L'age d'Aicha
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Aicha, de l’arabe عائشة, (également translittéré en A'ishah, Aisyah, Ayesha, A'isha, Aishat, ou Aishah) est née en 613/614 et est décédée en 678.[1]. Elle a été mariée à Muhammad à l’âge de 6 ou 7 ans, et ce dernier, alors âgé de 53 ans, a consommé le mariage lorsqu’Aicha avait 9 ou 10 ans selon de nombreux hadiths sahih (authentiques).[2][3][4][5][6] En raison des préoccupations liées au mariage des enfants, ce sujet suscite un vif intérêt dans la littérature apologétique et le débat public.
A l’époque, se marier à un jeune âge n’était pas inconnu en Arabie, et le mariage d’Aicha à Muhammad avait peut-être une connotation politique, car son père, Abu Bakr, était un homme influent dans la communauté.[7] Abu Bakr a, de son côté, peut-être aussi cherché à renforcer le lien de parenté entre Muhammad et lui-même en unissant leurs familles par le mariage via Aicha. Leila Ahmed, femme de lettres égypto-américaine spécialiste de l’islam, note que les fiançailles et le mariage d’Aicha avec Muhammad sont présentés comme ordinaire dans la littérature islamique, et peuvent indiquer qu’il n’était pas inhabituel que des enfants soient mariés à leurs ainés à cette époque.[8] Dans les empires voisins de cette époque, la loi Byzantine interdisait le mariage des filles qui n’avaient pas atteint l’âge de la puberté, lequel était fixé à treize ans.[9] La loi Sassanide prévoyait, quant à elle, qu’une fillette pouvait se marier dès l’âge de neuf ans à condition que la consommation du mariage soit retardée jusqu’à ce qu’elle atteigne douze ans.[10]
Authenticité
Dans le Coran, une règle concernant le mariage avec celles qui n’ont pas encore atteint la menstruation apparaît au verset 4 de la sourate 65 (At-Talaq – Le Divorce ou La Répudiation).[11] Le tafsir (exégèse) d’Al-Jalalayn est l’un des commentaires du coran les plus respectés.[12] Pour ce verset, Jalalayn décrit dans son exégèse que "celles qui n’ont pas leurs règles" sont "celles qui n’ont pas encore leurs règles en raison de leur jeune âge, et que leur période [d’attente] sera [aussi] de trois mois."[13]
Dans l’ère moderne, l’âge qu’Aicha avait à son mariage a été une source de controverse et de débat. Certains musulmans ont tenté de réviser la chronologie préalablement acceptée de sa vie (voir la section Histoire Apologétique).[14] Le corpus de hadiths a permis d’obtenir des données sur les débuts de l’islam à travers une prétendue “chaîne ininterrompue de transmetteurs“. De nombreux hadiths indiquant qu’Aicha avait six ans lors de son mariage et neuf ans lorsque celui-ci a été consommé proviennent de collections ayant le statut de sahih, ce qui signifie qu’ils sont considérés comme dignes de confiance pour la majorité des Musulmans. Ils sont défendus, malgré la controverse qui entoure la question, car remettre en doute un ou des hadiths aussi largement transmis compromettrait de manière générale la science du hadith. L'âge et la consommation du mariage d'Aicha a également été mentionné par Ibn Hisham lors de sa recension de la sira d’Ibn Ishaq. De nombreuses déclarations sur cette tradition sont aussi référencées par les historiens Ibn Sa’d et al-Tabari.[15][16]
Les savants islamiques modernes remettent généralement en question la fiabilité des hadiths authentiques et des éléments biographiques de la tradition. Les récentes recherches universitaires indiquent que les hadiths précisant l’âge d’Aicha au moment de son mariage et de sa consommation remontent aux propos formulés par son petit-neveu, Hisham b. 'Urwa, après que ce dernier ait déménagé en Irak où il a trouvé un public réceptif probablement pour des raisons proto-sectaires (voir la section sur les points de vue académiques modernes ci-dessous).
A propos du mariage des enfants
Shafi'i, le fondateur de l’une des quatre écoles juridiques sunnites, a utilisé l’exemple du mariage d’Aicha pour soutenir le consensus juridique islamique selon lequel un père avait le droit d’inscrire sa fille mineure vierge dans un contrat de mariage en dépit de sa volonté. Ibn Hanbal, le fondateur d’une autre de ces quatre écoles, a fait allusion aux neuf ans qu’Aicha avait lors de la consommation pour certaines décisions connexes, notamment que le mari doit être autorisé à consommer un mariage une fois que sa femme atteint l’âge de neuf ans (voir Forced Marriage et Child Marriage in Islamic Law).
Selon Reuben Levy, professeur iranien à l’université de Cambridge, aucune limite d’âge n’a été fixée par l’islam pour contracter un mariage et que "de très jeunes enfants peuvent être légalement mariés".[17] La fille ne peut toutefois pas vivre avec son mari tant qu’elle n’est pas apte à avoir des relations sexuelles conjugales.
Dans la terminologie juridique islamique, le terme Baligh (بالغ) fait référence à une personne mature, pubère ou qui a atteint l’âge adulte et est entièrement responsable selon la loi islamique. Les théoriciens du droit attribuent des âges et des critères différents pour atteindre ces conditions pour les hommes et pour les femmes.[18] Dans le mariage, baligh est lié à l’expression juridique arabe, hatta tutiqa'l-rijal, ce qui signifie que le mariage ne peut avoir lieu tant que la fille n’est pas physiquement apte à avoir des rapports sexuels. Un certain nombre de juristes ont déclaré que la consommation pouvait avoir lieu avant même la puberté si la fille était considérée physiquement apte à faire cet acte.
Citations pertinentes
De nombreux hadiths complémentaires sont rassemblés ici : Qur'an, Hadith and Scholars: Aisha.
- Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. De même pour celles qui n'ont pas encore de règles. Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses. (Traduction Hamidullah)
- Celles de vos femmes qui ont désespéré d’avoir de menstruation, si vous doutez, leur délai d’attente est de trois mois. Et celles qui n’ont pas de menstruation, [leur délai d’attente est aussi de trois mois]. Quant à celles qui portent, leur terme est lorsqu’elles mettent bas leur portée. Quiconque craint Dieu, il lui fait son affaire aisée. (Traduction Sami Aldeeb, pdf p.411)
Le neveu d’Aicha, Urwa ibn Al-Zubayr (mort en 94 après l’hégire) aurait écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades que les historiens modernes, tels que le professeur Sean Anthony, considèrent comme une source importante sur les débuts de l’histoire islamique. Dans l’une d’elles, Urwa parle du mariage de sa tante :
§2. Tu m’as écrit au sujet de Khadījah bint Khuwaylid et tu m’as demandé : "Quand est-elle décédée ?" Elle est décédée environ trois ans avant le départ du Messager de Dieu de la Mecque. Il a épousé Aicha une fois Khadījah décédée. Le Messager de Dieu a vu Aicha deux fois [avant cela] et on lui a dit : "Elle sera ta femme." Ce jour-là, Aicha avait six ans. Puis, le Messager de Dieu a consommé son mariage avec Aicha après être allé à Médine, et le jour où il a consommé son mariage avec elle, elle avait neuf ans.
