Le Hijab (voile islamique)

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Toutes les Ă©coles en droit islamique exigent que les femmes musulmanes qui ont atteint l'Ăąge de la majoritĂ© observent le hijab lorsqu'elles sont en prĂ©sence de non-mahrams. Conceptuellement, le hijab est un ensemble d’exigences selon lesquelles les femmes et les hommes doivent couvrir certaines parties de leur corps (le mot arabe hijab fait littĂ©ralement rĂ©fĂ©rence au concept de voile comme avec un Ă©cran ou un rideau). Si les exigences imposĂ©es aux hommes sont similaires aux attentes communes au sujet de la dĂ©cence publique dans le monde moderne, celles pour les femmes s'Ă©tendent Ă  couvrir l'intĂ©gralitĂ© du corps, Ă  l'exception du visage et des mains, malgrĂ© la divergence des Ă©coles juridiques sur les exigences pour les femmes de se couvrir les pieds, le visage et les mains. FamiliĂšrement, le mot "hijab" fait rĂ©fĂ©rence aux couvre-chefs utilisĂ©s par les femmes musulmanes pour couvrir leurs cheveux et leur cou. Il existe de nombreuses variations culturelles sur le hijab (vĂȘtement), dont beaucoup offrent diffĂ©rents degrĂ©s de couverture, notamment la burqa, le niqab et le dupatta. Certains savants modernes sont en dĂ©saccord avec les interprĂ©tations traditionnelles qui exigent que la tĂȘte soit couverte et de nombreuses femmes musulmanes choisissent de ne pas le faire, comme abordĂ© ci-dessous.

Dans quelques versets, le Coran Ă©nonce des exigences concernant le jilbab (un pardessus ou un manteau Ă  capuche) et le khimar (probablement un morceau de tissu sur la tĂȘte servant Ă  couvrir la poitrine). Un verset mentionne le mot hijab comme une sorte de rideau ou de voile de sĂ©paration derriĂšre lequel les visiteurs pouvaient demander des choses aux Ă©pouses de Muhammad. Plus tard, ce terme a acquis le sens conceptuel mentionnĂ© ci-dessus. Bien que le Coran contienne des directives gĂ©nĂ©rales sur le but de ces exigences, la littĂ©rature prophĂ©tique est plus spĂ©cifique dans son analyse sur les circonstances derriĂšre la rĂ©vĂ©lation de ces versets, mĂȘme si les hadiths fournissent encore peu d’informations sur ce qu’ils impliquent prĂ©cisĂ©ment. Un rĂ©cit suggĂšre que le verset sur le hijab qui concerne les Ă©pouses de Muhammad Ă©tait le rĂ©sultat de la pression d’Omar, qui s’opposait Ă  ce qu’elles soient reconnaissables en public. Le Coran indique que les exigences vestimentaires pour les femmes croyantes Ă©taient, en gĂ©nĂ©ral, de les prĂ©venir des agressions sexuelles et Ă  titre de modestie.

Traditionnellement, ces rĂ©cits ont Ă©tĂ© adoptĂ©s, mĂȘme si rĂ©cemment ils ont Ă©tĂ© critiquĂ©s comme problĂ©matiques. Le Coran a Ă©tĂ© contestĂ© parce qu’il laisse entendre que les femmes doivent porter le fardeau de leur harcĂšlement en changeant de tenue, et les hadiths Ă  propos d’Omar, le second des califes bien guidĂ©s et ami de Muhammad, ont Ă©tĂ© dĂ©battus parce que cela dĂ©peint Ă  la fois cette figure religieuse hautement vĂ©nĂ©rĂ©e comme un personnage peu recommandable, mais aussi parce cela suggĂšre qu'Allah n'Ă©tait pas seul responsable de la formulation de la charia, qui est censĂ©e ĂȘtre divinement rĂ©vĂ©lĂ©e et immuable.

Dans son livre court mais dĂ©taillĂ©, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), le professeur Elizabeth Bucar a Ă©crit sur le rĂŽle et les interprĂ©tations du hijab Ă  travers l’histoire et la modernitĂ©.[1] Son livre sera mentionnĂ© Ă  plusieurs reprises dans cet article.

Dans les temps modernes

Dans la plupart des pays Ă  majoritĂ© musulmane, l’application de la loi sur le hijab n’est pas respectĂ©e (dans certains anciens Ă©tats soviĂ©tiques, il n’est mĂȘme pas courant que les femmes le portent). L’observance du hijab a connu un renouveau dans certains pays Ă  majoritĂ© musulmane au milieu du 20Ăšme siĂšcle aprĂšs ĂȘtre tombĂ© en dĂ©suĂ©tude tandis qu’en Occident, il est portĂ© couramment et de maniĂšre volontaire. Cependant, en parallĂšle Ă  ces normes sociales, il est Ă©galement frĂ©quent que les femmes et les filles (mĂȘme en Occident) subissent parfois une pression communautaire ou familiale pour adhĂ©rer au hijab contre leur volontĂ©, en particulier pour les adolescentes qui vivent avec leurs parents. Dans un petit nombre de pays Ă  majoritĂ© musulmane (comme l’Iran), le hijab, quelle que soit la forme, est lĂ©galement imposĂ©. Les manifestations "Femmes, Vie, LibertĂ©" qui ont eu lieu en Iran en 2023 ont soulignĂ© que cette imposition est contraire aux souhaits de millions de femmes lĂ -bas. L’Arabie Saoudite a, quant Ă  elle, supprimĂ© ses rĂšgles juridiques en matiĂšre de couvre-chef en 2018.

Elizabeth Bucar explique que dans les pays occidentaux, les femmes musulmanes qui portent le hijab est souvent un moyen d'exprimer leur identitĂ© musulmane, et que des styles spĂ©cifiques de hijab peuvent ĂȘtre en outre un moyen de maintenir une identitĂ© avec un hĂ©ritage culturel spĂ©cifique.[2] Dans l’AlgĂ©rie du 20Ăšme siĂšcle, le hijab a servi de symbole de dĂ©fense culturelle et de rĂ©sistance contre le colonialisme, alors qu’en Palestine, il est devenu un symbole de l’identitĂ© nationale, mais ne pas le porter Ă©tait associĂ© Ă  la collaboration israĂ©lienne.[3]

Dans le Coran

Le Coran contient des versets qui mentionnent le jilbab (un pardessus ou un manteau Ă  capuche), le khimar (un morceau de tissu qui couvre la tĂȘte), et le hijab (sorte de paravent pour protĂ©ger les Ă©pouses de Muhammad du regard des visiteurs de sa maison). Bucar rĂ©sume que le verset 53 de la sourate 33 Ă©tait un ordre pour sĂ©parer les Ă©pouses de Muhammad de l’espace public et privĂ© ; le verset 59 de la mĂȘme sourate Ă©tait un ordre pour prĂ©server les femmes croyantes libres de leur intĂ©gritĂ© corporelle du harcĂšlement ; et les versets 30 et 31 de la sourate 24 Ă©taient un commandement pour protĂ©ger la pudeur de toutes les femmes musulmanes.[4]

Coran 33:53

Dans le Coran (33:53), il est fait mention d’un hijab, un Ă©cran (ou une barriĂšre) derriĂšre lequel les visiteurs qui se rendent chez Muhammad peuvent demander des choses Ă  ses Ă©pouses sans les voir. Bucar constate qu’en plus de ce verset, le mot hijab est utilisĂ© ailleurs dans le Coran pour dĂ©signer un voile, un mur ou une cloison (voir 42:51, 7:46, 41:5 et 17:45). Le seul autre verset oĂč le hijab est utilisĂ© par rapport aux femmes se trouve dans le Coran (19:17). Enfin, dans 33:53, il est difficile de savoir sur qui repose la responsabilitĂ© de l’observance du commandement, est-ce les hommes ou les Ă©pouses de Muhammad ?[5]

