN=0196360331|location=Karachi|url=https://archive.org/details/GuillaumeATheLifeOfMuhammad/page/n381/mode/2up}}|Apostle sent him (Abu Lubaba) to them (Banu Quraiza), and when they saw him they got up to meet him. The women and children went up to him weeping in his face, and he felt sorry for them. They said, ‘Oh Abu Lubaba, do you think that we should submit to Muhammad's judgement? He said ‘yes' and pointed with his hand to his throat signifying slaughter.}}Yet critics of these pro-Islam viewpoints have pointed out that the verse cited by modern Muslims from Deuteronomy to justify the extermination of the Banu Qurayzahyet in fact this is not how the verse has been viewed in traditional Christian or especially Jewish scholarship. According to Jewish doctrine, these verses were revealed to him before the Israelites entered the Holy Land, specifically instructing them on how to deal with the people living there <ref>"Muhammad’s atrocity against the Qurayza Jews" James M. Arlandson Answering Islam https://www.answering-islam.org/Authors/Arlandson/qurayza_jews.htm</ref>. Morever, the claim that there was no apparent animus towards the Jews of Banu Qurayzahon the part of Muhammad is contradicted by ibn Ishaq's account:{{Quote|Ibn Ishaq: 684 | "When the apostle approached their forts he (Muhammad) said: "You brothers of monkeys.., has god disgraced you and brought his vengeance upon you?"
 


Banu Qurayza replied: "O Abul Qasim (Muhammad), you are not a barbarous person" }}In mocking them as apes, Muhammad is here echoing the Qur'an, which claims that (some) Jews were turned into apes for violating the sabbath (Qur'an 50:60).
Ces arguments font écho aux arguments originaux trouvés dans le matériel ci-dessus. Ibn Ishaq affirme que les Juifs des Banu Qurayza représentaient une menace pour les musulmans par leur trahison et dépeint Muhammad comme hésitant à décider de leur sort. Ibn Ishaq relate même à quel point la punition était "dure" :{{Quote|{{citation|page=462 (paragraphe: 686)|trans_title=The Life of Muhammad|title=Sirat Rasul Allah|author1=Ibn Ishaq|author2=Ibn Hisham|author3=al-Tabari|editor=A. Guillaume|year=1955|publisher=Oxford UP|ISBN=0196360331|location=Karachi|url=https://archive.org/details/GuillaumeATheLifeOfMuhammad/page/n381/mode/2up}}|L'Apôtre l’envoya (Abu Lubaba) vers eux (Banu Qurayza), et quand ils l’ont vu, ils se sont levés pour le rencontrer. Les femmes et les enfants sont venus vers lui en pleurant sur son visage, et il en était désolé. Ils ont dit : "Ô Abu Lubaba, penses-tu que nous devrions nous soumettre au jugement de Muhammad ?" Il a répondu 'oui' et a pointé sa main vers sa gorge, signifiant un massacre.}}Cependant, les critiques de ces points de vue pro-islamiques ont souligné qu'aucune source primaire ne dit explicitement que Sa'd a basé son verdict sur la Torah et en plus, que le verset cité par les musulmans modernes du Deutéronome pour justifier l'extermination des Banu Qurayza n'est pas interprété ainsi dans les études traditionnelles chrétiennes ou surtout juives. Selon la doctrine juive, ces versets ont été révélés avant que les Israélites n'entrent dans la Terre Sainte, leur donnant des instructions spécifiques sur la manière de traiter les habitants qui y vivaient.<ref>"Muhammad’s atrocity against the Qurayza Jews" James M. Arlandson Answering Islam https://www.answering-islam.org/Authors/Arlandson/qurayza_jews.htm</ref> De plus, l'affirmation selon laquelle il n'y avait aucune animosité apparente envers les Juifs des Banu Qurayza de la part de Muhammad est contredite par le récit d'ibn Ishaq :{{Quote|Ibn Ishaq: 684 |"Lorsque l'Apôtre s’est approché de leurs forts, il (Muhammad) a dit : "Vous, frères de singes..., est-ce que Dieu vous a déshonorés et vous a apporté sa vengeance ?"<br>
Jewish anti-jihad scholar Andrew Bostrom points out that Muhammad took one of the most beautiful Jewish women of the Banu Qurayza, Rayhanah, as his wife and that the Muslims benefited handsomely from the destruction of this tribe, so self-defense was clearly not the only concern. <ref>"Muhammad, the Qurayza Massacre, and PBS" Andrew Bostom The Legacy of Jihad 10 June 2012, Archived https://www.webcitation.org/query?url=http://www.andrewbostom.org/loj//content/view/38/27/&date=2012-06-10</ref>. Abu Amina Elias's view that the Muslims took such women and children as Rayhana captive simply for their protection also cannot be true, as ibn Ishaq recounts that some of them were taken to the far-off region of the Najd to be sold for weapons and horses. Yasir Qadhi himself points out that the Banu Qurayzahwere offered freedom to live on were they to accept Islam, and according to the sira only their hard, petulant hearts which rejected Muhammad despite knowing he was a prophet of the Lord prevented them from allowing themselves to be saved by conversion to Islam. So clearly, at least in the eyes of the sirah, their Jewish religion did, in fact, have something to do with the pitilessness with which Muhammad dealt with them, going against Qadhi's point that the prophet acted without malice or religious animus according to the sources we have. Bukhari also mentions that the prophet commanded his men to abuse the Banu Qurayzahwith poetry, which was in ancient Arab times one of the premier ways of promoting enmity with an enemy (Muhammad ordered poets who did this to him to be killed):{{Quote| {{Bukhari|5|59|449}}|Narrated Al-Bara: "On the day of Qurayza’s (besiege), Allah's Apostle said to Hassan bin Thabit, 'Abuse them (with your poems), and Gabriel is with you" }}
Les Banu Qurayza ont répondu : "Ô Abu-l Qasim (Muhammad), tu n'es pas un barbare."
==Problems with the Traditional Narrative==
}}En se moquant d'eux en tant que singes, Muhammad fait écho ici au Coran, qui affirme que (certains) Juifs ont été transformés en singes pour avoir violé le sabbat (Coran 50:60). L'érudit juif anti-jihad Andrew Bostrom souligne que Muhammad a pris l'une des plus belles femmes juives de Banu Qurayza, Rayhana, comme épouse et que les musulmans ont largement bénéficié de la destruction de cette tribu, donc la légitime défense n'était clairement pas la seule préoccupation.<ref>"Muhammad, the Qurayza Massacre, and PBS" Andrew Bostom The Legacy of Jihad 10 Juin 2012, Archivé https://www.webcitation.org/query?url=http://www.andrewbostom.org/loj//content/view/38/27/&date=2012-06-10</ref> L’opinion d'Abu Amina Elias selon laquelle les musulmans ont pris des femmes et des enfants comme Rayhana en captivité simplement pour leur protection ne peut pas non plus être vraie, car ibn Ishaq relate que certains d'entre eux ont été emmenés dans la lointaine région du Najd pour être vendus contre des armes et des chevaux. Yasir Qadhi lui-même souligne que les Banu Qurayza se sont vu offrir la liberté de vivre s'ils acceptaient l'islam, et selon la Sira, seul leur cœur endurci et obstiné qui rejetait Muhammad malgré le fait de savoir qu'il était un prophète du Seigneur les empêchait de se sauver en se convertissant à l'islam. Ainsi, clairement, du moins aux yeux de la Sira, leur religion juive avait en fait quelque chose à voir avec la dureté avec laquelle Muhammad les a traités, contredisant ainsi l’opinion de Qadhi selon laquelle le prophète a agi sans malveillance ni animosité religieuse selon les sources dont nous disposons. Bukhari mentionne également que le prophète a ordonné à ses hommes d'insulter les Banu Qurayza avec de la poésie, ce qui était à l'époque arabe ancienne l'un des principaux moyens de promouvoir l'animosité envers un ennemi (Muhammad a ordonné que les poètes qui lui faisaient cela soient tués) :{{Quote| {{Bukhari|5|59|449}}|Al-Bara' ibn 'Azib a rapporté, d’après une autre chaîne de narrateurs, que le Messager d'Allah () a dit à Hassaan ibn Thabit le jour de Qurayza (lors du siège) : "Harangue-les (avec tes poèmes), car Jibril est avec toi."}}
The narrative of the Banu Qurayzahis an accepted part of Islamic law, and multiple Islamic jurists have cited it, including when ruling that certain populations of Jews and other non-believers be massacred. As such there is no question amongst orthodox Muslims that it happened <ref>"Extended Interview: The legacy of Islamic Antisemetism" Andrew Bostom andrewbostom.org  13 June 2008</ref>. Yet the historiography of the subject is not without its own problems.
==Problèmes avec le récit traditionnel==
Le récit des Banu Qurayza fait partie intégrante de la loi islamique acceptée, et plusieurs juristes islamiques l'ont cité, notamment lorsqu'ils ont statué que certaines populations juives et d'autres non-croyantes devaient être massacrées. En tant que tel, il n'y a pas de question parmi les musulmans orthodoxes quant à sa véracité.<ref>"Extended Interview: The legacy of Islamic Antisemetism" Andrew Bostom andrewbostom.org  13 Juin 2008</ref> Cependant, l'historiographie de ce sujet n'est pas sans poser de problèmes.