Le récit sur l'âge du mariage a aussi été incorporé dans les traditions circulant à Koufa concernant les vertus d'Aicha :
Selon Abu Ja‘far (Al-Tabari) : Le Messager de Dieu l’a épousée, dit-on, durant le mois de Chawwal, et a consommé son mariage avec elle dans une année ultérieure, également durant Chawwal.
Lors de l’incident de la calomnie (al-ifk), largement rapporté dans Sahih Bukhari et Sahih Muslim, Aicha a été accusée d’adultère après avoir été laissée derrière par la caravane.
[…] Cette nuit-là, j’ai continué à pleurer et je n’ai pas pu m’endormir jusqu’au matin. Dans la matinée, l’Apôtre d’Allah a appelé Ali bin Abu Talib et Ousama ibn Zayd afin de les consulter au sujet du divorce d’avec sa femme (c.-à-d. Aicha) car il constatait que l’inspiration divine tardée à venir. Ousama ibn Zayd a dit ce qu’il savait de la bonne réputation de ses épouses et a ajouté : "Ô Apôtre d'Allah ! Garde ton épouse, car, par Allah, nous ne connaissons d’elle que le bien". Ali bin Abu Talib a dit : "Ô Apôtre d'Allah ! Allah ne t’a pas imposé de restrictions, et il y a de nombreuses autres femmes en plus d’elle, mais tu peux demander à la servante qui te dira la vérité". Sur ce, l’Apôtre d’Allah a appelé Barîra et dit : "Ô Barîra, as-tu déjà vu quelque chose qui ait éveillé tes soupçons à son sujet ?" Barîra a dit : "Non, par Allah qui vous a envoyé avec la Vérité, je n'ai jamais rien vu de mauvais en elle, sauf que c’est une fille d'un âge immature qui, quelquefois, s’endort et laisse la pâte à manger aux chèvres."[…]
Dans les récits de cet incident qui a presque conduit Muhammad à divorcer, Aicha est à de nombreuses reprises mentionnée comme une jeune fille (jariyatun hadithatu s-sinni جَارِيَةٌ حَدِيثَةُ السِّنِّ), elle-même le déclarant deux fois et une fois par son esclave Barîra. Aicha indique que "à cette époque, j'étais une jeune femme" et "j’étais une jeune fille et je n’avais pas beaucoup de connaissances du Coran" (les deux utilisent la même expression arabe qui vient d'être mentionnée). Barîra dit, "je n'ai jamais rien vu de mauvais en elle, sauf que c’est une fille d'un âge immature qui, quelquefois, s’endort et laisse la pâte à manger aux chèvres."
Le hadith détaillant cet incident est largement transmis d’Aicha à 'Urwa b. al-Zubayr (son neveu), lequel l'a transmis à son élève Ibn Shihab al-Zuhri. Une brève réponse à une question au sujet des noms de ses accusateurs (mais sans plus de détails) apparaît également dans une lettre de 'Urwa, transmise par son fils, Hisham.[20]
La même expression se retrouve dans les récits de Muhammad protégeant Aicha avec son vêtement lorsque des Éthiopiens jouaient [dans la cour de la mosquée] (voir Sahih Bukhari 7:62:163). Une version d’un hadith à propos d’Aicha qui a eu ses menstruations pendant un pèlerinage à La Mecque la décrit également par cette même expression (voir Sahih Muslim 7:2773) et dans un autre récit beaucoup plus long et détaillé (voir Sahih Muslim 7:2774).
Points de vue académiques modernes
Provenance et datation du hadith sur l'âge du mariage
La recherche académique la plus complète concernant le hadith se rapportant à l’âge du mariage d’Aicha a été réalisée par le Dr Joshua Little pour sa thèse de doctorat en 2022.[21][22] Un outil important dans l’analyse académique moderne des hadiths largement transmis est l’ICMA (isnad-cum-matn Analysis). L'isnad est la chaîne de transmission attribuée à un récit particulier et le matn est son libellé. Dans l’ICMA, les groupes d’isnad convergents d’un hadith sont comparés à des groupes de variation dans les matns pour voir dans quelle mesure ils sont corrélés les uns avec les autres. Souvent, cela conduit à l’identification d’un ou plusieurs liens communs c.-à-d. la personne à partir de laquelle les transmissions d’un matn commencent d’abord à se ramifier, même si la chaîne peut se poursuivre par un seul élément avant cette personne.[23] La technique est utile pour dater le moment où un hadith a commencé à circuler et pour identifier qui aurait pu le formuler de cette manière, sans toutefois qu’il soit nécessaire qu’il y ait un lien historique aux événements qui y sont rapportés. Le Dr Little a exposé 21 raisons pour lesquelles les hadiths sont connus pour être très peu fiables dans un sens historique par la recherche académique moderne.[24]
Après une recherche approfondie des versions disponibles (plus de 200) du hadith lié à l’âge du mariage d’Aicha, Little a effectué une ICMA pour identifier un petit nombre de liens communs dont il pouvait reconstruire les matns, alors que d’autres pouvaient être rejetés en raison de matns contradictoires ou disparates qui leur sont attribués, et qui, à leur tour, présentaient une série d'autres problèmes. Diverses attributions à un seul élément sont également considérées comme douteuses.
Outre Hisham b. 'Urwa (mort en 146 AH), qui était le petit-neveu d'Aicha et dont le récit est le plus largement transmis, Muhammad b. 'Amr (mort en 144 AH) est l'autre lien commun médinois reconstructible, bien que, comme Hisham, il ait déménagé en Irak et semble simplement ajouter une des versions du hadith d’Hisham à un autre récit. Les autres premiers liens communs sont trois habitants de Koufa (en Irak) qui sont morts entre 146-160 AH. Bien qu'il soit possible qu'un ou plusieurs autres récits remontent à Aicha elle-même, cela ne peut être démontré sur une base de l’ICMA.[25]
Little a alors analysé plus en profondeur ses matns reconstitués pour ces liens communs. Sur la base de mots, de phrases et de séquençages partagés, il a conclu qu’ils dérivaient tous d’une seule et simple formulation et ne sont pas des souvenirs transmis indépendamment d’un événement commun. Cette formulation d’origine semble être celle qui s’est largement transmise par Hisham, lequel a également transmis quelques versions avec des détails supplémentaires. Hisham a attribué tout cela à son père 'Urwa b. al-Zubayr (faussement, soutient Little, bien qu’il soit utile de mentionner que dans sa thèse, il ne note pas que le contenu de la lettre de 'Urwa sur Aicha qu’Hisham a rapporté est aussi raconté par un lien commun partiel syrien qui l'a attribué via son oncle à al-Zuhri, l’élève d'Urwa, qui a déménagé de Médine en Syrie.[26] Il existe des preuves qu’Hisham n’a, à l’origine, pas répandu l'isnad de la plupart de ses versions remontant à Aicha elle-même, mais plutôt seulement à son père 'Urwa, le neveu d’Aicha. Ses versions ont été racontées à la 3ème personne et non par lui.[27] Il est d’autant plus clair qu’une telle "augmentation" d’isnads s’est produite pour les transmissions d’autres rapporteurs qui remontent jusqu’à Aicha par d’autres voies.