Ô vous qui croyez ! N'entrez pas dans les demeures du ProphĂšte, Ă  moins qu'invitation ne vous soit faite Ă  un repas, sans ĂȘtre lĂ  Ă  attendre sa cuisson. Mais lorsqu'on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangĂ©, dispersez-vous, sans chercher Ă  vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au ProphĂšte, mais il se gĂȘnait de vous (congĂ©dier), alors qu'Allah ne se gĂȘne pas de la vĂ©ritĂ©. Et si vous leur demandez (Ă  ses femmes) quelque objet, demandez-le leur derriĂšre un rideau: c'est plus pur pour vos cƓurs et leurs cƓurs; vous ne devez pas faire de la peine au Messager d'Allah, ni jamais vous marier avec ses Ă©pouses aprĂšs lui; ce serait, auprĂšs d'Allah, un Ă©norme pĂ©chĂ©. (Traduction Hamidullah)

[---] Ô vous qui avez cru ! N’entrez pas dans les maisons du ProphĂšte, Ă  moins qu’on ne vous autorise pour la nourriture, sans attendre son moment. Mais lorsqu’on vous appelle, entrez alors. Et lorsque vous vous ĂȘtes nourris, dispersez-vous sans vous complaire dans un rĂ©cit. Cela faisait du mal au ProphĂšte et il se gĂȘnait de vous, mais Dieu ne se gĂȘne pas de la vĂ©ritĂ©. Si vous demandez Ă  [ses femmes] quelque bien, demandez-le-leur de derriĂšre un voile. Cela est plus pur pour vos cƓurs et leurs cƓurs. Il n’était pas Ă  vous de faire du mal Ă  l’envoyĂ© de Dieu, ni d’épouser ses Ă©pouses aprĂšs lui. ~ VoilĂ  ce qui serait, auprĂšs de Dieu, un grand [pĂ©chĂ©]. (Traduction Sami Aldeeb)

Ô vous qui croyez !, n’entrez dans les appartements du ProphĂšte que [quand] il vous ai donnĂ© permission pour un repas ! [N’entrez point alors] sans attendre le moment de [ce repas] ! Quand toutefois vous ĂȘtes invitĂ©s, entrez ! DĂšs que vous avez pris le repas, retirez-vous sans vous abandonner, familiers, Ă  un discours. Cela offense le ProphĂšte et il a honte de vous. Mais Allah n’a pas honte de la vĂ©ritĂ©. Quand vous demandez un objet aux [Ă©pouses du ProphĂšte], demandez-le de derriĂšre un voile ! Cela est plus dĂ©cent pour vos cƓurs et leurs cƓurs. Il n’est pas [licite] Ă  vous d’offenser l’ApĂŽtre d’Allah, ni d’épouser jamais ses Ă©pouses, aprĂšs lui. C’est, au regard d’Allah, [pĂ©chĂ©] immense. (Traduction RĂ©gis BlachĂšre)

Les traditions au sujet des circonstances de la rĂ©vĂ©lation de ce verset sont mentionnĂ©es dans un certain nombre de hadiths, et sont abordĂ©es plus loin dans cet article. Dans les versets 32-33 de la sourate 33, il y a un autre commandement spĂ©cifiquement adressĂ© aux femmes de Muhammad ("Ô femmes du ProphĂšte ! Vous n'ĂȘtes comparables Ă  aucune autre femme. [...]").

Coran 33:59

Au verset 59 de la sourate 33, le Coran stipule que le but de rabattre le jilbab (un pardessus ou un manteau Ă  capuche) est de distinguer les femmes musulmanes libres (probablement des femmes non musulmanes ou des esclaves, qui n’ont pas Ă  l’observer) afin de les empĂȘcher d’ĂȘtre molestĂ©es/harcelĂ©es.

Bucar explique que les commentateurs du Coran ont convenu que la rĂ©vĂ©lation de ce verset fait rĂ©fĂ©rence aux hypocrites (al-munafiqun) Ă  MĂ©dine (qui sont mentionnĂ©s dans le verset suivant, Coran 33:60) qui harcelaient physiquement les femmes esclaves dans les espaces publics. Le contexte de ce verset est mentionnĂ© par exemple dans le tafsir d’al-Jalalayn. Le jilbab a ainsi permis aux femmes croyantes libres de se distinguer visuellement. Le Coran a placĂ© sur elles cette responsabilitĂ© afin d’attĂ©nuer le comportement immoral de certains hommes. Bucar dit que la signification du jilbab n’est pas claire, mais que la plupart des savants ont cru qu’il s’agissait d’un type de parement extĂ©rieur.[6]

Ô ProphĂšte ! Dis Ă  tes Ă©pouses, Ă  tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles [jalābÄ«bihinna ŰŹÙŽÙ„ÙŽÙ°ŰšÙÙŠŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘]: elles en seront plus vite reconnues et Ă©viteront d'ĂȘtre offensĂ©es. Allah est Pardonneur et MisĂ©ricordieux. (Traduction Hamidullah)

Ô ProphĂšte ! Dis Ă  tes Ă©pouses, Ă  tes filles et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs mantes [jalābÄ«bihinna ŰŹÙŽÙ„ÙŽÙ°ŰšÙÙŠŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘]. Cela est le moindre pour qu’elles soient reconnues, et ainsi elles ne subiront pas de mal. ~ Dieu Ă©tait pardonneur, trĂšs misĂ©ricordieux.(Traduction Sami Aldeeb)

Ô ProphĂšte !, dis Ă  tes Ă©pouses, Ă  tes filles et aux femmes des Croyants de serrer sur elles leurs voiles [jalābÄ«bihinna ŰŹÙŽÙ„ÙŽÙ°ŰšÙÙŠŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘]. Cela sera le plus simple moyen qu'elles soient reconnues et qu'elles ne soient point offensĂ©es. Allah est absoluteur et misĂ©ricordieux. (Traduction RĂ©gis BlachĂšre)

Coran 24:31

Le verset 31 de la sourate 24 du Coran demande aux femmes croyantes de rabattre le khimar (un morceau de tissu qui couvre la tĂȘte) sur leur poitrine et de cacher leur parure ou leur beautĂ© aux hommes.

Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chastetĂ©, et de ne montrer de leurs atours [zÄ«natahunna Ű„ÙŰźÙ’ÙˆÙŽÙ°Ù†ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] que ce qui en paraĂźt et qu'elles rabattent leur voile [bikhumurihinna ŰšÙŰźÙÙ…ÙŰ±ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] sur leurs poitrines [juyĆ«bihinna ŰŹÙÙŠÙÙˆŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘]; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'Ă  leurs maris, ou Ă  leurs pĂšres, ou aux pĂšres de leurs maris, ou Ă  leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou Ă  leurs frĂšres, ou aux fils de leurs frĂšres, ou aux fils de leurs sƓurs, ou aux femmes Musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possĂšdent, ou aux domestiques mĂąles impuissants, ou aux garçons impubĂšres qui ignorent tout des parties cachĂ©es [Êżawrāti ŰčÙŽÙˆÙ’Ű±ÙŽÙ°ŰȘِ] des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, Ô croyants, afin que vous rĂ©coltiez le succĂšs. (Traduction Hamidullah)

Dis aux croyantes de baisser leurs regards, de protĂ©ger leur sexe, et de ne faire apparaĂźtre de leur ornement [zÄ«natahunna Ű„ÙŰźÙ’ÙˆÙŽÙ°Ù†ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] que ce qui en est apparent. Qu’elles rabattent leurs voiles [bikhumurihinna ŰšÙŰźÙÙ…ÙŰ±ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] sur leurs fentes [juyĆ«bihinna ŰŹÙÙŠÙÙˆŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘]. Qu’elles ne fassent apparaĂźtre leur ornement qu’à leurs maris, Ă  leurs pĂšres, aux pĂšres de leurs maris, Ă  leurs fils, aux fils de leurs maris, Ă  leurs frĂšres, aux fils de leurs frĂšres, aux fils de leurs sƓurs, Ă  leurs femmes, Ă  ce que leurs mains droites possĂ©dĂšrent, Ă  ceux faisant partie de la suite sans besoin sexuel parmi les hommes, ou aux enfants qui ne sont pas informĂ©s des intimitĂ©s [Êżawrāti ŰčÙŽÙˆÙ’Ű±ÙŽÙ°ŰȘِ] des femmes. Qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds pour que l’on sache ce qu’elles cachent de leur ornement. Revenez tous Ă  Dieu, ĂŽ croyants! ~ Peut-ĂȘtre rĂ©ussirez-vous ! (Traduction Sami Aldeeb)