Within the Islamic tradition, ibn Ishaq was frequently criticized for giving too much weight to Jewish stories and being biased in general in his retellings of certain events. Malik ibn Anas accusses ibn Ishaq of being a "liar" for listening to "Jewish stories" <ref>"New Light on the Story of Banu Qurayza and the Jews of Medina", W.N Arafat 2001 p. 100-107</ref>.
Dans la tradition islamique, ibn Ishaq a souvent été critiqué pour accorder trop de poids aux récits juifs et pour être généralement partial dans ses récits de certains événements. Malik ibn Anas accuse ibn Ishaq d'être un "menteur" pour avoir écouté des "récits juifs".<ref>"New Light on the Story of Banu Qurayza and the Jews of Medina", W.N Arafat 2001 p. 100-107</ref>


Modern scholarship has cast much more serious doubts on the scholarship of Islamic scholars working in the 8th century (2nd Islamic century) such as ibn Ishaq. As Fred Donner points out, one of the earliest documents we have from the nascent proto-Islamic movement is the ''Constitution of Medina''  صحيفة مدينة also known as the Ummah Document or صحيفة الأمة. This remarkable document, preserved by the Islamic historian [[Al-Tabari]], lays out a compact for the "believers" of Medina, an "ummah" or national community that includes the Jews as "believers" on the same level as the Arab believers. Fred Donner believes this document actually points to an early, occulted history of Islam in which Arab monotheists joined with Jews into one "ummah" under the command of Muhammad. Troublingly for the historical narrative, this document makes mention of many different Jewish tribes, but the main 3 tribes of the sira, the Banu Qurayza, the Banu Qaynuqaa', and the Banu Nadir are conspicuously absent. It is in fact the absence of these tribes which convinces scholars that the document must be very old despite being preserved only in the 9th-century works of Tabari, since a younger document would presumably would have been changed to agree with the established historical narrative. Donner mentions that many early 7th century mosques do not include the qibla facing towards Mecca, and concludes that this story of the massacre of the Banu Qurayzahmay have been invented or embellished in order to explain a much later break between the Jewish and Muslim communities <ref>Muhammad and the Believers: At the Orgins of Islam, Fred Donner, Harvard University Press 2010, p. 72-73</ref>.
Les recherches modernes ont jeté de sérieux doutes sur le travail des érudits islamiques du VIIIe siècle (deuxième siècle de l'islam) tels que ibn Ishaq. Comme le souligne Fred Donner, l'un des premiers documents que nous avons de ce mouvement proto-islamique naissant est la ''Constitution de Médine'' (صحيفة مدينة), également connue sous le nom de Document de la Oumma (صحيفة الأمة). Ce document remarquable, préservé par l'historien islamique [[al-Tabari]], établit un pacte pour les "croyants" de Médine, une "oumma" ou communauté nationale qui inclut les Juifs en tant que "croyants" au même niveau que les croyants arabes. Fred Donner croit que ce document pointe en fait vers une histoire ancienne et occultée de l'islam dans laquelle les monothéistes arabes se sont joints aux Juifs pour former une "oumma" sous le commandement de Muhammad. Ce qui pose problème pour le récit historique, c'est que ce document mentionne de nombreuses tribus juives différentes, mais les trois principales tribus de la Sira, les Banu Qurayza, les Banu Qaynuqa et les Banu Nadir, sont curieusement absentes. C'est en fait l'absence de ces tribus qui convainc les chercheurs que le document doit être très ancien, bien qu'il ne soit conservé que dans les travaux du IXe siècle de Tabari, car un document plus récent aurait probablement été modifié pour correspondre au récit historique établi. Donner mentionne que de nombreuses mosquées du début du VIIe siècle n'incluent pas de qibla tournée vers La Mecque, et conclut que cette histoire du massacre des Banu Qurayza pourrait avoir été inventée ou embellie pour expliquer une rupture beaucoup plus tardive entre les communautés juive et musulmane.<ref>Muhammad and the Believers: At the Orgins of Islam, Fred Donner, Harvard University Press 2010, p. 72-73</ref>