Mis à part la version la plus couramment transmise qui stipule simplement qu'Aicha était mariée à Muhammad à l'âge de six ans et que leur mariage a été consommé quand elle avait neuf ans, l'ICMA de Little confirme qu’Hisham a également raconté une variante en ajoutant qu'il a été informé que Muhammad et Aicha étaient ensemble depuis neuf ans[28] (peut-être aussi une autre variante dans laquelle elle jouait avec des poupées[29]). Par l’intermédiaire de son père 'Urwa, il a également parlé du mariage dans une courte lettre - voir le passage noté un peu plus haut.[30] Enfin, il a également relaté le récit d’Aicha selon lequel les femmes venaient la chercher pendant qu’elle jouait afin qu’elle puisse être préparée à sa consommation conjugale.[31] Chacun de ces exemples peut être consulté dans la section Citations pertinentes.
Hisham semble avoir transmis le hadith après s’être établi à Koufa en Irak. Quelques transmissions sont attribuées à ses étudiants médinois, mais celles-ci s’avèrent toutes douteuses pour diverses raisons (et il est difficile de les expliquer[32]). Le hadith était très probablement inconnu à Médine, car il n’est pas mentionné dans les œuvres biographiques d’Ibn Ishaq ni (semble-t-il) par Musa b. 'Uqbah. Il ne figure pas non plus dans les textes juridiques malékites alors qu’il aurait dû y être selon Little si le hadith avait circulé à Médine. On prête à certains des premiers koufans la transmission de l’histoire aux liens communs koufans avant l’arrivée d’Hisham en Irak, mais ces isnads sont douteux d’après Little, car le hadith sur l'âge du mariage n'apparaît pas dans les premières compilations de hadiths juridiques koufans, ni dans les premières versions de hadiths koufans qui racontent les vertus d’Aicha. Au contraire, ces références koufanes sur le mariage d'Aicha semblent aussi provenir des compositions d'Hisham.
Après avoir conclu qu’Hisham était responsable de l’histoire composée dans le hadith dont tous les autres dérivent finalement, Little a poursuivi en affirmant qu’Hisham avait entièrement inventé l’histoire, y compris les versions plus longues et la lettre de 'Urwa. Hisham a été accusé d’être un transmetteur peu fiable après son arrivée en Irak où le hadith sur sa grand-tante aurait été utile là-bas. En effet, la virginité d’Aicha au moment de son mariage et son statut d’épouse préférée de Muhammad étaient une caractéristique fondamentale des polémiques proto-sunnites contre les proto-chiites, en particulier à Koufa où ces derniers étaient dominants, et le hadith d’Hisham a dû y être très bien accueilli puisqu’il a été immédiatement incorporé dans ce matériel proto-sunnite koufan sur les vertus d’Aicha.
Autres considérations
Dans son livre de 2017, Minor Marriage in Early Islamic Law, Carolyn Baugh a évoqué une explication différente au sujet du mutisme juridique médinois sur l’âge d’Aicha et la non-utilisation du hadith par de nombreux savants ultérieurs. La loi malékite était basée en grande partie sur la coutume de la communauté médinoise, bien que parfois des anecdotes sur les compagnons aient été utilisées pour faire valoir des points spécifiques. Contrairement à Little, Baugh doute de l’utilité du hadith d’Aicha à des fins juridiques.[33] Les juristes malékites à Médine et les juristes hanafites à Koufa n’ont pas cherché à prouver qu’un père pouvait contracter sa fille mineure vierge en mariage, qui était considérée comme acquise.[34] Ils ont au contraire discuté du droit d’un père de la contraindre sans consultation, de savoir s’il avait toujours ce droit quand elle n’était plus vierge ou mineure, si elle avait le droit de l’annuler plus tard et ainsi de suite. En effet, contrairement à divers rapports sur les compagnons utilisés par les savants malékites et mis en évidence par Baugh, le hadith d’Aicha ne semble d’aucune utilité pour les domaines de désaccord juridique ou les points pour lesquels ils ont ressenti le besoin de prouver (voir Child Marriage in Islamic Law). Shâfi'î est le premier juriste à utiliser le hadith d’Aicha sur l'âge du mariage (et plus généralement a innové le Coran et le corpus de hadiths solides comme sources décisives du droit). Il a utilisé le hadith d'Aicha dans le but de prouver le droit d'un père à marier sa fille indépendamment de ses souhaits, bien qu'il ait dû lire dans ses propres hypothèses pour le faire (voir Forced Marriage)[35]. Les savants ultérieurs ont suivi Shâfi'î dans cet usage. Cependant, le hadith d’Aicha se contente simplement d’affirmer que son mariage a été contracté quand elle avait six (ou sept ans), et il ne précise pas si elle a été consultée ou forcée par son père, ni même si elle avait atteint la puberté à neuf ans.
Le cas du Dr Little est néanmoins solide en déclarant que c’est Hisham qui a formulé le ou les hadiths sur l'âge du mariage d'Aicha en Irak et que d'autres en ont dérivé leurs versions. Il fournit également une motivation plausible pour Hisham d’avoir entièrement inventé l’histoire. Toutefois, d’autres peuvent pointer vers quelques traditions qui ne dépendent pas de ce hadith et qui peuvent soutenir la possibilité d’un fond de vérité historique. Le hadith mentionné plus haut dans la section Citations pertinentes concernant l’incident de la calomnie (al-Ifk) n’implique pas Hisham et souligne qu’Aicha n’était alors "qu’une jeune fille", bien que l’historicité de cela puisse aussi être mise en doute étant donné les considérations polémiques autour de l’événement.
Une tradition indépendante plus significative a pu, selon Little, remonter provisoirement à l’historien médinois Ibn Shihab al-Zuhri (mort en 124 AH). Le hadith d’Al-Zuhri, qui a dû être transmis alors qu’il était à Médine, indique que le Messager de Dieu a épousé Aicha bint Abu Bakr durant le mois de Chawwal dans la dixième année après la prophétie, trois ans avant la migration, et qu’il a organisé la fête pour le mariage à Médine (c.-à-d. pour la consommation) pendant Chawwal, seulement huit mois après son émigration à Médine. Little spécule qu’Hisham a choisi neuf ans comme âge de consommation et a utilisé cet écart de trois ans entre le mariage d’Aicha et la consommation pour déterminer l’âge qu’elle avait à son mariage, soit six ou sept ans.[36] D’autres remarqueront peut-être une autre signification à cette tradition d’Al-Zuhri apparemment antérieure. L'écart de trois ans entre le mariage et la consommation qui y est mentionné, sans fonction polémique évidente (aucun âge n’est indiqué), implique probablement et indépendamment qu’Aicha était une enfant à l’époque.