Dis aux Croyantes de baisser leurs regards, d'ĂȘtre chastes, de ne montrer de leurs atours [zÄ«natahunna Ű„ÙŰźÙ’ÙˆÙŽÙ°Ù†ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] que ce qui en paraĂźt. Qu'elles rabattent leurs voiles [bikhumurihinna ŰšÙŰźÙÙ…ÙŰ±ÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] sur leurs gorges [juyĆ«bihinna ŰŹÙÙŠÙÙˆŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘] ! Qu'elles montrent seulement leurs atours Ă  leurs Ă©poux, ou Ă  leurs pĂšres, ou aux pĂšres de leurs Ă©poux, ou Ă  leurs fils, ou aux fils de leurs Ă©poux, ou Ă  leurs frĂšres, ou aux fils de leurs frĂšres, ou aux fils de leurs sƓurs, ou Ă  leurs femmes, ou Ă  leurs esclaves, ou Ă  leurs serviteurs mĂąles que n'habite pas le dĂ©sir [charnel], ou aux garçons qui ne sont pas [encore] au fait de la conformation [Êżawrāti ŰčÙŽÙˆÙ’Ű±ÙŽÙ°ŰȘِ] des femmes. Que [les Croyantes] ne frappent point [le sol] de leurs pieds pour montrer les atours qu'elles cachent ! Revenez tous Ă  Allah, ĂŽ Croyants ! Peut-ĂȘtre serez-vous bienheu­reux. (Traduction RĂ©gis BlachĂšre)

Bucar note que contrairement aux deux versets ci-dessus, seules les traditions tardives fournissent un Ă©vĂšnement de rĂ©vĂ©lation pour les versets 30-31 de la sourate 24. Il est demandĂ© aux femmes croyantes de rabattre leurs Khumur (singulier : Khimar) sur leur poitrine (juyub). Bucar commente que le mot khimar, que certains commentateurs du Coran ont glosĂ© comme un voile, signifiait principalement un foulard portĂ© sur la tĂȘte, et que la racine du mot juyub signifiait un espace entre les deux, donc probablement un dĂ©colletĂ©. Elle soutient ainsi que le but de cette partie du verset est que le dĂ©colletĂ© doit ĂȘtre couvert.[7] La mĂȘme annĂ©e (en 2012), une thĂšse de doctorat de Cheikh Mustapha Mohamed Rashed Ă  l’UniversitĂ© al-Azhar a Ă©galement conclu que le verset ordonne seulement que la poitrine soit couverte.[8]

ExceptĂ© certaine compagnie comme cela est spĂ©cifiquement dĂ©finie, le verset mentionne Ă©galement que les femmes ne doivent pas rĂ©vĂ©ler leur parure (zina qui, en plus de faire rĂ©fĂ©rence Ă  une activitĂ© sexuelle illicite, est un mot utilisĂ© dans quelques versets pour les Ă©toiles ornant les cieux). Cela semble signifier essentiellement l’attrait d’une femme, bien que les commentateurs du Coran aient toujours Ă©tĂ© en dĂ©saccord sur le sens cachĂ© de zina dans ce verset. Certains ont suggĂ©rĂ© qu’il s’agissait de bracelets de cheville en raison de la derniĂšre partie du verset demandant aux femmes de ne pas taper des pieds. Un peu plus loin dans le Coran (24:60), on peut lire que les femmes ĂągĂ©es sont exemptĂ©es de porter des vĂȘtements cachant leur parure. Certains commentateurs du Coran comme al-Tabari pensaient qu’il Ă©tait permis Ă  une femme de montrer son visage, en se basant sur un hadith dans lequel Muhammad dĂ©finit ce qu’une femme peut rĂ©vĂ©ler d’elle-mĂȘme lorsqu’elle atteint l’ñge de la menstruation (Sunan Abu Dawud 33:4092, citĂ© dans la section suivante ci-dessous). Pour al-Zamakhshari, la parure dans ce contexte signifiait bijoux et maquillage. Ibn Taymiyya et al-Baidawi ont dit que mĂȘme le visage et les mains d’une femme doivent ĂȘtre couverts en public, sauf pendant la priĂšre.[7]

Bucar note qu’il n’y avait pas non plus de consensus sur la signification du mot 'awra dans le verset. Pour les hommes, les hadiths indiquaient clairement que la awra d’un homme allait de son nombril Ă  ses genoux. Quant Ă  l’awra d’une femme, il y a un hadith isolĂ© recueilli par al-Tirmidhi citĂ© dans la section suivante. Pour certains savants, ce terme faisait rĂ©fĂ©rence Ă  la poitrine, au cou et Ă  la tĂȘte d’une femme, pour d’autres, tout sauf son visage et ses mains, et enfin pour d’autres, seulement la rĂ©gion gĂ©nitale (comme pour les hommes).[7]

Dans les hadiths

Bucar constate qu’il n’y a pas de rĂ©fĂ©rences explicites dans les hadiths qui obligent les femmes Ă  se couvrir le visage ou les cheveux (un rĂ©cit dans le Sahih Bukhari 6:60:282 fait mention de femmes se couvrant leurs visages, mais ce n’est pas clair dans le texte arabe et une autre version de ce rĂ©cit dans Sunan Abu Dawud 32:4089 se rĂ©fĂšre seulement Ă  elles se confectionnant des khimars). Bucar fait remarquer que les hadiths distinguent une pĂ©riode avant et aprĂšs la rĂ©vĂ©lation du verset du hijab concernant les Ă©pouses de Muhammad, en particulier les rĂ©cits sur l’évĂ©nement de la calomnie (al-ifk) dans lequel Aicha a Ă©tĂ© accusĂ©e d’adultĂšre. Au moment de ces rĂ©cits, le hijab Ă©tait passĂ© d’un vĂ©ritable Ă©cran dans la maison des Ă©pouses de Muhammad Ă  une idĂ©ologie complexe de sĂ©grĂ©gation, de la vie privĂ©e et du statut social, reflĂ©tant peut-ĂȘtre les pratiques culturelles post-Muhammad de communautĂ©s musulmanes spĂ©cifiques.[9]

RapportĂ© par Safiya bint Shaiba : Aicha avait l'habitude de dire : "Quand (le verset) : « qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines Â», a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, (les dames) coupĂšrent sur les bords leurs draps qui faisaient office de ceinture et se couvraient la tĂȘte et le visage avec ces morceaux de tissu coupĂ©s."
Safiya, la fille de Shaiba, a dit qu’Aicha a mentionnĂ© les femmes des Ansar, les a louĂ©es et a dit de bonnes paroles Ă  leur sujet, puis elle dĂ©clara : "Quand la sourate an-Nur est descendue, elles ont pris les rideaux, les ont dĂ©chirĂ©s et en ont fait des couvre-chef (voiles)."

Quelques hadiths se rĂ©fĂšrent prĂ©cisĂ©ment aux Ă©pouses de Muhammad couvrant leurs tĂȘtes et leurs visages avec un jilbab en public comme on le trouve dans Sahih Bukhari 5:59:462, qui se rapporte Ă  l’évĂšnement de la calomnie citĂ© plus haut. Il mentionne qu’Aicha a rabaissĂ© son jilbab sur son visage, mais il dit aussi que c’était aprĂšs que le verset du hijab soit descendu, qui Ă©tait une exigence spĂ©cifiquement rĂ©servĂ©e aux Ă©pouses de Muhammad.