Patricia Cronner and Michael Cook in their groundbreaking work ''Hagarism'' likewise report on an Armenian historian writing in the 7th century known as pseudo-Sabeous. This historian imputes the Arab invasions to a confederation of Jews and Arabs led by Muhammad himself, contradicting the Islamic narrative that Muhammad died before the invasion of Palestine and the Middle East. Pseudo-Sebeos likewise imputes to the Arabs and Jews a shared monotheism and brotherhood through their ancestry to Abraham and his wife Hagar <ref>Hagarism: Making of the Islamic World, Patricia Crone and Michael Cook, Cambridge University Press 1977, p. 6-8</ref>. If this account is to be believed, there could not have been any great massacre of the Jews by Muhammad as we has working with them when he invaded Palestine. Stephen Shoemaker in his work ''The Death of a Prophet'' adds further evidence to thesis of Crone and Cook, marshaling evidence from a wide variety of sources, almost all of which predate the first Islamic sources, that Muhammad himself was actually the leader of the believers when they entered Palestine and he died only after its conquest. In particular he calls attention to a Jewish apocalypse from the 7th century, the Secrets of Rabbi ben Shim'on, which seems to paint Muhammad as the redeemer of the Jews from the oppression of the Romans in the Holy Land. If this is to be believed, and this source predates every Islamic source we have, the massacre of the Banu Qurayzahcould not have taken place, since Muhammad, the leader of the invasion of Palestine, was seen as a savior of the Jewish people <ref>The Death of a Prophet, Stephen Shoemaker, University of Pennsylvania Press 2012, p. 27-33</ref>. This would seem to indicate that the break between the Muslims and the Jews took place after his death, and would indicate that stories such as the massacre of the Banu Qurayzahwere fabricated in order to "back date" the break with the Jews to the prophet's own lifetime.
Patricia Crone et Michael Cook, dans leur travail novateur intitulé Hagarism, font également état d’un historien arménien du VIIe siècle connu sous le nom de Pseudo Sébéos. Cet historien attribue les invasions arabes à une confédération de Juifs et d'Arabes dirigée par Muhammad lui-même, ce qui contredit le récit islamique selon lequel Muhammad est décédé avant l'invasion de la Palestine et du Moyen-Orient. De même, Pseudo Sébéos attribue aux Arabes et aux Juifs un monothéisme partagé et une fraternité par leur ascendance à Abraham et à sa femme Agar.<ref>Hagarism: Making of the Islamic World, Patricia Crone and Michael Cook, Cambridge University Press 1977, p. 6-8</ref> Si l’on en croit ce récit, il ne pourrait pas y avoir eu de grand massacre des Juifs par Muhammad, car il travaillait avec eux lorsqu'il a envahi la Palestine. Stephen Shoemaker, dans son ouvrage The Death of a Prophet, ajoute d'autres éléments de preuve à la thèse de Crone et Cook, rassemblant des preuves issues d'une grande variété de sources, presque toutes antérieures aux premières sources islamiques, selon lesquelles Muhammad lui-même était en fait le chef des croyants lorsqu'ils ont envahi la Palestine, et qu'il est décédé seulement après sa conquête. En particulier, il attire l'attention sur une apocalypse juive du VIIe siècle, les Secrets du Rabbi ben Shim'on, qui semble dépeindre Muhammad comme le libérateur des Juifs de l'oppression des Romains en Terre Sainte. Si l’on en croit cela, et que cette source est antérieure à toutes les sources islamiques que nous possédons, le massacre des Banu Qurayza ne pourrait pas avoir eu lieu, puisque Muhammad, le chef de l'invasion de la Palestine, était vu comme un sauveur du peuple juif.<ref>The Death of a Prophet, Stephen Shoemaker, University of Pennsylvania Press 2012, p. 27-33</ref> Cela semblerait indiquer que la rupture entre les musulmans et les Juifs a eu lieu après sa mort, et indiquerait que des histoires telles que le massacre des Banu Qurayza ont été fabriquées afin de "pré-dater" la rupture avec les Juifs à la vie même du prophète.


==See Also==
==Voir également==


*[[List of Killings Ordered or Supported by Muhammad]]
*[[List of Killings Ordered or Supported by Muhammad]]


==External Links==
==Liens externes==


*[http://www.answering-islam.org/Muhammad/Jews/BQurayza/index.html What really happened to the Banu] ''- Collection of articles from Answering Islam''
*[http://www.answering-islam.org/Muhammad/Jews/BQurayza/index.html What really happened to the Banu] ''- collection d'articles de Answering Islam''


*[https://www.call-to-monotheism.com/rebuttal_to_answering_islam_s_article__the_bani_quraytha_jews__traitors_or_betrayed_ Rebuttal to Answering Islam's Article "The Bani Quraytha Jews: Traitors or Betrayed?] - ''Muslim Rebuttal to Answering Islam's Article "The Bani Quraytha Jews: Traitors or Betrayed?"''
*[https://www.call-to-monotheism.com/rebuttal_to_answering_islam_s_article__the_bani_quraytha_jews__traitors_or_betrayed_ Rebuttal to Answering Islam's Article "The Bani Quraytha Jews: Traitors or Betrayed?] - ''Muslim Rebuttal to Answering Islam's Article "The Bani Quraytha Jews: Traitors or Betrayed?"''
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*[{{Reference archive|1=http://www.kister.huji.ac.il/sites/default/files/banu_qurayza.pdf|2=2012-06-10}} Massacre of the Banū Qurayẓa: A Re-Examination of a Tradition] ''- M. J. Kister, Jerusalem Studies in Arabic and Islam 8 (1986): 61-96''
*[{{Reference archive|1=http://www.kister.huji.ac.il/sites/default/files/banu_qurayza.pdf|2=2012-06-10}} Massacre of the Banū Qurayẓa: A Re-Examination of a Tradition] ''- M. J. Kister, Jerusalem Studies in Arabic and Islam 8 (1986): 61-96''


==References==
==Références==
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[[Category:Muhammad]]
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Détail d'une peinture miniature : Le Prophète, Ali, et ses compagnons lors du massacre des prisonniers de la tribu Juive des Banu Qurayza, illustration d'un texte du XIXe siècle de Muhammad Rafi Bazil.

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Selon les sources islamiques traditionnelles, en 627 après J.-C., à la suite de la Bataille de la Tranchée et de la trahison des Musulmans par la tribu juive des Banu Qurayza, les Musulmans, sous le commandement militaire direct du prophète Muhammad, ont assiégé le camp des Banu Qurayza. Après un siège d'environ 2 semaines, selon les sources, les Juifs des Banu Qurayza se sont rendus et ont confié leur sort à un intermédiaire de confiance des Musulmans de la tribu des 'Aws, Sa'd ibn Mu'adh. Cependant, Sa'd ibn Mu'adh a conseillé à Muhammad de massacrer les hommes de la tribu et de vendre les femmes et les enfants comme esclaves. Muhammad a suivi ce conseil et, par conséquent, entre 400 et 900 prisonniers de la tribu, incluant des enfants montrant des signes de puberté, ont été abattus, beaucoup devant leur famille, et le reste de la tribu a été vendu en esclavage. L'événement est bien attesté dans la tradition historique islamique et a servi de base à de multiples décisions tout au long de l'histoire concernant le traitement des non-Musulmans capturés par les forces militaires Musulmanes.