Conséquences plus générales
Alors que l’ICMA de Little "révèle une accumulation d’erreurs, de corruptions, d’interpolations, d’emprunts et de fausses attributions", la "majorité écrasante des supposés [liens communs partiels] et [liens communs] dans le hadith sur l'âge du mariage s'est avérée être des sources authentiques dont les rédactions distinctives étaient identifiables et (dans une certaine mesure) reconstituables. De tels résultats positifs ne remontent cependant qu’au milieu du 8ème siècle de notre ère : avant cette date, les preuves étaient soit insuffisantes, soit carrément incompatibles avec une transmission authentique et précoce."[37]
Dans une partie (liée aux implications) de sa thèse pour l'étude académique du hadith et de l'histoire, Little fait remarquer que "s’il est vrai que la plupart des hadiths peut avoir été dérivé de sources opérant au milieu du 8ème siècle de notre ère (c.-à-d. au début du 2ème siècle de l’Hégire), nombreux sont ceux qui peuvent être considérés comme des emprunts ou des ajouts ultérieurs, et presque tous ont subi un remaniement ou une altération au cours de la transmission, au moins du milieu du 8ème siècle de notre ère au milieu du 9ème." D’un point de vue historique, Little soutient également qu’il a "montré, dans les moindres détails, comment un faux hadith pouvait surgir, se propager, se diversifier et atteindre l’acceptation universelle dans les premières études sunnites sur les hadiths."[38]
Histoire apologétique
La majorité des savants s'accordent aujourd'hui pour dire qu'Aicha avait 9 ans lorsque son mariage avec le prophète Muhammad a été consommé. Cela a été l’opinion dominante accepté par les musulmans tout au long des 1400 ans d'histoire de l'islam.[39] La première objection recensée au sujet de l’âge d’Aicha a été formulée par Maulana Muhammad Ali qui a vécu de 1874 à 1951.[40] Cependant, il n'est pas considéré comme crédible par la secte Sunnite puisqu'il appartenait à la secte Ahmadienne dont les croyances diffèrent radicalement de l'islam traditionnel. Les adeptes de l’ahmadisme et leurs écrits sont également fortement axés sur le travail missionnaire.[41]
En plus des objections d’Ali, Habib Ur Rahman Siddiqui Kandhalvi (1924-1991) a déclaré dans son ouvrage en ourdou, "Tehqiq e umar e Siddiqah e Ka'inat" (traduit en anglais en 1997), qu’il se lamentait d’être "fatigué de défendre cette tradition", une tradition qui est rie et ridiculisée par des individus instruits en anglais qu’il rencontre à Karachi et lesquels prétendent que c’est contre "la sagacité et la prudence", "préfèrent la société anglaise à l’islam à cet égard", et il admet volontiers que son "but est de produire une réponse aux ennemis de l’islam qui projetteraient de la boue sur le corps pieux du généreux prophète".[42] Une fatwa posthume a été émise contre lui en novembre 2004, le qualifiant de "Munkir-e-Hadith" (rejeteur de hadiths) et de "Kafir" (infidèle) au motif qu’il rejetait les hadiths.[43]
S'appuyant sur les arguments de Habib Ur Rahman et Muhammad Ali, Moiz Amjad (qui se présente lui-même comme "l’apprenant") est devenu une référence importante pour l’apologétique en ligne sur cette question. Moiz admet en avoir tiré ses arguments, les résumant et les présentant en réponse à un musulman lui demandant comment il peut répondre aux critiques des chrétiens.[44] Avec la réponse restructurée de Moiz, les arguments provenant de l’ahmadisme dans les années 1920 et 1930 ont finalement atteint une popularité généralisée parmi les musulmans orthodoxes qui accueillent une alternative à la chronologie traditionnellement acceptée. Cependant, cette popularité semble être strictement limitée aux articles ou aux arguments sur Internet, et non entre les cheikhs traditionalistes et les savants, et ils ne sont pas acceptés par les musulmans préoccupés par les conséquences plus générales du rejet des hadiths traditionnellement authentiques.
En juillet 2005, le Cheikh et Dr. Gibril Haddad a répondu aux polémiques de Moiz Amjad par "l’âge de notre mère Aicha au moment de son mariage avec le prophète."[45] Le Cheikh Haddad a été classé parmi les "500 premiers musulmans les plus influents dans le monde"[46] et est considéré comme un savant musulman et un muhaddith (expert en hadith).[46] Haddad a inclus de nombreux faits qui sont facilement vérifiables pour ceux qui ont accès à la littérature du hadith et de la sira. Par exemple, son analyse a mis en évidence le fait que de nombreux arguments étaient fondés uniquement sur des hypothèses erronées tirées de hadiths n’ayant aucun rapport avec l’âge d’Aicha, ou déformaient les sources qui étaient citées (c.-à-d. des hadiths soutenant en effet l’idée qu’Aicha avait 9 ans). Moiz Amjad n'a pas encore répliqué à sa réponse.
Cependant, la réponse de Haddad n’a pas empêché les arguments d’Amjad d’être rabâchés par des apologistes sur internet avec le même objectif missionnaire et apologétique. D’autres transmetteurs de ces arguments figurent, mais sans s’y limiter : T.O Shavanas,[47] l'"imam" Chaudhry (qui a plagié mot à mot l'œuvre d'Amjad),[48] Zahid Aziz,[40] Nilofar Ahmed,[49] et David Liepert.[50]
Perspectives apologétiques modernes
Certains auteurs musulmans ont évité les hadiths traditionnellement acceptés et ont tenté de calculer l'âge d'Aicha à partir de détails trouvés dans d'autres hadiths et certaines biographies, bien que Kecia Ali qualifie ces tentatives de "révisionnistes".[14]
Recours aux récits d'Hisham en Iraq
Bien que sahih (solide) selon les principes du hadith islamique, la première objection est que la transmission des hadiths sur l'âge conjugal d'Aicha passe par un narrateur, Hisham b. 'Urwa (de son père 'Urwa b. al-Zubayr, le neveu d’Aicha) ; qu'il ne l'a pas raconté à Médine, mais seulement après s’être installé en Irak ; que l'imam Malik (à Médine) était en colère contre Hisham à propos des hadiths (non spécifiés) qu'il a transmis en Irak (selon Ibn Khirash, décédé en 896 de notre ère) ; qu’Hisham est devenu peu fiable après avoir déménagé là-bas en omettant de mentionner les transmetteurs intermédiaires lorsqu’il raconte d'après son père (selon Yaq'ub b. Shaybah, décédé en 875 de notre ère, tel que cité par al-Dhahabi, décédé en 1348 de notre ère) ; qu’il est devenu confus en vieillissant (selon al Hasan b. al-Qattan, mort en 1231 de notre ère) ; ou que sa mémoire a diminué dans la vieillesse (selon al-Dhahabi, qui nie l’affirmation d’al-Qattan selon laquelle Hisham est devenu confus).[51]
D’un point de vue islamique traditionnel, de nombreuses chaînes de narration de ces hadiths sur l’âge conjugal d’Aicha[52] n'impliquent pas Hisham (par exemple, Sahih Muslim 8: 3311[53]). Les détails de certaines de ces autres chaînes de narration peuvent être trouvés dans la première moitié d’un article du site IslamQA.