Bucar dit que les quelques hadiths pertinents dĂ©taillant les exigences pour les femmes croyantes concernent en gĂ©nĂ©ral l’évitement de vĂȘtements minces ou d’ourlets courts, tandis qu’un hadith isolĂ© recueilli par al-Tirmidhi est l’exception, dĂ©crivant une femme dans son intĂ©gralitĂ© comme 'awra.[10]

RapportĂ© par Aicha, la Ummul Mu’minin : Asma, la fille d’Abu Bakr, est entrĂ©e chez le Messager d’Allah (ï·ș) en portant des vĂȘtements fins. Le Messager d’Allah (ï·ș) a dĂ©tournĂ© son attention et a dit : "Ô Asma, quand une femme atteint l’ñge de la menstruation, il ne lui convient pas qu’elle montre ses parties du corps sauf ceci et cela", et il a pointĂ© son visage et ses mains. Abu Dawud a dĂ©clarĂ© qu’il s’agissait d’une tradition mursal (c.-Ă -d. que le narrateur qui a transmis ce rĂ©cit d’Aicha est manquant) Khalid b. Duraik n’a pas vu Aicha.
RapportĂ© par Ibn 'Omar: Le Messager d’Allah (ï·ș) a dit : "Quiconque traĂźne avec arrogance son vĂȘtement, Allah ne le regardera pas le jour du Jugement." Alors Umm Salamah a dit : "Que devraient faire les femmes avec leurs ourlets ?" Il a dit : "RelĂąchez-les d’une envergure de main." Alors elle a dit : "Leurs pieds seront donc dĂ©couverts." Il a dit : "Alors relĂąchez-les d’une longueur d’avant-bras et n’en rajoutez rien." Il a dit : Ce hadith est Hasan Sahih. Dans le Hadith, il y a une concession pour les femmes de traĂźner leur Izar parce qu’il les couvre mieux.
Abdallah a rapportĂ© que le ProphĂšte a dit : "La femme est 'awra, alors quand elle sort, le Sheitan cherche Ă  la tenter."

Un rĂ©cit mentionnĂ© par certains commentateurs du Coran tel que Ibn Kathir attribue Ă  Ibn Abbas une opinion selon laquelle une femme devrait ĂȘtre entiĂšrement couverte par son jilbab, Ă  l’exception d’un seul Ɠil.

Allah ordonne Ă  son ProphĂšte de demander aux croyantes, surtout ses femmes et ses filles, en vertu de leur place, de se couvrir de leurs voiles, car cela est plus Ă  mĂȘme de les faire reconnaĂźtre des autres femmes impies. Le jilbab est un rida, portĂ© par-dessus le khimar. C’était l’opinion d’Ibn Masud, d’Ubaydah, de Qatadah, d’Al-Hasan Al-Basri, de Said bin Jubayr, d’Ibrahim An-Nakha-i, d’Ata Al-Khurasani et d’autres. C’est comme l’izar utilisĂ© aujourd’hui. Al-Jawhari a dit : "Le Jilbab est l’enveloppe extĂ©rieure". Ali bin Abi Talhah a rapportĂ© qu’Ibn Abbas a dit : "A celles qui sortent de leurs maisons, parmi les musulmanes, Allah ordonne de se couvrir les visages par leurs jalabibs et de ne laisser qu’un seul Ɠil visible". Muhammad bin Sirin a dit : "J’ai posĂ© une question Ă  Ubaydah As-Salmani au sujet de l’ayah :

ÙŠÙŰŻÙ’Ù†ÙÙŠÙ†ÙŽ Űčَلَيْهِنَّ مِن ŰŹÙŽÙ„ÙŽÙ€ŰšÙÙŠŰšÙÙ‡ÙÙ†ÙŽÙ‘ (se couvrir les visages par leurs jalabibs) Elle se couvrit le visage et la tĂȘte, avec juste son Ɠil gauche visible.
Ű°Ù„ÙÙƒÙŽ ŰŁÙŽŰŻÙ’Ù†ÙŽÙ‰ ŰŁÙŽÙ† يُŰčÙ’Ű±ÙŽÙÙ’Ù†ÙŽ ÙÙŽÙ„Ű§ÙŽ ÙŠÙŰ€Ù’Ű°ÙŽÙŠÙ’Ù†ÙŽ

(Ce sera mieux qu’elles soient reconnues pour ne pas ĂȘtre embĂȘtĂ©es.) Si elles font cela, on saura qu’elles sont libres, et qu’elles ne sont pas des servantes ou des prostituĂ©es.

D’autres hadiths pertinents ont Ă©tĂ© recueillis par Abu Dawud (tous classĂ©s Sahih par al-Albani) :

RapportĂ© par Aicha, la Ummul Mu’minin : Le ProphĂšte (ï·ș) a dit : ”Allah n’accepte pas la priĂšre d’une femme qui a atteint la pubertĂ© Ă  moins qu’elle ne porte un voile.” Abu Dawud a dit : ”Cette tradition a Ă©tĂ© rapportĂ©e par Said b. Abi 'Arubah de Qatadah sur l’autoritĂ© d’al-Hasan d’aprĂšs le ProphĂšte (ï·ș).”
RapportĂ© par Anas ibn Malik : Le ProphĂšte (ï·ș) a apportĂ© Ă  Fatima un esclave en guise de don. Fatima portait un vĂȘtement qui, quand elle couvrait sa tĂȘte, n’atteignait pas ses pieds, et quand elle couvrait ses pieds, le vĂȘtement n’atteignait pas sa tĂȘte. Lorsque le ProphĂšte (ï·ș) a vu sa peine, il a dit : ”Il n’y a pas de mal, ce n’est seulement que ton pĂšre et ton esclave.”
RapportĂ© par Umm Salamah, la Ummul Mu’minin : Lorsque le verset "de ramener sur elles leurs grands voiles" a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, les femmes des Ansar sont sorties comme si elles avaient des corbeaux sur leurs tĂȘtes en portant des vĂȘtements de dessus.

Le rĂ©cit racontĂ© dans le hadith suivant mentionne l’utilisation du hijab (Ă©cran) pour cacher les Ă©pouses de Muhammad Ă  un eunuque, ou dans d’autres traductions, Ă  un homme effĂ©minĂ© (voir Ă©galement Sunan Abu Dawud 32:4095).

Aicha a rapportĂ© qu’un eunuque avait l’habitude de venir voir les Ă©pouses de l’ApĂŽtre d’Allah (ï·ș) et que ces derniĂšres ne faisaient rien de rĂ©prĂ©hensible durant sa visite le considĂ©rant comme un homme sans aucun dĂ©sir sexuel. L’ ApĂŽtre d’Allah (ï·ș) est venu un jour pendant qu’il Ă©tait assis avec certaines de ses Ă©pouses et Ă©tait occupĂ© Ă  dĂ©crire les caractĂ©ristiques corporelles d’une dame en disant : "Lorsqu'elle vient devant, quatre plis apparaissent sur sa face avant et lorsqu'elle tourne le dos, huit plis apparaissent sur sa face arriĂšre." LĂ -dessus, l’ApĂŽtre d’Allah (ï·ș) a dit : "Je vois qu’il sait ces choses ; ne lui permettez donc pas de se satisfaire." Elle (Aicha) a dit : "Alors elles ont commencĂ© Ă  observer le voile par rapport Ă  lui."

Certains observent qu’un eunuque ne pouvait pas reprĂ©senter une menace pour la chastetĂ© ou la sĂ©curitĂ© des Ă©pouses de Muhammad, ce qui distingue le but du hijab dans le verset 53 de la sourate 33 de celui du jilbab ou du khimar pour la protection ou la modestie dans les autres versets abordĂ©s plus haut.