Contexte

Selon ibn Ishaq, les raids agressifs constants et la propension à la guerre de Muhammad avaient poussé les Mecquois, en alliance avec les tribus juives que Muhammad avait expulsées de Yathrib et la tribu arabe du nord, les Ghatafan, à mettre fin à ce prédicateur et à son mouvement une fois pour toutes. Les trois tribus juives originelles de Médine, les Banu Nadir, les Banu Qaynuqa et les Banu Qurayza, avaient vu leur nombre diminuer à une seule car Muhammad avait expulsé les Banu Nadir et les Banu Qaynuqa de Médine pour des prétextes différents. Pendant ce temps, leurs biens, y compris leurs précieux palmiers, avaient été saisis par Muhammad et les Musulmans. Avec les Mecquois et les Ghatafan, les tribus juives exilées de Médine avaient formé une alliance et rassemblé une armée dont les effectifs sont donnés dans la Sira comme étant d'environ 10 000 hommes, dont plus de 600 cavaliers montés, contre très peu de cavalerie pour les Musulmans, et 7 000 hommes plus puissants que l'armée qui avait vaincu Muhammad et les Musulmans à Uhud. A cette époque, Muhammad ne pouvait compter que sur une force d'environ 3 000 hommes. Muhammad a reçu la nouvelle de leur avance et a commencé à prendre des dispositions. Un compagnon perse du Prophète nommé Salman, apparemment un vétéran des nombreuses guerres opposant les Sassanides face aux Romains, a conseillé que lorsqu'on était confronté à un grand nombre de cavaliers ennemis comme ceux que possédaient les Juifs confédérés et les Mecquois, une bonne stratégie était de creuser une tranchée défensive. Il a été décidé de poursuivre cette stratégie.[1] Les Banu Qurayza n’ont pas fourni d'hommes pour aider, mais ont donné des outils de retranchement et la stratégie des Musulmans a reposé sur les Banu Qurayza, dont le fort se trouvait à l'arrière des défenses Musulmanes, ne rompant pas leur alliance avec Muhammad et ne se joignant pas aux confédérés. La stratégie de la tranchée a fonctionné pour remporter la bataille contre les Mecquois et leurs alliés, et les confédérés ont été repoussés sans beaucoup de pertes pour les Musulmans, mais cela n’a pas mis fin aux combats.

Le récit selon la Sira

La série d'événements menant à la destruction des Banu Qurayza a commencé lors de la Bataille de la Tranchée. Incapables de briser les défenses des Musulmans Médinois, les Mecquois ont envoyé un émissaire de leurs alliés juifs, "l'ennemi d'Allah, Huyayy ibn Akhtab An-Nadri",[2] aux Banu Qurayza dans le but de solliciter leur aide et de mettre fin à l'impasse en attaquant Muhammad et les Musulmans à l'arrière de leurs défenses. Selon Ibn Ishaq, initialement, le chef des Banu Qurayza, Ka'b ibn Asad al-Qurayzi, n’a même pas permis à Huyayy ibn Akhtab d'entrer dans le camp, mais a été incité à le faire suite à l'accusation de Huyayy selon laquelle ibn Ka'b ne voulait pas partager sa nourriture. Ibn Ishaq ne précise pas comment il sait cela, mais il affirme que la négociation a échoué en raison de l'insistance des Qurayza pour que les Mecquois offrent des otages afin de garantir qu'ils ne quitteraient pas le champ de bataille tant que Muhammad ne serait pas vaincu (bien qu'ils ont effectivement quitté le champ sans avoir vaincu Muhammad). Selon Ibn Ishaq, les Banu Qurayza, après de nombreux "plaidoyers", ont seulement accepté de ne pas aider les Musulmans ni d’entraver ou de combattre les confédérés. Ibn Ishaq présente comme preuve de la perfidie des Banu Qurayza une chaîne d'Isnad de Yahya ibn ‘Abbaad ibn ‘Abdullah ibn Az-Zubayr avec une histoire selon laquelle une femme musulmane, Safiyah bint ‘AbdulMuttalib, qui a vu un éclaireur juif des Banu Qurayza reconnaître une fortification musulmane se préparer à une attaque. Elle en a informé le commandant du fort, Hassan, et lui a demandé de tuer l'éclaireur, et lorsqu'il a refusé, elle a pris un gourdin et est allé battre l'homme à mort.[3] En dehors de cela, Ibn Ishaq ne présente aucune preuve que les Juifs des Banu Qurayza étaient de mèche avec les confédérés. Cependant, il relate qu'Allah a "semé la discorde" entre les confédérés et les Banu Qurayza, ce qui a conduit les Mecquois à battre en retraite sans avoir vaincu Muhammad ou a mené une attaque coordonnée contre les Musulmans avec les Banu Qurayza.[4]

La Bataille de la Tranchée étant remportée, Muhammad et ses hommes ont déposé leurs armes et outils de retranchement pour rentrer chez eux. Cependant, selon la Sira, Allah avait d'autres plans. L'ange Jibril est apparu à Muhammad juste après qu'il ait déposé son arme et l’a informé que la bataille n'était pas encore terminée car il fallait s’occuper du cas des Juifs des Banu Qurayza en raison de leur trahison mentionnée ci-dessus. Muhammad a informé ses hommes qu'ils ne devaient pas faire la prière de Asr avant d'atteindre le camp des Banu Qurayza, ce qui signifiait qu'il voulait qu'ils s'y rendent rapidement. Les Musulmans ont assiégé le camp pendant des périodes de durées différentes selon la source (Ibn Ishaq affirme 25 jours avant que "Allah ne jette la terreur dans leurs cœurs"). Les Banu Qurayza ont reçu l’ordre de se rendre et d'accepter l'Islam, ce qu'ils ont juré de ne jamais faire. Désespérés de leur situation, selon Ibn Ishaq, ils ont discuté de trois options : accepter l'Islam, tuer leurs femmes et leurs enfants et se lancer dans une attaque de style banzaï contre les forces musulmanes numériquement supérieures (peut-être que les commentateurs modernes l’ont ajoutée en émulation de leurs prédécesseurs religieux à Massada en Palestine), ou s’engager dans une attaque sournoise le jour du sabbat Juif. Les Juifs des Banu Qurayza ont trouvé inacceptables les options proposées.

Incapables de prendre une décision et assiégés pendant des semaines, les Banu Qurayza ont demandé à parler à Abu Lubaba, un homme de la tribu des 'Aws, leurs alliés. Abu Lubaba, interrogé sur ce que les Banu Qurayza devaient faire, leur a conseillé de se rendre au Prophète, mais en même temps il a levé la main vers son cou, indiquant qu'ils seraient massacrés.[5] Après son départ, il a estimé que son action de révéler aux Banu Qurayza leur destin était une trahison envers le Prophète, et il s’est attaché à un pilier pour demander le pardon d'Allah, un acte que Muhammad a approuvé. Malgré cet avertissement, les Banu Qurayza se sont rendus aux Musulmans le jour suivant.[6]

La tribu des 'Aws, alliée des Banu Qurayza au temps de la jahiliyyah, a demandé miséricorde pour eux auprès du Prophète. Le Prophète, ne voulant pas causer de dissension dans ses rangs (les serments et les alliances de loyauté étaient très importants dans la société tribale arabe, car en l'absence de tribunaux et de gouvernements établis, la seule garantie de sécurité et de justice qui pouvait être obtenue était la promesse de protection des alliés en cas de meurtre, de querelles familiales ou de guerre), a confié le sort des Banu Qurayza à un ancien cheikh de confiance des 'Aws, Sa‘d ibn Mu‘adh, qui avait été mortellement blessé pendant la bataille et est mort peu de temps après le massacre des Banu Qurayza. Une fois que Sa'd ibn Mu'adh s’est assuré que les Banu Qurayza et le Prophète respecteraient son jugement, quel qu'il soit, il l’a donné sans hésitation : les hommes des Banu Qurayza devaient être exécutés jusqu'au dernier, tandis que les femmes et les enfants devaient être vendus comme esclaves. Certains auteurs affirment que Sa'd ibn Mu‘adh a justifié cette décision en déclarant qu’elle provenait de la Torah des Juifs. Certains d’entre eux citent à Deutéronome 20 : 12-14 qui se lit comme suit :