Cheikh Haddad a répondu à l’objection que la plupart de ces récits sont rapportés seulement par Hisham comme suit : "plus de onze autorités parmi les Tabi`in l'ont rapporté directement d’Aicha, sans compter les autres compagnons majeurs qui ont rapporté la même chose, ni des autres grands successeurs qui l'ont rapporté par d'autres et non d'Aicha."[45]
De même, concernant l’objection selon laquelle elle n’a pas été rapportée par les médinois, Cheikh Haddad a répondu :
Cependant, comme vu plus haut, dans le cas de cette objection, les révisionnistes sont fortement soutenus par la recherche académique moderne, indiquant que les premières transmissions médinoises des hadiths spécifiant l’âge conjugal d’Aicha ont fabriqué des isnads et qu’elles ont en réalité été diffusées pour la première fois par Hisham après son installation en Irak, lieu de départ avant que cela se répande dans d’autres régions. D'autre part, l'une des lettres qu'Hisham rapporte de son père ('Urwa b. al-Zubayr, le neveu d'Aicha) qu’il a envoyée à la fin de la cour omeyyade et dans laquelle il mentionnait l’âge d’Aicha lors de son mariage et de sa consommation, peut aussi avoir été connue d’al-Zuhri, l'étudiant de 'Urwa. De plus, une tradition sur un écart de trois ans entre le mariage d'Aicha et sa consommation semble avoir été racontée par al-Zuhri quand il était encore à Médine. Pour plus de détails, reportez-vous à la section sur les points de vue académiques ci-dessus.
Révélation au temps de la sourate al-Qamar
Cet argument utilise le hadith du Sahih Bukhari dans lequel Aicha explique qu'elle était une "fille enjouée" (jariyatun al-'abu لَجَارِيَةٌ أَلْعَبُ) lorsque la sourate du Coran al-Qamar a été révélée.[54] En estimant approximativement que cette sourate ait été révélée neuf ans avant la hijra (c. 622), certains concluent que cela rend Aicha plus âgée que ne le prétendent les autres hadiths.
Cependant, la date exacte de la révélation de la sourate al-Qamar est inconnue. Ibn Hajar, Maududi, et d’autres traditionalistes ont dit qu’elle avait été révélée 5 ans avant l’hégire.[55] Zahid Aziz a déclaré qu’elle avait été révélée 6 ans avant l’hégire.[56] Par ailleurs, il n’y a aucune source fiable qui revendique que cette sourate a vu le jour 9 ans avant l’hégire.
Cheikh Haddad le confirme en affirmant que l’estimation traditionnelle de la révélation de la sourate al-Qamar est cohérente avec l’âge d’Aicha de neuf ans.
Les batailles de Badr et de Uhud
Cet argument apologétique vise à revendiquer qu’Aicha était aux batailles de Badr et d’Uhud, et que comme à l’époque, la pratique courante interdisait à quiconque de moins de 15 ans de rejoindre le champ de bataille, elle ne pouvait pas être plus jeune que cela.
Cependant, aucune source ne mentionne la participation d’Aicha à la bataille de Badr. Quelques hadiths mettent en évidence l’implication d’Aicha dans la bataille d’Uhud, mais seulement dans la mesure où elle n’était pas impliquée sur le champ de bataille et ne transportait simplement que des outres d’eau aux combattants.[57] Les femmes et les jeunes enfants étaient autorisés à exercer ces fonctions pendant les batailles.[58]
Cheikh Haddad répond à cet argument apologétique :
L'âge d'Asma
Un hadith da'if (faible) rapporté d’al-Zinad et consigné dans les œuvres de certains savants médiévaux, y compris al-Dhahabi,[59] indique qu’Asma, la sœur aînée d’Aicha, était âgée de dix ans de plus qu’elle. Cela a été combiné avec des informations improbables selon lesquelles Asma avait 100 ans au moment de sa mort en 73 AH pour calculer qu'Aicha avait dix-huit ou dix-neuf ans au moment de sa consommation du mariage (1 AH ou 2 AH - (73 - 100) - 10).
Cheikh Haddad et le site IslamQA critiquent indépendamment cette approche comme reposant sur un seul narrateur, que la plupart des savants considèrent comme faible, et notent qu’un hadith par une chaîne plus fiable du même narrateur donne un plus grand nombre en ce qui concerne la différence d’âge entre les sœurs.[45][60] Tous deux notent également qu’al-Dhahabi a aussi donné la vague opinion qu’Asma avait "dix ans ou plus" de plus qu’Aicha.
Le récit de Tabari sur les enfants et les femmes d’Abu Bakr
Ce récit utilise l’exégèse d’al-Tabari pour soutenir qu’Aicha est née durant la période préislamique et ne pouvait donc pas avoir moins de 14 ans.[61]
Cependant, le propre récit d'al-Tabari rapporte à au moins cinq reprises qu'Aicha avait environ 6-7 ans pendant le mariage et que celui-ci a été consommé 3 ans plus tard.[62][63][64][65][66]
En outre, Cheikh Gibril Haddad dit que le passage initial mentionné est mal interprété, en déclarant "qu’al-Tabari ne rapporte nulle part que 'les quatre enfants d’Abu Bakr sont tous nés durant la Jahiliyya', mais seulement qu’il a épousé leurs deux mères durant la Jahiliyya, Qutayla bint Sa’d et Umm Ruman, qui lui ont donné en tout quatre enfants, deux chacun, Aicha étant la fille d’Umm Ruman."[45]
Au temps de la conversion d'Omar à l'Islam
Cet argument s’appuie sur al-Sirah al-Nabawiyyah (la biographie du Prophète) pour affirmer que puisqu’Aicha s’est convertie à l’islam avant Omar, elle ne pouvait pas être née au cours de la première année de l’islam.[67]
Cependant, même si l’affirmation selon laquelle Aicha s’est convertie à l’islam avant Omar était vraie, cela ne signifie pas que cela a eu lieu au cours de la première année de l’islam, puisqu’Omar s’est converti en 617 de notre ère, soit environ 4 ans après la naissance d’Aicha en 613 après J.-C.[1] De plus, Aicha n’a jamais témoigné s’être convertie à l’islam, car les hadiths montrent qu’elle n’a aucun souvenir d’une époque où sa famille n’était pas musulmane.[68]
En plus de contester l’affirmation selon laquelle Ibn Hisham a rapporté qu’Aicha avait accepté l’islam bien avant Omar ibn al-Khattâb, Cheikh Haddad remet également en question l’affirmation selon laquelle :
Le récit de Tabari sur la migration d'Abu Bakr vers Habshah
Selon cet argument, al-Tabari affirme que lorsqu’Abu Bakr envisageait d’émigrer en Abyssinie (Ethiopie), il a parlé à Mut’im, dont le fils, Jabayr était fiancé à Aicha. Cette migration a eu lieu huit ans avant l’hégire, date à laquelle Aicha venait tout juste de naître si elle avait consommé son mariage avec Muhammad à l'âge de 9 ou 10 ans.