Dans la loi islamique

Bucar détaille comment différentes opinions sur le voile ont existé entre et au sein des écoles de jurisprudence islamique au fil du temps, probablement influencées par les différents contextes culturels (elle utilise le terme "voile" pour signifier les concepts islamiques pertinents dans un sens général).[11]

Elle Ă©crit "qu’au dĂ©but, le fiqh discutait sur le fait de se voiler dans le contexte de la priĂšre, et voyait en gĂ©nĂ©ral le port du voile comme une question de statut social et de sĂ©curitĂ© physique." Par la suite, ce n’était plus au centre des prĂ©occupations des juristes mĂ©diĂ©vaux, mĂȘme si leur raisonnement reste pertinent pour les dĂ©bats contemporains sur le voile. En ce qui concerne le concept d’awra mentionnĂ© dans le Coran (24:31) et abordĂ© plus haut, l’opinion majoritaire Ă©tait qu’il excluait les mains et le visage d’une femme (opinion principale chez les Malikites et Hanafites), bien qu'une opinion minoritaire Ă©tait que tout devrait ĂȘtre couvert sauf ses yeux malgrĂ© qu’aucune mention Ă  ce sujet figure dans le Coran contrairement aux hadiths qui indiquent que ce n’était pas une pratique courante pour les premiĂšres communautĂ©s musulmanes. Ibn Taymiyya (mort en 1328), qui a inspirĂ© le salafisme moderne, a dit que son visage devrait ĂȘtre couvert en public, et cela est devenu la position juridique standard chez les ChafĂ©ites et les Hanbalites. Aussi, les juristes ont associĂ© communĂ©ment l’awra au concept de fitna mentionnĂ© sĂ©parĂ©ment dans le Coran. Bucar cite l’éminent juriste al-Nawawi (mort en 1278) comme un exemple de cette opinion, qui est une motivation dĂ©fendue par certains gouvernements islamiques Ă©mergents dans les temps modernes.

Puisque Dieu a fait que les hommes dĂ©sirent des femmes, et dĂ©sirent les regarder et en profiter, les femmes sont comme le diable du fait qu’elles sĂ©duisent les hommes pour commettre le mal, tout en rendant le mal attrayant [pour les hommes]. Nous en dĂ©duisons que les femmes ne doivent pas sortir au milieu des hommes si ce n’est par nĂ©cessitĂ©.
al-Nawawi cité par Elizabeth Bucar (trad. El Fadl)[12]

Certains juristes islamiques modernes, tels que Khaled Abou El Fadl (mort en 1963), ont critiquĂ© ce lien entre l’awra d’une femme et le concept de fitna et la prĂ©vention des rapports sexuels illicites. Il soutient que la pudeur est un commandement Ă©thique coranique en soi et que les versets pertinents ne la lient pas Ă  la fitna. Les juristes mĂ©diĂ©vaux invoquant la fitna ont en outre basculĂ© la faute d’un Ă©ventuel pĂ©chĂ© des hommes aux femmes (alors que les hypocrites sont blĂąmĂ©s dans le Coran S33V59-60 pour avoir violĂ© la modestie des femmes). TroisiĂšmement, Ă©tant donnĂ© que mĂȘme les juristes mĂ©diĂ©vaux autorisaient les exemptions (par exemple les esclaves travaillant dans les champs), il soutenait que les rĂšgles devaient ĂȘtre "de nature contiguĂ«s et contextuelles". A la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, un regain d’intĂ©rĂȘt juridique dans le port du voile a donnĂ© lieu Ă  un large Ă©ventail de dĂ©bats et d’opinions.[11]

L’Arabie Saoudite (jusqu’à ce que l’obligation lĂ©gale de se couvrir la tĂȘte soit rĂ©voquĂ©e en 2018), l’Afghanistan et l’Iran fondent leurs lois sur le voile via les Ă©coles de jurisprudence Hanbalite, Hanafite et Jafarite (Chiite), respectivement.[13]

Les avantages proposés par le hijab et les critiques à son égard

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Panneau d'affichage à Téhéran sur lequel il est écrit que "le hijab est la sécurité"

Bucar catĂ©gorise trois types d’usages traditionnels et modernes pour le hijab qui ont Ă©tĂ© Ă©noncĂ©s. Tout d’abord, il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un moyen d’établir un caractĂšre moral (modestie, timiditĂ©) et comme une voie vers la piĂ©tĂ© car ce n’est pas une chose facile de commencer Ă  le porter. Au fil du temps, et de façon rĂ©pĂ©titive, une femme se sentirait mal Ă  l’aise Ă  l’idĂ©e de ne pas le porter. En effet, les ex-musulmanes dĂ©crivent couramment combien cela demande du courage pour quitter la maison sans hijab la premiĂšre fois. DeuxiĂšmement, il a Ă©tĂ© dit qu’il a l’avantage de prĂ©venir les dĂ©sirs inappropriĂ©s qui pourraient se terminer en zina (rapport sexuel extra-conjugal), et renforce le lien conjugal puisque la sensualitĂ© d’une femme Ă©tait rĂ©servĂ©e Ă  son mari. Pour finir, il est considĂ©rĂ© comme ayant un but social, pour rĂ©guler et prĂ©venir les pulsions sexuelles dans une sociĂ©tĂ© qui n’arrive plus Ă  se maitriser. Les arguments de cette derniĂšre catĂ©gorie sont de quatre types :

1. Il empĂȘche l’excitation masculine constante, protĂšge la dignitĂ© sociale et tranquillise la sociĂ©tĂ©

2. Il soutient la productivité éducative et économique du fait de la distraction masculine qui diminue

3. Il permet aux femmes de participer plus pleinement à la société car chaque espace public est une zone moralement sûre

4. Il sert de garde-fou contre l’influence occidentale.[14]

Bucar donne des exemples de personnalitĂ©s musulmanes qui ont critiquĂ© de tels arguments en faveur du hijab. Certains rĂ©formistes et progressistes ont interprĂ©tĂ© le hijab mĂ©taphoriquement en termes de principe de comportement modeste et de contrĂŽle de ses dĂ©sirs. D’autres critiques musulmanes ont notĂ© que le voile n’est pas suffisant pour rĂ©primer le dĂ©sir, et dans un contexte moderne, peut mĂȘme stimuler le dĂ©sir pour ce qui est "interdit". D’autres critiquent le port obligatoire du voile car il supprime le choix moral.[15] Les observateurs laĂŻcs pourraient ajouter que la plupart des arguments en faveur du hijab prĂ©supposent un ordre moral conservateur dans lequel l’activitĂ© sexuelle en dehors des limites du mariage (ou dans le passĂ©, l’esclavage) doit ĂȘtre interdite, et le risque d’une telle activitĂ© doit ĂȘtre attĂ©nuĂ©.

Certaines critiques soutiennent que si le hijab est destinĂ© Ă  protĂ©ger les femmes contre les agressions sexuelles, il ne sert absolument pas Ă  cette fin. Les pays islamiques oĂč la majoritĂ© Ă©crasante des femmes observent le hijab sont ceux oĂč le taux de harcĂšlement sexuel est le plus Ă©levĂ©, notamment en Egypte.[16][17] En Arabie Saoudite, oĂč l’observance du hijab est strictement appliquĂ©e dans tout le pays, les femmes connaissent l’un des taux de viol les plus Ă©levĂ©s au monde.[18]

Omar et la révélation du verset du hijab (Coran 33 :53)

Un hadith rapporté par Anas bin Malik décrit comment il a été témoin de la révélation du verset du hijab. Voir également Sahih Muslim 8:3328.

RapportĂ© par Anas ibn Malik : C'est moi qui connais le mieux le verset sur le hijab. Quand le Messager d’Allah (ï·ș) a Ă©pousĂ© Zaynab bint Jahsh, elle Ă©tait avec lui dans la maison et il a prĂ©parĂ© un repas et a invitĂ© les gens (Ă  cela). Ils se sont assis (aprĂšs avoir terminĂ© leur repas) et ont commencĂ© Ă  discuter. Alors le ProphĂšte (ï·ș) sortit et revint plusieurs fois pendant qu’ils Ă©taient encore assis et parlaient. Alors Allah a rĂ©vĂ©lĂ© le verset : ”Ô vous qui croyez ! N'entrez pas dans les demeures du ProphĂšte, Ă  moins qu'invitation ne vous soit faite Ă  un repas, sans ĂȘtre lĂ  Ă  attendre sa cuisson [
] demandez-le leur derriĂšre un rideau.” Le rideau a donc Ă©tĂ© mis en place et les gens sont partis.