וְאִם  לֹ֤א  תַשְׁלִים֙ עִמָּ֔ךְ  וְעָשְׂתָ֥ה  עִמְּךָ֖ מִלְחָמָ֑ה  וְצַרְתָּ֖  עָלֶֽיהָ וּנְתָנָ֛הּ  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  בְּיָדֶ֑ךָ  וְהִכִּיתָ֥ אֶת  כָּל  זְכוּרָ֖הּ לְפִי  חָֽרֶב  רַ֣ק  הַ֠נָּשִׁים  וְהַטַּ֨ף וְהַבְּהֵמָ֜ה  וְכֹל֩  אֲשֶׁ֨ר יִהְיֶ֥ה  בָעִ֛יר  כָּל־  שְׁלָלָ֖הּ  תָּבֹ֣ז לָ֑ךְ  וְאָֽכַלְתָּ֙  אֶת  שְׁלַ֣ל  אֹיְבֶ֔יךָ אֲשֶׁ֥ר  נָתַ֛ן  יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ  לָֽךְ
Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés.
Deutéronome 20:12-14

Bien que les Musulmans modernes citent ce verset pour justifier le verdict de Sa'd, aucune source primaire ne dit explicitement que Sa'd a basé son verdict sur la Torah et en plus, il convient de noter que ni la tradition Juive ni la tradition Chrétienne ne comprennent ce verset comme une règle générale pour la guerre, mais plutôt comme un commandement spécifique aux Juifs sous le commandement de Josué qui combattaient les peuples païens de la Terre Sainte. Il n'a généralement pas été utilisé par l'une ou l'autre religion pour justifier le genre de massacre qui a eu lieu à Médine dans d'autres contextes historiques.

Les prisonniers ainsi condamnés ont été gardés dans la maison ou le campement d'une femme musulmane d’Al-Harith de la tribu des Banu Najjar. Le matin, ils ont été conduits vers une tranchée qui avait été creusée dans le marché de la ville, et exécutés par décapitation.[7] Selon la Sira d'Ibn Ishaq, une femme était parmi eux. Les autres femmes et les enfants ont été donnés comme esclaves sexuels et de travail aux Musulmans, seuls les garçons qui n'avaient pas encore atteint la puberté ont été autorisés à vivre. Selon la Sira, le butin en armes et en pillages était substantiel, mais Muhammad a quand même envoyé des femmes et des enfants pour être vendus au Najd afin d’obtenir plus de chevaux et d'armes.[8] Comme c'était la coutume, Muhammad a reçu sa part du butin, y compris sa part des femmes, notamment une belle Juive nommée Rayhana dont le mari avait été décapité. Le reste a été distribué à tous les autres Musulmans, un Musulman à cheval recevant trois fois le butin d'un fantassin.[9]

Les récits selon le tafsir

Le célèbre mufassir ibn Kathir, s'appuyant sur ses propres sources ainsi que sur de nombreux autres commentateurs classiques, dans son commentaire sur la sourate 33 Al-Ahzab "Les Coalisés", réaffirme bon nombre de détails pertinents du récit de la Sira. En particulier, ibn Kathir interprète la dénonciation des Gens du Livre dans le Coran comme des Juifs perfides de la tribu des Banu Qurayza qui ont trahit le prophète.

وَلِهَذَا قَالَ تَعَالَى: ﴿وَأَنزلَ الَّذِينَ ظَاهَرُوهُمْ﴾ أَيْ: عَاوَنُوا الْأَحْزَابَ وَسَاعَدُوهُمْ عَلَى حَرْبِ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ ﴿مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ﴾ يَعْنِي: بَنِي قُرَيْظَةَ مِنَ الْيَهُودِ، مِنْ بَعْضِ أَسْبَاطِ بَنِي إِسْرَائِيلَ، كَانَ قَدْ نَزَلَ آبَاؤُهُمُ الْحِجَازَ قَدِيمًا، طَمَعًا فِي اتِّبَاعِ النَّبِيَّ الْأُمِّيَّ الذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِنْدَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالْإِنْجِيلِ، ﴿فَلَمَّا جَاءَهُمْ مَا عَرَفُوا كَفَرُوا بِه﴾ [الْبَقَرَةِ: ٨٩] ، فَعَلَيْهِمْ لَعْنَةُ اللَّهِ. Et c'est ainsi que le Très-Haut a dit : "Ceux qui les avaient soutenus (les confédérés) sont descendus", c'est-à-dire qu’ils ont soutenu les coalisés et les ont aidés dans la guerre contre le Messager d'Allah (que la prière d’Allah et Sa paix soient sur lui). "De la part des Gens du Livre", c’est-à-dire des Juifs de la tribu des Banu Qurayza, descendants des Enfants d'Israël, dont les ancêtres étaient autrefois venus dans la région du Hijaz, aspirant à suivre le Prophète illettré qu'ils trouvaient mentionné dans la Torah et l'Evangile. Mais quand il est venu à eux, ils ne l’ont pas reconnu et l’ont rejeté, [Al-Baqara: 89], la malédiction d'Allah a donc été sur eux.
Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran

Il fait référence ici à la sourate 33 :

Et Il a fait descendre de leurs forteresses ceux des gens du Livre qui les avaient soutenus [les coalisés], et Il a jeté l'effroi dans leurs cœurs; un groupe d'entre eux vous tuiez, et un groupe vous faisiez prisonniers. Et Il vous a fait hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, et aussi une terre que vous n'aviez point foulée. Et Allah est Omnipotent.

Ibn Kathir confirme que ce sont les anges eux-mêmes qui ont imploré Muhammad de ne pas cesser de combattre :

وَرَجَعَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ إِلَى الْمَدِينَةِ مُؤَيَّدًا مَنْصُورًا، وَوَضَعَ النَّاسُ السِّلَاحَ. فَبَيْنَمَا رَسُولُ اللَّهِ ﷺ يَغْتَسِلُ(٤) مِنْ وَعْثَاءِ تِلْكَ الْمُرَابَطَةِ فِي بَيْتِ أُمِّ سَلَمَةَ

إِذْ تَبَدَّى لَهُ جِبْرِيلُ مُعْتَجِرًا بِعِمَامَةٍ مِنْ إِسْتَبْرَقٍ، عَلَى بَغْلَةٍ عَلَيْهَا قَطِيفَةٌ [مِنْ](٥) دِيبَاجٍ، فَقَالَ: أوضَعت السِّلَاحَ يَا رَسُولَ اللَّهِ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّ الْمَلَائِكَةَ لَمْ تَضَعْ أَسْلِحَتَهَا، وَهَذَا الْآنَ رُجُوعِي مِنْ طَلَبِ الْقَوْمِ. ثُمَّ قَالَ: إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُكَ أَنْ تَنْهَضَ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ. وَفِي رِوَايَةٍ فَقَالَ لَهُ: عذيرَك مِنْ مُقَاتِلٍ، أَوَضَعْتُمُ السِّلَاحَ؟ قَالَ: "نَعَمْ". قَالَ: لَكِنَّا لَمْ نَضَعْ أَسْلِحَتَنَا بَعْدُ، انْهَضْ إِلَى هَؤُلَاءِ. قَالَ: "أَيْنَ؟ ". قَالَ: بَنِي قُرَيْظَةَ، فَإِنَّ اللَّهَ أَمَرَنِي أَنْ أُزَلْزِلَ عَلَيْهِمْ. فَنَهَضَ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ مِنْ فَوْرِهِ، وَأَمَرَ النَّاسَ بِالْمَسِيرِ إِلَى بَنِي قُرَيْظَةَ، وَكَانَتْ عَلَى أَمْيَالٍ مِنَ الْمَدِينَةِ، وَذَلِكَ بَعْدَ صَلَاةِ الظُّهْرِ، وَقَالَ: "لَا يُصَلِّيَنَّ أَحَدٌ مِنْكُمُ الْعَصْرَ إِلَّا فِي بَنِي قُرَيْظَةَ".