Les partisans de cette affirmation admettent qu’ils n’ont pas de source primaire, qui trouve son origine dans l’ouvrage en ourdou de Kandhalvi.[44] Cheikh Haddad répond "qu’il n’y a aucune mention de l’émigration dans le récit de Tabari au sujet de la discussion d’Abu Bakr avec Mut’im" et "qu’il n’y a eu que quelques discussions préliminaires, pas un arrangement formel".[45]
La signification de bikr
Cet argument cite un hadith dans le Musnad d'Ibn Hanbal qui dit que Khaulah a suggéré Aicha à Muhammad comme une vierge (bikr) qu'il pourrait épouser. L'affirmation est que bikr ne se prête pas à une jeune fille.[69]
Toutefois, il existe de multiples récits de hadiths sahih d’une conversation très pertinente entre Muhammad et Jabir dans laquelle bikr (vierge) est clairement compatible avec jariyah (jeune fille).
Cheikh Haddad dit à propos de cette revendication : "C’est absurde, bikr signifie une fille vierge, une fille qui n’a jamais été mariée même si son âge est de 0 an, il n’y a donc aucune incertitude ici."[45]
La différence d'âge de Fatima
Selon ibn Hajar, Fatima avait cinq ans de plus qu'Aicha et Muhammad avait 35 ans quand Fatima est née. Par conséquent, selon cette allégation, Aicha devait être adolescente au moment où son mariage a été consommé.
Cependant, l’auteur de cette affirmation[44] a combiné et cité de façon sélective des sources contradictoires. Cheikh Haddad répond :
Le hadith qui dit qu'Aicha avait atteint la puberté
Cet argument est basé sur le hadith 465 du volume 1, livre 8 du Sahih Bukhari qui a été mal traduit. Dans une traduction anglaise, il est indiqué qu’Aicha avait vu ses parents suivre l’islam depuis l’âge de la puberté, et pas un jour ne passait sans que Muhammad ne leur rende visite.
Cependant, le mot أَعْقِلْ signifie pensées ou raisonnement, mais le traducteur, Muhsin Khan, a utilisé le mot 'puberté'. La signification est simplement qu’Aicha était consciente que ses parents suivaient l’islam. Une traduction littérale serait "Je n'étais pas consciente de mes parents si ce n'est qu'ils reconnaissaient tous les deux la religion". La même phrase arabe est traduite correctement par le même traducteur dans un autre récit du même hadith.[70]
Le hadith dans lequel Aicha a ses menstrues
Cet argument est aussi basé sur un hadith mal traduit. Il s’agit du 4915 du Sunan d’Abu Dawud (numéroté 4933 dans la version anglaise Dar-us-Salam avec les notes du professeur Ahmad Hasan).
Le Messager d'Allah (ﷺ) m'a épousé quand j'avais sept ou six ans. Quand nous sommes arrivés à Médine, des femmes sont venues. Selon la version de Bishr : Umm Ruman est venu me voir quand je me balançais. Elles m’ont prise, m’ont préparée et m’ont habillée. J’ai ensuite été amenée au Messager d’Allah (ﷺ) et il s’est mis à cohabiter avec moi quand j'avais neuf ans. Elle m’a arrêtée à la porte et j’ai éclaté de rire. Abu Dawud a dit : C’est-à-dire : J’ai eu mes règles, et on m’a amené dans une maison, et il y avait des femmes parmi les Ansars à l’intérieur. Elles ont dit : Bonne chance et bénédiction. La tradition de l’un d’eux a été incluse dans l’autre.
Ahmad Hasan traduit mal le commentaire d'Abu Dawud comme "C'est-à-dire : j'ai eu mes règles". La phrase d'Aicha "j'ai éclaté de rire" est fa-qultu heeh heeh (فَقُلْتُ هِيهْ هِيهْ), "Et j'ai dit heh, heh". L'édition anglais-arabe Dar-us-Salam du Sunan d’Abu Dawud traduite par Nasiruddin al-Khattab rend ici les paroles d’Aicha : "Elle m'a fait rester à la porte et j'ai commencé à respirer profondément" (Dar-us-Salam n’inclut pas le commentaire d’Abu Dawud).
Le commentaire d'Abu Dawud est ay tanaffasat (أَىْ تَنَفَّسَتْ), qui est "C'est-à-dire" j'ai respiré". Le verbe nun-fa-sin est utilisé ici dans la forme arabe (V) avec le préfixe (ta) et la lettre médiane (shadda) (doublée), qui, selon le lexique de Lane, signifie "respiré". La forme (I) peut signifier menstrué, mais ce n’est pas la forme utilisée dans le hadith.
Aicha se souvenait de la migration vers l'Abyssinie
Un autre hadith a souvent été mal interprété car il prétendait qu’Aicha se souvenait de Muhammad venu voir Abu Bakr au moment de migrer vers l'Abyssinie (l'Éthiopie moderne). Cette migration forcée est due à ce qu’Urwa b. al-Zubayr décrit dans sa première lettre comme la première persécution (al-fitnah al-ūlā) à La Mecque, avant la migration quelques années plus tard à Médine.
Le hadith lui-même ne précise pas de quelle migration il s’agit.
Un autre hadith montre clairement que le hadith ci-dessus se réfère en fait à la migration vers Médine, et non en Abyssinie. On peut le remarquer dans la phrase similaire à propos de Muhammad venu voir Abu Bakr à midi après avoir reçu l'autorisation de migrer, les deux chamelles qu'Abu Bakr avait préparées et le cadre général. A la fin de la citation la ville de Médine est mentionnée.
Justifications apologétiques du mariage
Plusieurs revendications sont couramment faites par ceux qui défendent Muhammad et acceptent le récit traditionnel selon lequel il a épousé Aicha quand elle avait six ans et a consommé le mariage quand elle avait neuf ans, Muhammad, à l’époque, était un homme âgé de cinquante-trois ans. Ces allégations sont largement critiquées à la fois par les musulmans qui rejettent l'authenticité des hadiths concernés, mais aussi par de nombreuses autres personnes, quelle que soit leur position sur l'historicité de l'histoire.