Un récit quelque peu différent, ou un contexte qui a conduit à la révélation du verset, parle de la pression exercée sur Muhammad à propos de ses épouses par Omar, comme détaillé ci-dessous.

Omar bin Al-Khattab espionne Sauda

Selon les hadiths rĂ©fĂ©rencĂ©s dans le Sahih al-Bukhari, le recueil de hadiths faisant le plus autoritĂ©, la sĂ©rie d’évĂ©nements qui a menĂ© Ă  la rĂ©vĂ©lation du verset du hijab (Coran 33:53) Ă©tait la suivante. PremiĂšrement, Omar a demandĂ© Ă  plusieurs reprises Ă  Muhammad qu’Allah devrait rĂ©vĂ©ler des versets du Coran au sujet du port du voile pour les femmes. Ensuite, quand aucune rĂ©vĂ©lation de ce genre ne venait de Muhammad, Omar sortit une nuit et suivit l'une des Ă©pouses de Muhammad alors qu’elle sortait pour se soulager. Identifiant la femme comme Ă©tant Sauda bint Zam’a, il l’appela par son nom, notant qu’il avait rĂ©ussi Ă  la reconnaĂźtre dans sa situation compromise. AprĂšs cela, Sauda est probablement retournĂ© chez elle embarrassĂ©e par l’incident, et a rapportĂ© ce qui s’était passĂ© Ă  Muhammad, ce qui a finalement abouti Ă  la rĂ©vĂ©lation des versets relatifs au hijab.

Notez qu’à la fin du hadith, le commentaire du traducteur de la version anglaise du Sahih al-Bukhari (dont la traduction française est issue) a tentĂ© de dĂ©finir le hijab comme "un corps entiĂšrement couvert Ă  l’exception des yeux", une dĂ©finition non prĂ©sente dans la version arabe. De plus, en arabe, ces hadiths ne mentionnent pas les "versets" du hijab au pluriel, mais plutĂŽt le "verset" au singulier. Ceci fait rĂ©fĂ©rence au verset 53 de la sourate 33 qui concerne les Ă©pouses de Muhammad qui doivent se cacher Ă  la vue du public (c’est encore plus clair avec les hadiths qui s’y apparentent dans la section ci-dessous).

RapportĂ© par Aicha : Les Ă©pouses du ProphĂšte (ï·ș) se rendaient Ă  Al-Manasi, un vaste lieu Ă  ciel ouvert (prĂšs de Baqi Ă  MĂ©dine) pour rĂ©pondre Ă  l’appel de la nature la nuit. Omar avait l’habitude de dire au ProphĂšte (ï·ș) "Que tes femmes soient voilĂ©es", mais l’ApĂŽtre d’Allah ne l’a pas fait. Une nuit, Sauda bint Zam’a, la femme du ProphĂšte (ï·ș) sortit Ă  l’heure de isha et elle Ă©tait une grande dame. Omar s'adressa Ă  elle et lui dit : "Je t'ai reconnu, ĂŽ Sauda." Il a dit cela, car il dĂ©sirait ardemment que les versets sur le hijab (l'observation du voile par les femmes musulmanes) puissent ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©s. Ainsi, Allah a rĂ©vĂ©lĂ© les versets du "Al-Hijab" (un corps entiĂšrement couvert Ă  l’exception des yeux).
RapportĂ© par Aicha (l'Ă©pouse du ProphĂšte) : Omar bin Al-Khattab avait l’habitude de dire au Messager d’Allah (ï·ș) "Que tes femmes soient voilĂ©es", mais il ne l’a pas fait. Les Ă©pouses du ProphĂšte (ï·ș) sortaient pour rĂ©pondre Ă  l’appel de la nature la nuit seulement Ă  Al-Manasi. Une fois, Sauda, la fille de Zam’a, est sortie et c’était une grande femme. Omar bin Al-Khattab l’a vue alors qu’il Ă©tait dans un rassemblement, et a dit : "Je t’ai reconnu, ĂŽ Sauda !" Il (Omar) a dit cela car il Ă©tait inquiet pour certains ordres divins au sujet du voile (le port du voile des femmes). Ainsi, Allah a rĂ©vĂ©lĂ© le verset du voile. (Al-Hijab ; un corps entiĂšrement couvert Ă  l’exception des yeux) (Voir Hadith n° 148, Vol. 1)
Aicha a rapportĂ© que les femmes du Messager d’Allah (ï·ș) avaient l’habitude de sortir Ă  la faveur de la nuit pour allaient en plein champ (dans la pĂ©riphĂ©rie de MĂ©dine) afin de se soulager. Omar bin Al-Khattab avait l’habitude de dire : "Messager d’Allah, demande Ă  tes dames d’observer le voile", mais le Messager d’Allah (ï·ș) ne l’a pas fait. Alors Sauda, fille de Zam’a, l’épouse du Messager d’Allah (ï·ș), sortit pendant une des nuits oĂč il faisait sombre. C’était une dame de haute stature. Omar l’appela en disant : "Sauda, on te reconnait". (Il a fait cela avec l’espoir que les versets relatifs au voile soient rĂ©vĂ©lĂ©s.) Aicha a dit : "Allah, l’ExaltĂ© et Glorieux, a alors rĂ©vĂ©lĂ© les versets relatifs au voile".

Allah est d'accord avec Omar

AprĂšs l’incident avec Sauda et un certain nombre d’autres incidents oĂč Omar avait directement prĂ©cĂ©dĂ© la rĂ©vĂ©lation dans ses recommandations Ă  Muhammad, Muhammad a proclamĂ© qu’Allah Ă©tait venu, Ă  plusieurs reprises, pour ĂȘtre d’accord avec Omar.

Notez que la traduction française des hadiths ci-dessous est issue de la version anglaise. Cette derniĂšre est incorrecte et l'erreur en français est volontaire. En effet, le texte arabe de ces hadiths se rĂ©fĂšre au "voile" (hijab) au singulier, et le "verset" au singulier, et non au pluriel, c.-Ă -d. que les diffĂ©rentes versions de ce hadith se rĂ©fĂšrent Ă  la rĂ©vĂ©lation du Coran (33:53) concernant l’écran (al hijab) entre les visiteurs et les Ă©pouses de Muhammad.

RapportĂ© par Anas :

Omar a dit : "Je suis d’accord avec Allah sur trois choses", ou a dit : "Mon Seigneur est d’accord avec moi sur trois choses". J’ai dit, "Ô Messager d’Allah (ï·ș) ! Voudrais-tu prendre la station d’Abraham comme lieu de priĂšre ?" J’ai aussi dit : "Ô Messager d’Allah (ï·ș) ! De bonnes et de mauvaises personnes te rendent visite ! Voudrais-tu ordonner aux MĂšres des Croyants de se couvrir avec des voiles* ?" Ainsi, les versets divins* du Al-Hijab (c.-Ă -d. le port du voile des femmes) ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©s. J’ai appris que le ProphĂšte (ï·ș) avait blĂąmĂ© certaines de ses Ă©pouses, alors je suis entrĂ© chez elles et ai dit, "Vous devriez arrĂȘter (de troubler le ProphĂšte (ï·ș) ou bien Allah donnera Ă  Son ApĂŽtre de meilleures Ă©pouses que vous." Quand je suis allĂ© vers l’une de ses Ă©pouses, elle m’a dit, "Ô Omar ! Le Messager d’Allah (ï·ș) n’a-t-il pas ce qu’il faut pour conseiller ses femmes, que tu essaies de les conseiller ?" AprĂšs quoi, Allah a rĂ©vĂ©lĂ© : "S'il vous rĂ©pudie, il se peut que son Seigneur lui donne en Ă©change des Ă©pouses meilleures que vous, Musulmanes (qui se soumettent Ă  Allah)
" (66.5)

*Ces mots sont au singulier en arabe. L'auteur de la version anglaise les a mis au pluriel. Dans la version française, ces deux mots sont bien au singulier.
RapportĂ© par Omar :

J’ai dit : "Ô Messager d’Allah (ï·ș) ! De bonnes et de mauvaises personnes entrent chez toi, je te suggĂšre donc d’ordonner aux MĂšres des Croyants (c.-Ă -d. tes Ă©pouses) d’observer les voiles*." Alors, Allah a rĂ©vĂ©lĂ© les versets du Al-Hijab.