Le Messager d'Allah (ﷺ) est retourné triomphant à Médine et les gens ont déposés leurs armes. Pendant que le Messager d'Allah (ﷺ) se nettoyait de la poussière de la bataille dans la maison d'Oumm Salama, Gabriel s’est manifesté à lui, vêtu d'un turban en soie de couleur blanche et monté sur une mule avec une selle recouverte d’un tissu de velours. Il a dit : "As-tu déposé tes armes, ô Messager d'Allah ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais les anges n'ont pas encore déposé leurs armes, et je reviens à l’instant de la poursuite contre cette tribu." Puis il a ajouté : "Allah te commande de te lever et de marcher vers les Banu Qurayza." Dans une autre version, il lui a dit : "Quel combattant es-tu ! As-tu déposé les armes ?" Il a répondu : "Oui". Gabriel a dit alors : "Mais nous n'avons pas encore déposé nos armes. Lève-toi et dirige-toi vers eux." Le Prophète (ﷺ) a demandé : "Où ?" Gabriel a répondu : "Vers les Banu Qurayza, car Allah m'a ordonné de les ébranler." Le Messager d'Allah (ﷺ) s’est immédiatement levé, a ordonné aux gens de marcher vers les Banu Qurayza, situés à quelques miles de Médine, après la prière d’az-Zuhr, et a dit : "Que personne d'entre vous ne fasse la prière de Asr sauf chez les Banu Qurayza."
Tafisr d'ibn Kathir sur la sourate 33 du Coran

Ainsi, selon ibn Kathir, le destin des Banu Qurayza était le résultat de leurs propres actions, un destin approuvé et commandé par le ciel lui-même. Selon ibn Kathir, leur destin était exactement ce qu'ibn Ishaq avait décrit :

فَقَالَ: إِنِّي أَحْكُمُ أَنْ تُقْتَلَ مُقَاتلتهم، وتُسبْى ذُرِّيَّتُهُمْ وَأَمْوَالُهُمْ. فَقَالَ لَهُ رَسُولُ اللَّهِ ﷺ: "لَقَدْ حَكَمْتَ بِحُكْمِ اللَّهِ مِنْ فَوْقِ سَبْعَةِ أَرْقِعَةٍ"(٨) . وَفِي رِوَايَةٍ: "لَقَدْ حكمتَ بِحُكْمِ المَلك". ثُمَّ أَمْرَ رَسُولِ اللَّهِ ﷺ بِالْأَخَادِيدِ فَخُدّت فِي الْأَرْضِ، وَجِيءَ بِهِمْ مُكْتَفِينَ، فَضَرَبَ أَعْنَاقَهُمْ، وَكَانُوا مَا بَيْنَ السَّبْعِمِائَةِ إِلَى الثَّمَانِمِائَةِ، وَسَبَى مَنْ لَمْ يُنبت مِنْهُمْ مَعَ النِّسَاءِ وَأَمْوَالِهِمْ(٩)


Alors il (Sa’d) a dit : "Mon jugement est que les hommes en âge de combattre soient tués, et que leurs familles et leurs biens soient pris comme butin." Le Prophète (ﷺ) a dit : "Tu as prononcé le jugement d'Allah au-dessus des sept cieux." Dans un autre récit : "Tu as jugé avec le jugement du Roi (Allah)." Ensuite, le Messager d'Allah a ordonné que des fossés soient creusés, ils ont donc été creusés dans la terre, et ils ont été amenés, mains liées, et ont été décapités. Il y en avait entre sept cents et huit cents. Les enfants qui n'avaient pas encore atteint la puberté et les femmes ont été faits prisonniers, et leurs biens saisis.
Tafsir d'ibn Kathir de la sourate 33 du Coran

Les récits selon les hadiths

Les hadiths de Bukhari témoignent des incidents décrits par Ishaq. Bukhari confirme que ce sont les anges qui ont décrété que la guerre soit menée contre les Banu Qurayza.

Rapporté par Aicha : Quand le Messager d’Allah (ﷺ) est revenu le jour (de la bataille) d’Al-Khandaq (c.-à-d. la Tranchée), il déposa ses armes et prit un bain. Alors Gabriel, dont la tête était couverte de poussière, est venu à lui en disant : "Tu as déposé tes armes ! Par Allah, je n’ai pas encore déposé mes armes." Le Messager d’Allah (ﷺ) a dit : "Où (aller maintenant) ?" Gabriel a dit : "Par-là," en pointant vers la tribu des Banu Qurayza. Alors le Messager d’Allah (ﷺ) est parti vers eux.

De même, il confirme que c'est Sa'd qui les a condamnés à leur destin.

Rapporté par Abu Saʿid al-Khudri : "Certaines personnes (c.-à-d. les Juifs des Banu Qurayza) ont décidé d’accepter le verdict de Sa'd ibn Mu'adh alors le Prophète fit qu’on aille le chercher (ﷺ) (c.-à-d. Sa'd ibn Mu'adh). Il est venu monté sur un âne, et quand il s’est approché de la mosquée, le Prophète (ﷺ) a dit : Levez-vous pour le meilleur parmi vous, ou a dit, levez-vous pour votre chef. Puis le Prophète (ﷺ) a dit : "Ô Sa’d ! Ces gens ont accepté de recevoir ton verdict. Sa’d a dit : Je juge que leurs guerriers doivent être tués et que leurs enfants et leurs femmes doivent être pris comme captifs. Le Prophète a dit : Tu as rendu un jugement similaire au Jugement d’Allah (ou le jugement du Roi)."

D'ailleurs, Bukhari mentionne que même si ibn Sa'd a été appelé à rendre un jugement équitable aux Banu Qurayza en tant qu'ancien allié, en réalité, il est décédé des suites de blessures subies lors de la Bataille du Fossé, souhaitant la mort aux infidèles.