Normes culturelles de l’époque
Il semble qu’il était courant de contracter des filles en mariage à un âge précoce dans la culture arabe de l’époque. L’Imam Malik (mort en 795 de notre ère) a fondé ses décisions sur la pratique communautaire à Médine. Il a permis à un père de contracter sa fille mineure vierge dans un mariage et sans sa permission. Les premiers juristes d’autres écoles de droit (qui étaient également d’accord sur ce point) ont utilisé des récits sur les compagnons de Muhammad (ou Muhammad lui-même) se mariant ou concluant des contrats de mariage avec des mineurs comme preuve dans leurs discussions juridiques, et tous étaient plus ou moins d’accord que la consommation de tels mariages était autorisée une fois qu’une fille avait atteint l’âge de la majorité, ou, selon certains avis, plus tôt, s’il était jugé qu’elle pouvait tolérer physiquement des rapports sexuels (voir Child Marriage in Islamic Law).
Certains soutiennent les critiques liées aux actions de Muhammad dans le récit traditionnel et commettent l'erreur du présentisme dans lequel les normes morales d'un âge précoce et les circonstances étaient différentes comme les ont jugées ceux d'aujourd'hui, et font valoir en outre que le mariage très précoce et la consommation étaient courants à l'époque.
Cependant, les critiques notent que, contrairement au début de la politique islamique, l’âge minimum du mariage ou de la consommation pour les filles dans les empires byzantins et sassanides voisins était significativement plus tardif, soit 13 ou 12 ans, bien qu’encore très jeune (voir ci-dessus). En outre, elles soutiennent qu'il est objectivement établi qu’une grossesse chez les adolescentes entraîne un risque significativement plus élevé de complications médicales graves pour la mère et le bébé, comme l'a souligné par exemple l'Organisation Mondiale de la Santé) et que cela ne serait pas différent d’il y a mille ans, en particulier dans le cas d'une fillette de neuf ans. De plus, les critiques se demandent s'il est légitime de se plaindre du présentisme, étant donné le concept islamique de Muhammad comme étant le al-Insān al-Kāmil (l'homme parfait) et un Uswa Hasana (un excellent modèle de conduite). En effet, le mariage de Muhammad avec Aicha a été cité par des savants islamiques opposés à l’introduction ou au relèvement de l’âge minimum du mariage qui a eu lieu dans la plupart des pays à majorité musulmane au cours des dernières décennies.
Espérance de vie plus courte
Some argue that life expectancy a millenium ago was considerably lower than today, so there was an imperative to start a family at a young age. Critics note that such claims are often exaggerated for these purposes by including infant mortality in the calculation of average lifespans. A study of skeletal remains from the Mexican city of Cholula showed that between 900 to 1500 CE, most people who made it to adulthood went on to live beyond the age of fifty. Another study showed that in medieval England those who reached the age of 25 had an average life expectancy of another 25 years.[72] Both Muhammad and Aisha died in their sixties. Furthermore, critics point out that the risk of maternal and infant mortality was relatively high among girls enduring pregnancy in early adolesence (traditionally, Muhammad commenced intercourse with Aisha when she was nine), while in other cases permanent reproductive damage can be done. Aisha did not bear Muhammad any children.
Earlier puberty and menarchy in the past
Another common argument is that puberty occured earlier in the past or in hot climates. Puberty is a process which takes place over a number of years, while menarchy (first menstruation) is a distinct physiologial event which is the culmination of the anatomical processes of puberty. Apologetic websites typically cite books or articles which mention that the onset of puberty can occur today from as early as the age of eight. An article by Jesse Gamble is commonly quoted for saying that "Menarche affected Paleolithic girls between the ages of 7 to 13".[73] A journal article by Peter Gluckman and Mark Hanson gives a similar range and is commonly cited for their argument that in the simpler societies of the past, psycho-social maturity was better aligned with the age of physical development.[74]
However, critics have noticed that this is only half the story. The opening sentence of Gluckman and Hanson's paper begins by saying, "The age of menarchy has fallen as child health has improved". The paper explains that menarchy begins later when childhood health and nutrition is poor, such as in the neolithic period, when as a result of "settlement, childhood disease and postnatal undernutrition became common and therefore the average age of menarchy was delayed" in contrast to the paleolithic hunter-gatherers. In Figure 2 of their paper the authors indicate the likely age ranges of menarchy 20,000 years ago (c. 7-14 years old), 2,000 years ago (c. 10-17 years old), 200 years ago during the industrial revolution (c. 13-18 years old) and today, when it has fallen back down (c. 9-15 years old). The authors argue that "With modern hygiene, nutrition and medicine, these pathological constraints on puberty have been removed and the age of menarchy has fallen to its evolutionarily determined range. But now the complexity of society has increased enormously and psychosocial maturation takes longer." Hadiths narrated by Aisha suggest that her mother struggled to make her gain weight before sending her to live with Muhammad (see Sunan Ibn Majah 4:29:3324 and Sunan Abu Dawud 28:3894).
The average age of menarchy today in Europe and the United States has fallen to around 13 years old, while the average is about 14 years old in Yemen in the south of the Arabian Peninsula (coming down from 14.44 years old in 1979 to 13.8 in 2013, standard deviation of 1.36 years). The average age is very similar (13-14) across a large range of low and middle income countries.[75]
See Also
Translations
- A version of this page is also available in the following languages: Czech. For additional languages, see the sidebar on the left.
External Links
- Shaykh Gibril Haddad - Biography of Shaykh Gibril Fouad Haddad at SunniPath, The online Islamic Academy
- Responses to "The Learner" (Moiz Amjad) and others - Collection of Answering Islam articles
- Was Aisha really only nine - Article by Tara MacArthur
Acknowledgments
This article is greatly indebted to the following:
- Dr. Shaykh Gibril Fouad Haddad, scholar and muhaddith (hadith expert), for Our Mother A'isha's Age At The Time Of Her Marriage to The Prophet
- The Muslimhope website, for A’isha: Mohammed’s Nine-Year Old Wife
References
- ↑ 1.0 1.1 Al-Nasa'i 1997, p. 108
- ↑ Le père d'Hisham a rapporté : Khadija est morte trois ans avant que le Prophète ne parte pour Médine. Il y est resté à peu près deux ans, puis il a épousé Aicha lorsqu’elle n’était qu’une fille de six ans, et il a consommé ce mariage lorsqu’elle avait neuf ans.
Sahih Bukhari 5:58:236 - ↑ Aicha a rapporté que le Prophète l'a épousée quand elle avait six ans et qu'il a consommé son mariage quand elle avait neuf ans, puis elle est restée avec lui pendant neuf ans (c.-à-d. jusqu'à sa mort).
Sahih Bukhari 7:62:64 - ↑ Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) a rapporté : l’Apôtre d’Allah (que la paix soit sur lui) m’a épousée quand j’avais six ans, et j’ai été admise chez lui lorsque j’avais neuf ans.