*MĂȘme remarque que le hadith ci-dessus
Ibn Omar a rapportĂ© qu’Omar disait : Mon seigneur s’est mis d’accord avec (mes jugements) Ă  trois reprises. Dans le cas de la station d’Ibrahim, dans le cas de l’observation du voile et dans le cas des prisonniers de Badr.

Omar place la barre plus haut

AprĂšs que son souhait de voir les femmes de Muhammad se voiler se rĂ©aliser, Omar s’est fixĂ© pour objectif de renforcer les exigences vestimentaires au point de rendre les femmes complĂštement mĂ©connaissables. À cette fin, il a de nouveau espionnĂ© Sauda alors qu’elle Ă©tait sortie pour se soulager, mais en lui notifiant cette fois que comme elle Ă©tait distinctement une "Ă©norme femme enrobĂ©e", le voile nouvellement imposĂ© ne suffisait pas Ă  masquer son identitĂ©. De nouveau embarrassĂ©e, Sauda est rentrĂ©e chez elle pour informer Muhammad. Festoyant alors sur un morceau de viande et apparemment perturbĂ© par l'interruption, Muhammad a immĂ©diatement reçu la rĂ©vĂ©lation de Dieu avertissant Sauda que les exigences d'Omar ne seraient cette fois pas satisfaites. Par consĂ©quent, Sauda a Ă©tĂ© informĂ©e qu'elle serait autorisĂ©e Ă  se soulager Ă  l'extĂ©rieur malgrĂ© le harcĂšlement d'Omar.

RapportĂ© par Aicha : Sauda (la femme du ProphĂšte) est sortie pour rĂ©pondre Ă  l’appel de la nature aprĂšs qu’il ait Ă©tĂ© rendu obligatoire (pour toutes les femmes musulmanes) d’observer le voile. C’était une Ă©norme femme enrobĂ©e, et tous ceux qui la connaissaient avant pouvaient la reconnaĂźtre. Alors Omar bin Al-Khattab la vit et dit : "Ô Sauda ! Par Allah, tu ne peux pas te cacher de nous, alors pense Ă  un moyen par lequel tu ne devrais pas ĂȘtre reconnue en sortant. Sauda revint pendant que le Messager d’Allah (ï·ș) Ă©tait dans ma maison en train de souper et tenant dans sa main un os couvert de viande. Elle est entrĂ©e et a dit, "Ô Messager d’Allah (ï·ș) ! Je suis sortie pour rĂ©pondre Ă  l’appel de la nature et Omar m’a dit ceci et cela." Alors, Allah l’a inspirĂ© (le ProphĂšte) et quand l’état d’inspiration fut terminĂ© avec l’os encore dans sa main car il ne l’avait pas posĂ©, il a dit (Ă  Sauda) : "Vous (les femmes) ont Ă©tĂ© autorisĂ©es Ă  sortir pour vos besoins."
Aicha a rapportĂ© que Sauda (qu'Allah l'agréée) est sortie (dans les champs) afin de rĂ©pondre Ă  l’appel de la nature mĂȘme aprĂšs l’époque oĂč le voile avait Ă©tĂ© prescrit pour les femmes. C’était une femme corpulente, de taille importante parmi les femmes, et elle ne pouvait se cacher de celui qui l’avait connue. Omar bin Al-Khattab l’a vue et a dit : "Sauda, par Allah, tu ne peux pas te cacher de nous. Sois donc prudente lorsque tu sors." Elle (Aicha) a dit : Elle s’est retournĂ©e. Le Messager d’Allah (ï·ș) Ă©tait Ă  ce moment-lĂ  dans ma maison pour son diner et il y avait un os dans sa main. Elle (Sauda) est entrĂ©e et a dit : "Messager d’Allah. Je suis sortie et Omar m’a dit ceci et cela." Elle (Aicha) a rapportĂ© : "La rĂ©vĂ©lation est venue Ă  lui puis ce fut fini ; l’os Ă©tait alors dans sa main, il ne l’avait pas jetĂ© et il a dit : « Permission vous a Ă©tĂ© accordĂ©e pour que vous puissiez sortir pour vos besoins. Â»"

Un autre hadith rapporte comment Omar a tentĂ© d’appliquer la rĂšgle du hijab (rideau) Ă  d’autres femmes dans la maison de Muhammad en plus de ses Ă©pouses (le mĂȘme rĂ©cit est dans Sahih Bukhari 8:73:108).

Sa`d ibn Abi Waqqas a rapportĂ© qu’Omar a demandĂ© la permission au Messager d’Allah (ï·ș) pour lui rendre visite lorsque certaines femmes des Quraych Ă©taient occupĂ©es Ă  lui parler et Ă©lever leurs voix au-dessus de la sienne. Quand Omar a demandĂ© la permission, elles se sont levĂ©es et sont allĂ©es prĂ©cipitamment derriĂšre le rideau. Le Messager d’Allah (ï·ș) lui a donnĂ© la permission en souriant. DĂšs lors, Omar a dit : "Messager d’Allah, qu’Allah te garde heureux toute ta vie." Alors le Messager d’Allah (ï·ș) a dit : "Je m’interroge sur ces femmes qui Ă©taient avec moi et qui, dĂšs qu’elles ont entendu ta voix, sont immĂ©diatement parties derriĂšre le rideau." Sur ce, Omar a dit : "Messager d’Allah, tu as plus de droit qu’elles devraient te craindre." Puis Omar (s’adressant aux femmes) a dit : "Ô vous ennemies de vous-mĂȘmes, avez-vous peur de moi et ne craignez-vous pas le Messager d’Allah (ï·ș) ?" Elles ont dit : "Oui, tu es dur et strict par rapport au Messager d’Allah (ï·ș)." AprĂšs quoi, le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) a dit : "Par Celui qui a ma vie dans Sa Main, si Satan vous rencontrait en chemin, il prendrait certainement une voie diffĂ©rente de la vĂŽtre."

Omar a frappĂ© une esclave parce qu’elle portait le jilbab comme les femmes libres

Une tradition relie Ă©galement les opinions virulentes d’Omar au thĂšme du Coran 33:59, un verset dans lequel les femmes croyantes, en gĂ©nĂ©ral, ont pour instruction de porter le jilbab pour se distinguer et Ă©viter le harcĂšlement.

RapportĂ© par Anas ibn Malik : Omar a vu une esclave portant un voile, alors il l’a frappĂ©e. Il a dit : "N’imite pas les femmes libres."

RapportĂ© par Anas ibn Malik : Une esclave est venue Ă  Omar ibn al Khattab. Il la connaissait par l’intermĂ©diaire de certains Ă©migrĂ©s, ou des Ansar. Elle portait un jilbab (manteau ou cape) qui la voilait. Il lui a demandĂ© : "As-tu Ă©tĂ© libĂ©rĂ© ?" Elle a dit : "Non." Il a dit : "Et le jilbab ? Retire-le de ta tĂȘte. Le jilbab n'est que pour les femmes libres parmi les femmes croyantes." Elle hĂ©sita. Alors, il est venu vers elle avec un fouet et l’a frappĂ©e sur la tĂȘte, jusqu’à ce qu’elle s’en dĂ©barrasse.