Aicha a rapporté : "Sa’d a été blessé le jour de la Tranchée par un homme de la tribu des Quraysh, nommé Hibban ibn al-Arqah qui l'a frappé avec une flèche. Le Prophète (ﷺ) a dressé une tente pour Sa’d dans la Mosquée pour qu'il puisse être à proximité du Prophète (ﷺ) pour des visites. Lorsque le Prophète (ﷺ) est revenu de la Bataille de la Tranchée et a déposé ses armes et s'est lavé, Gabriel est venu à lui en secouant la poussière de sa tête et a dit : « As-tu déposé tes armes ? » Le Prophète (ﷺ) a répondu : « Par Allah, je ne les ai pas déposées. Sors vers eux (pour les attaquer). » Le Prophète (ﷺ) a demandé : « Où ? » Gabriel a pointé vers les Banu Qurayza. Ainsi, le Messager d'Allah (ﷺ) est allé vers eux (c’-à-d assiéger les Banu Qurayza). Ils se sont ensuite rendus au jugement du Prophète (ﷺ), mais il les a dirigés vers Sa’d pour donner son verdict à leur sujet. Sa’d a dit : « Je juge que leurs guerriers soient tués, leurs femmes et leurs enfants pris comme captifs, et leurs biens distribués. » Hisham a rapporté : « Mon père m'a informé qu'Aicha a dit que Sad a dit : ‘’Ô Allah ! Tu sais qu'il n'y a rien de plus cher pour moi que de combattre dans Ta cause contre ceux qui ont mécrus en Ton Prophète et l'ont expulsé de La Mecque. Ô Allah ! Je pense que Tu as mis fin au combat entre nous et eux (c'est-à-dire, les infidèles Quraysh). Et s'il reste encore un combat avec les Quraysh (infidèles), alors garde-moi en vie jusqu'à ce que je les combatte pour Ton intérêt. Mais si Tu as mis fin à la guerre, alors laisse cette blessure éclater et causer ma mort.’’ Ainsi, le sang a jailli de la blessure. Il y avait une tente dans la Mosquée appartenant aux Banu Ghifar qui ont été surpris par le sang qui coulait vers eux. Ils ont dit : « Ô gens de la tente ! Qu'est-ce que cette chose qui vient de votre côté ? » Voilà que le sang coulait abondamment de la blessure de Sa’d. Sa’d est alors mort à cause de cela."

Bukhari mentionne également le sort des Banu Qurayza, exécuté conformément au jugement de Sa’d.

Rapporté par ibn Omar : Les Banu Nadir et les Banu Qurayza se sont battus (contre le Prophète (ﷺ) violant leur traité de paix), alors le Prophète a exilé les Banu Nadir et a permis aux Banu Qurayza de rester chez eux (à Médine) en ne leur prenant rien jusqu’à ce qu’ils se battent à nouveau contre le Prophète (ﷺ). Il a ensuite tué leurs hommes et distribué leurs femmes, enfants et biens parmi les musulmans, mais certains d’entre eux sont venus voir le Prophète (ﷺ) qui leur a accordé la sécurité, et ils ont embrassé l’Islam. Il a exilé tous les Juifs de Médine. Il s’agissait des Juifs des Banu Qaynuqa, la tribu d’Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha et tous les autres Juifs de Médine.


Il a été rapporté sur l’autorité d’ibn Omar que les Juifs des Banu Nadir et des Banu Qurayza ont combattu contre le Messager d’Allah (ﷺ) qui a expulsé les Banu Nadir, et a permis aux Qurayza de rester en leur accordant la faveur jusqu’à ce qu’ils aient eux aussi combattu contre lui. Puis, il a tué leurs hommes, et a distribué leurs femmes, leurs enfants et leurs biens parmi les musulmans, sauf que certains d’entre eux, en rejoignant le Messager d’Allah (ﷺ) et en embrassant l’Islam, ont été épargnés. Le Messager d'Allah (ﷺ) a chassé tous les Juifs de Médine, y compris les Banu Qaynuqa, qui étaient les partisans d'Abdullah ibn Salam, les Juifs des Banu Haritha, ainsi que tous les Juifs de Médine.

Le Sunan d’Abu Dawud nous raconte exactement comment il était déterminé si un jeune homme serait épargné, en fonction de s'il avait atteint ou non la puberté :

Rapporté par Atiyyah al-Qurazi : "J’étais parmi les captifs des Banu Qurayza. Ils (les compagnons) nous ont examinés, et ceux qui avaient commencé à avoir des poils (pubis) ont été tués, et ceux qui n’en avaient pas non pas été tués. J’étais parmi ceux qui n’avaient pas de poils pubiens."

Perspectives et visions contemporaines

Dans l'extrait ci-dessus, le savant musulman Yasir Qadhi, très respecté pour ses diplômes de l'université islamique de Médine ainsi que de Yale, avance l'argument selon lequel Muhammad avait fait face à une trahison et qu'il avait pris les mesures punitives maximales contre celle-ci. Qadhi soutient que le prophète était justifié à chaque étape et a montré autant de retenue que nécessaire, étant motivé purement par des préoccupations en matière d'art de gouverner et de pragmatisme, et non par la malice. Comme il le dit, il est possible d'accuser le prophète d'être "dur" mais pas d'agir avec malveillance envers les Banu Qurayza ou les Juifs en général, car cela ne serait pas "académiquement valide". Ibn Ishaq avance le même point :

Alors Abu Sufyan dit : "Ô Quraysh, nous ne sommes pas dans un campement permanent ; les chevaux et les chameaux meurent ; les Banu Qurayza ont rompu leur parole envers nous et nous avons entendu des rapports troublants à leur sujet. Vous pouvez voir la violence du vent qui ne nous laisse ni marmites, ni feu, ni tentes sur lesquelles compter. Partons, car je m'en vais."
Ibn Ishaq: 683

Yasir Qadhi affirme que la punition était "dure" mais qu'il est parfois nécessaire d'être dur. Le chercheur de l'Institut Yaqeen, Abu Amina Elias (Justin Parrott), fait remarquer que tuer les prisonniers combattants mâles des Banu Qurayza était un "acte de légitime défense" de la part de la communauté musulmane et cite Deutéronome 20:12-14 pour justifier les actions des musulmans. Il affirme également que le prophète n'a envoyé ses hommes armés que pour "se défendre" et que les femmes et les enfants des Banu Qurayza ont été emmenés "en captivité" pour leur protection puisque tous leurs hommes avaient été massacrés.[10] Karen Armstrong, dans son livre A Short History of Islam, affirme également : "La lutte n'indiquait aucune hostilité envers les Juifs en général, mais seulement envers les trois tribus rebelles. Le Coran a continué de vénérer les prophètes juifs et a exhorté les musulmans à respecter les Gens du Livre."[11] Ces arguments font écho aux arguments originaux trouvés dans le matériel ci-dessus. Ibn Ishaq affirme que les Juifs des Banu Qurayza représentaient une menace pour les musulmans par leur trahison et dépeint Muhammad comme hésitant à décider de leur sort. Ibn Ishaq relate même à quel point la punition était "dure" :

L'Apôtre l’envoya (Abu Lubaba) vers eux (Banu Qurayza), et quand ils l’ont vu, ils se sont levés pour le rencontrer. Les femmes et les enfants sont venus vers lui en pleurant sur son visage, et il en était désolé. Ils ont dit : "Ô Abu Lubaba, penses-tu que nous devrions nous soumettre au jugement de Muhammad ?" Il a répondu 'oui' et a pointé sa main vers sa gorge, signifiant un massacre.
Ibn Ishaq; Ibn Hisham; al-Tabari, A. Guillaume, ed, Sirat Rasul Allah [The Life of Muhammad], Karachi: Oxford UP, p. 462 (paragraphe: 686), ISBN 0196360331, 1955, https://archive.org/details/GuillaumeATheLifeOfMuhammad/page/n381/mode/2up 

Cependant, les critiques de ces points de vue pro-islamiques ont souligné qu'aucune source primaire ne dit explicitement que Sa'd a basé son verdict sur la Torah et en plus, que le verset cité par les musulmans modernes du Deutéronome pour justifier l'extermination des Banu Qurayza n'est pas interprété ainsi dans les études traditionnelles chrétiennes ou surtout juives. Selon la doctrine juive, ces versets ont été révélés avant que les Israélites n'entrent dans la Terre Sainte, leur donnant des instructions spécifiques sur la manière de traiter les habitants qui y vivaient.[12] De plus, l'affirmation selon laquelle il n'y avait aucune animosité apparente envers les Juifs des Banu Qurayza de la part de Muhammad est contredite par le récit d'ibn Ishaq :

"Lorsque l'Apôtre s’est approché de leurs forts, il (Muhammad) a dit : "Vous, frères de singes..., est-ce que Dieu vous a déshonorés et vous a apporté sa vengeance ?"

Les Banu Qurayza ont répondu : "Ô Abu-l Qasim (Muhammad), tu n'es pas un barbare."


Ibn Ishaq: 684

En se moquant d'eux en tant que singes, Muhammad fait écho ici au Coran, qui affirme que (certains) Juifs ont été transformés en singes pour avoir violé le sabbat (Coran 50:60). L'érudit juif anti-jihad Andrew Bostrom souligne que Muhammad a pris l'une des plus belles femmes juives de Banu Qurayza, Rayhana, comme épouse et que les musulmans ont largement bénéficié de la destruction de cette tribu, donc la légitime défense n'était clairement pas la seule préoccupation.[13] L’opinion d'Abu Amina Elias selon laquelle les musulmans ont pris des femmes et des enfants comme Rayhana en captivité simplement pour leur protection ne peut pas non plus être vraie, car ibn Ishaq relate que certains d'entre eux ont été emmenés dans la lointaine région du Najd pour être vendus contre des armes et des chevaux. Yasir Qadhi lui-même souligne que les Banu Qurayza se sont vu offrir la liberté de vivre s'ils acceptaient l'islam, et selon la Sira, seul leur cœur endurci et obstiné qui rejetait Muhammad malgré le fait de savoir qu'il était un prophète du Seigneur les empêchait de se sauver en se convertissant à l'islam. Ainsi, clairement, du moins aux yeux de la Sira, leur religion juive avait en fait quelque chose à voir avec la dureté avec laquelle Muhammad les a traités, contredisant ainsi l’opinion de Qadhi selon laquelle le prophète a agi sans malveillance ni animosité religieuse selon les sources dont nous disposons. Bukhari mentionne également que le prophète a ordonné à ses hommes d'insulter les Banu Qurayza avec de la poésie, ce qui était à l'époque arabe ancienne l'un des principaux moyens de promouvoir l'animosité envers un ennemi (Muhammad a ordonné que les poètes qui lui faisaient cela soient tués) :

Al-Bara' ibn 'Azib a rapporté, d’après une autre chaîne de narrateurs, que le Messager d'Allah (ﷺ) a dit à Hassaan ibn Thabit le jour de Qurayza (lors du siège) : "Harangue-les (avec tes poèmes), car Jibril est avec toi."

Problèmes avec le récit traditionnel

Le récit des Banu Qurayza fait partie intégrante de la loi islamique acceptée, et plusieurs juristes islamiques l'ont cité, notamment lorsqu'ils ont statué que certaines populations juives et d'autres non-croyantes devaient être massacrées. En tant que tel, il n'y a pas de question parmi les musulmans orthodoxes quant à sa véracité.[14] Cependant, l'historiographie de ce sujet n'est pas sans poser de problèmes.

Dans la tradition islamique, ibn Ishaq a souvent été critiqué pour accorder trop de poids aux récits juifs et pour être généralement partial dans ses récits de certains événements. Malik ibn Anas accuse ibn Ishaq d'être un "menteur" pour avoir écouté des "récits juifs".[15]

Les recherches modernes ont jeté de sérieux doutes sur le travail des érudits islamiques du VIIIe siècle (deuxième siècle de l'islam) tels que ibn Ishaq. Comme le souligne Fred Donner, l'un des premiers documents que nous avons de ce mouvement proto-islamique naissant est la Constitution de Médine (صحيفة مدينة), également connue sous le nom de Document de la Oumma (صحيفة الأمة). Ce document remarquable, préservé par l'historien islamique al-Tabari, établit un pacte pour les "croyants" de Médine, une "oumma" ou communauté nationale qui inclut les Juifs en tant que "croyants" au même niveau que les croyants arabes. Fred Donner croit que ce document pointe en fait vers une histoire ancienne et occultée de l'islam dans laquelle les monothéistes arabes se sont joints aux Juifs pour former une "oumma" sous le commandement de Muhammad. Ce qui pose problème pour le récit historique, c'est que ce document mentionne de nombreuses tribus juives différentes, mais les trois principales tribus de la Sira, les Banu Qurayza, les Banu Qaynuqa et les Banu Nadir, sont curieusement absentes. C'est en fait l'absence de ces tribus qui convainc les chercheurs que le document doit être très ancien, bien qu'il ne soit conservé que dans les travaux du IXe siècle de Tabari, car un document plus récent aurait probablement été modifié pour correspondre au récit historique établi. Donner mentionne que de nombreuses mosquées du début du VIIe siècle n'incluent pas de qibla tournée vers La Mecque, et conclut que cette histoire du massacre des Banu Qurayza pourrait avoir été inventée ou embellie pour expliquer une rupture beaucoup plus tardive entre les communautés juive et musulmane.[16]

Patricia Crone et Michael Cook, dans leur travail novateur intitulé Hagarism, font également état d’un historien arménien du VIIe siècle connu sous le nom de Pseudo Sébéos. Cet historien attribue les invasions arabes à une confédération de Juifs et d'Arabes dirigée par Muhammad lui-même, ce qui contredit le récit islamique selon lequel Muhammad est décédé avant l'invasion de la Palestine et du Moyen-Orient. De même, Pseudo Sébéos attribue aux Arabes et aux Juifs un monothéisme partagé et une fraternité par leur ascendance à Abraham et à sa femme Agar.[17] Si l’on en croit ce récit, il ne pourrait pas y avoir eu de grand massacre des Juifs par Muhammad, car il travaillait avec eux lorsqu'il a envahi la Palestine. Stephen Shoemaker, dans son ouvrage The Death of a Prophet, ajoute d'autres éléments de preuve à la thèse de Crone et Cook, rassemblant des preuves issues d'une grande variété de sources, presque toutes antérieures aux premières sources islamiques, selon lesquelles Muhammad lui-même était en fait le chef des croyants lorsqu'ils ont envahi la Palestine, et qu'il est décédé seulement après sa conquête. En particulier, il attire l'attention sur une apocalypse juive du VIIe siècle, les Secrets du Rabbi ben Shim'on, qui semble dépeindre Muhammad comme le libérateur des Juifs de l'oppression des Romains en Terre Sainte. Si l’on en croit cela, et que cette source est antérieure à toutes les sources islamiques que nous possédons, le massacre des Banu Qurayza ne pourrait pas avoir eu lieu, puisque Muhammad, le chef de l'invasion de la Palestine, était vu comme un sauveur du peuple juif.[18] Cela semblerait indiquer que la rupture entre les musulmans et les Juifs a eu lieu après sa mort, et indiquerait que des histoires telles que le massacre des Banu Qurayza ont été fabriquées afin de "pré-dater" la rupture avec les Juifs à la vie même du prophète.

Voir également

Liens externes

Références

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