Le hijab comme un écran ou une barriÚre physique

Un autre type de voile, Ă©galement appelĂ© hijab en arabe, est celui qui s’applique Ă  travers des barriĂšres physiques. C’était le sens original du terme comme cela a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© ci-dessus au sujet du verset 53 et la sourate 33. Bien que les Ă©coles juridiques islamiques soient en dĂ©saccord sur l’exigence et l’utilisation de barriĂšres physiques en plus du hijab en matiĂšre de vĂȘtements personnels, l’utilisation de barriĂšres physiques est une rĂšgle plutĂŽt qu’une exception dans une grande partie du monde islamique et apparaĂźt mĂȘme frĂ©quemment dans les milieux diasporiques occidentaux.

En plus de l’emploi gĂ©nĂ©rique de barriĂšres physiques partout oĂč les hommes et les femmes sont prĂ©sents, il y a la pratique plus spĂ©cifique du "hijab domestique". L’idĂ©e de sĂ©parer les visiteurs masculins et fĂ©minins chez soi est inspirĂ©e Ă  la fois par des rĂ©cits (hadiths) qui dĂ©crivent cette pratique dans la maison de Muhammad, mais fait aussi une allusion coranique (33:53). Selon les hadiths, la rĂ©vĂ©lation indĂ©pendante concernant le hijab domestique Ă©tait Ă©galement inspirĂ©e par la situation. Ici, l’histoire est que Muhammad avait des visiteurs et a Ă©tĂ© peinĂ© de les trouver en train de discuter avec ses Ă©pouses aprĂšs le dĂźner.

RapportĂ© par Anas ibn Malik : Quand le Messager d’Allah (ï·ș) a Ă©pousĂ© Zaynab bint Jahsh, il a invitĂ© les gens Ă  un repas. Ils ont pris le repas et sont restĂ©s assis et parler. Puis le ProphĂšte (leur a montrĂ©) comme s’il Ă©tait prĂȘt Ă  se lever, mais ils ne se sont pas levĂ©s. Quand il a remarquĂ© que (il n’y avait aucune rĂ©ponse Ă  son mouvement), il s’est levĂ©, ainsi que les autres, sauf trois personnes qui sont restĂ©es assises. Le ProphĂšte (ï·ș) est revenu pour entrer dans sa maison, mais il est reparti. Puis ils sont partis, aprĂšs quoi je suis allĂ© voir le ProphĂšte (ï·ș) pour lui dire qu’ils Ă©taient partis, alors il est revenu et est rentrĂ© dans sa maison. Je voulais entrer avec lui, mais il a mis un Ă©cran entre lui et moi. Alors Allah rĂ©vĂ©la : "Ô vous qui croyez ! N'entrez pas dans les demeures du ProphĂšte
" (33.53)
RapportĂ© par Anas : Un banquet de pain et de viande a eu lieu Ă  l’occasion du mariage du ProphĂšte (ï·ș) avec Zaynab bint Jahsh. J’ai Ă©tĂ© envoyĂ© pour inviter les gens (au banquet), et les gens ont ainsi commencĂ© Ă  venir (en groupes) ; Ils mangeaient puis partaient. Un autre groupe venait, mangeait et partait. J’ai donc continuĂ© Ă  inviter les gens jusqu’à ce que je ne trouve personne Ă  inviter. Puis j’ai dit : "Ô ProphĂšte d’Allah ! Je ne trouve personne Ă  inviter." Il a dit : "Emporte la nourriture restante." Puis un groupe de trois personnes est restĂ© dans la maison Ă  discuter. Le ProphĂšte (ï·ș) est parti et s’est dirigĂ© vers la demeure d’Aicha et a dit : "Paix et MisĂ©ricorde d’Allah sur vous, ĂŽ peuple de la maison !" Elle rĂ©pondit : "Paix et misĂ©ricorde d’Allah soient sur toi aussi. Comment as-tu trouvĂ© ton Ă©pouse ? Qu’Allah vous bĂ©nisse. Puis il est allĂ© dans les demeures de toutes ses autres femmes et leur dit la mĂȘme chose qu’il avait dit Ă  Aicha et elles lui dirent la mĂȘme chose qu’Aicha lui avait dit. Puis le ProphĂšte (ï·ș) est revenu et a trouvĂ© un groupe de trois personnes encore dans la maison Ă  bavarder. Le ProphĂšte Ă©tait une personne trĂšs timide, alors il est sorti (pour la deuxiĂšme fois) et s’est dirigĂ© vers la demeure d’Aicha. Je ne me souviens pas si je l’ai informĂ© que les gens Ă©taient partis. Alors il est revenu et dĂšs qu'il a franchi la porte, il a tirĂ© le rideau entre lui et moi, puis le verset d’Al-Hijab a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©.
Anas ibn Malik a rapportĂ© qu’il Ă©tait un garçon de dix ans au moment oĂč le ProphĂšte (ï·ș) a Ă©migrĂ© Ă  MĂ©dine. J’ai servi l’ApĂŽtre d’Allah pendant dix ans (la derniĂšre partie de sa vie) et j’en sais plus que les gens sur les circonstances qui ont amenĂ© Al-Hijab Ă  ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ© (au ProphĂšte). Ubay ibn Ka'b me posait des questions Ă  ce sujet. Il a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© (pour la premiĂšre fois) lors du mariage du Messager d’Allah (ï·ș) avec Zaynab bint Jahsh. Le matin, le ProphĂšte (ï·ș) Ă©tait son Ă©poux et il a invitĂ© les gens, qui ont pris leurs repas et sont partis, mais un groupe d’entre eux est restĂ© avec le Messager d’Allah (ï·ș) et ils ont prolongĂ© leur sĂ©jour. Le Messager d’Allah (ï·ș) s’est levĂ© et est sorti, et moi aussi, je suis sorti avec lui jusqu’à ce qu’il arrive au linteau de la demeure d’Aicha. Le Messager d’Allah (ï·ș) a pensĂ© que ces gens Ă©taient partis Ă  ce moment-lĂ , alors il est revenu, et moi aussi, je suis revenu avec lui jusqu’à ce qu’il entre chez Zaynab et a constatĂ© qu’ils Ă©taient toujours assis lĂ  et n’étaient pas encore partis. Le ProphĂšte (ï·ș) est sorti de nouveau, et je l’ai moi aussi accompagnĂ© jusqu’à ce qu’il atteigne le linteau de la demeure d’Aicha, puis il a pensĂ© que ces gens devaient ĂȘtre partis Ă  ce moment-lĂ , alors il est revenu, et moi aussi avec lui, et a trouvĂ© ces gens partis. A cette Ă©poque, le verset divin du Al-Hijab a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©, et le ProphĂšte (ï·ș) a mis un Ă©cran entre lui (sa famille) et moi.

Voir également

Liens externes

Références

  1. ↑ Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications
  2. ↑ Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications, pp. 119-122
  3. ↑ Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications, pp. 77-83
  4. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 45
  5. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique, p. 35
  6. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 38-40
  7. ↑ 7.0 7.1 7.2 Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 40-45
  8. ↑ Hijab is Not an Islamic Duty: Muslim Scholar (Le hijab n'est pas un devoir islamique: savant musulman) - en anglais - Morocco World News, 24 Juin 2012
  9. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 47-48
  10. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 34
  11. ↑ 11.0 11.1 Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 49-58
  12. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 56
  13. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 65-66
  14. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 19-23
  15. ↑ Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 24
  16. ↑ Voir Sexual Harassment Laws in Egypt: Does Stricter Mean More Effective? (Les lois sur le harcĂšlement sexuel en Égypte : plus strictes signifient-elles plus efficaces ? - En anglais) par Habiba Abdelaal, The Tahrir Institute for Middle East Policy - DĂ©cembre 2021
  17. ↑ Manar Ammar - Sexual harassment awaits Egyptian girls outside schools (Le harcĂšlement sexuel attend les filles Ă©gyptiennes en dehors des Ă©coles - En anglais) - Bikya Masr, 10 Septembre, 2012
  18. ↑ "The High Rape-Scale in Saudi Arabia (L’ampleur des viols en Arabie Saoudite - En anglais)", WomanStats Project (blog), 16 Janvier, 2013, http://womanstats.wordpress.com/2013/01/16/the-high-rape-scale-in-saudi-arabia/.