Sahih Muslim 8:3310 - ↑ Aicha rapporte que : "L'Apôtre d'Allah m'a épousée quand j'avais sept ans." (Le narrateur, Sulaiman a dit: "Ou six ans.")
Sunan Abu Dawud 2116 (Ahmad Hasan Ref) - ↑ La plupart des sources suggèrent que l’âge à la consommation est de neuf ans, et qu’il pourrait avoir été de 10 ans; Voir: Denise Spellberg (1996), Politics, Gender, and the Islamic Past: The Legacy of 'A'isha Bint Abi Bakr, Columbia University Press, ISBN 978-0231079990, pp. 39–40;
- ↑ Afsaruddin, Asma (2014). "ʿĀʾisha bt. Abī Bakr". In Fleet, Kate; Krämer, Gudrun; Matringe, Denis; Nawas, John; Rowson, Everett. Encyclopaedia of Islam (3 ed.). Brill Online. Extrait le 11-01-2015
- ↑ Ahmed, Leila (1992). Women and Gender in Islam: Historical Roots of a Modern Debate. Yale University Press. p. 51-54. ISBN 978-0300055832.
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- ↑ CHILDREN iii. Legal Rights of Children in the Sasanian Period - Encyclopedia Iranica online
- ↑ Si vous avez des doutes à propos (de la période d'attente) de vos femmes qui n'espèrent plus avoir de règles, leur délai est de trois mois. '''De même pour celles qui n'ont pas encore de règles.''' Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement. Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses.
Quran 65:4 - ↑ Le tafsir d'al-Jalalayn est l’un des tafsirs les plus importants pour l’étude du Coran. Composé par les deux “Jalals” - Jalal al-Din al-Mahalli (mort. 864 ah / 1459 ce) et son élève Jalal al-Din al-Suyuti (mort. 911 ah / 1505 ce), Le tafsir d'al-Jalalayn est généralement considéré comme l’une des œuvres les plus facilement accessibles de l’exégèse coranique en raison de son style simple et de sa longueur en volume. Pour la toute première fois, le tafsir d'al-Jalalayn est traduit dans une version anglaise intégrale avec des annotations très précises et lisibles par le Docteur. Feras Hamza. altafsir.com
- ↑ Et quant à celles de vos femmes qui lisent allā ī ou allā’i, dans un cas comme dans l'autre, qui ne s'attendent plus à avoir de règles, si vous avez des doutes sur leur période d’attente, leur période d’attente prescrite sera de trois mois et aussi pour celles qui n’ont pas encore eu leurs règles en raison de leur jeune âge, leurs période sera également de trois mois — les deux cas s'appliquent à celles dont les conjoints sont décédés ; pour ces dernières, leur période est prescrite dans le verset, elles doivent attendre elles-mêmes pendant quatre mois et dix jours (Coran S.2 V.234). Et celles qui sont enceintes leur terme sera à la fin de leur période d'attente prescrite, si elles sont divorcées ou si leurs époux sont décédés leur terme sera quand elles accoucheront. Et quiconque craint Dieu, Il lui facilitera les choses dans ce monde et dans l’au-delà. Tafsir al-Jalalayn, trans. Feras Hamza Quran 65:4
- ↑ 14.0 14.1 Ali, Kecia. Sexual Ethics and Islam: Feminist Reflections on Qur'an, Hadith and Jurisprudence. OneWorld. p. 173-186. ISBN 978-1780743813.
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- ↑ Selon Abd al-Hamid b. Bayan al-Sukkari - Muhammad b. Yazid - Ismai'il (c’est-à-dire Ibn Abi Khalid) - Abd al-Rahman b. Abi al- Dahhak – un homme de Quraysh - Abd al-Rahman b. Muhammad : "Abd Allah b. Safwan est venu avec une autre personne vers Aicha et Aicha a dit (à ce dernier), "Ô untel, as-tu entendu ce que Hafsah a dit ?" Il a dit : "Oui, ô Mère des Croyants." Abd Allah b. Safwan lui a demandé, "Qu'est-ce que cela ?" Elle a répondu, "Il y a neuf particularités en moi qui n'ont été chez aucune femme, à l'exception de ce que Dieu a accordé à Maryam bt. Imran. Par Dieu, je ne dis pas cela pour me glorifier au-dessus de mes compagnons." "Quelles sont-elles ?" demanda-t-il. Elle répondit, l’ange a descendu une image de moi-même ; '''le Messager de Dieu m'a épousée quand j'avais sept ans ; mon mariage a été consommé quand j'en avais neuf ; il m'a épousée quand j'étais vierge''', pas d’autre homme ne m’a partagée avec lui ; l’inspiration lui est venue lorsque lui et moi étions dans une seule couverture ; j’étais l’une des personnes les plus chères pour lui, un verset du Coran a été révélé à mon sujet lorsque la communauté fut presque détruite ; j’ai vu Gabriel quand aucune de ses autres femmes ne l'a vu ; et il a été emmené (c'est-à-dire mort) dans sa maison alors qu'il n'y avait personne avec lui si ce n’est l'ange et moi-même." Selon Abu Ja‘far (Al-Tabari) : Le Messager de Dieu l’a épousée, dit-on, durant le mois de Chawwal, et a consommé son mariage avec elle dans une année ultérieure, également durant Chawwal. Al-Tabari, Vol. 7, pp. 6-7
- ↑ Levy p.106
- ↑ John Esposito, "The Oxford Dictionary of Islam", p.35, Oxford University Press 2004
- ↑ Sean Anthony, Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam, Oakland CA: Université de Californie, 2020, pp. 114-15
- ↑ Une analyse de la transmission du hadith est résumée aux pp. 34-37 de Goerke, A, Motzki, H & Schoeler, G (2012) First-Century Sources for the Life of Muhammad? A Debate, Der Islam, vol. 89, no. 2, pp. 2-59. https://doi.org/10.1515/islam-2012-0002
- ↑ Joshua Little (2022) The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory, thèse PhD, Université d'Oxford Elle est disponible sur son blog avec des diagrammes très utiles des isnads et matns rapportés: The Unabridged Version of My PhD Thesis de Joshua Little - Islamicorigins.com - 7 mars 2023 Voir également: A Summary of my PhD Research de Joshua Little - Islamicorigins.com - 25 février 2023
- ↑ Voir aussi cette conférence du Dr. Joshua Little intitulée The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory - youtube.com, 26 février 2023
- ↑ Voir le chapitre 1 de la thèse du Dr Little pour une explication détaillée.
- ↑ Il s'agit d'un visionnage préparatoire utile pour la conférence sur Aicha du Dr Little: Oxford Scholar Dr. Joshua Little Gives 21 REASONS Why Historians are SKEPTICAL of Hadith - youtube.com février 2023
- ↑ pp. 397-99 de la thèse du Dr Little
- ↑ 'Urwa a écrit un certain nombre de lettres historiographiques à la fin de la cour Omeyyades. Ces lettres ont été transmises par son fils Hisham et les traditions qui s’y trouvent ont souvent été transmises par al-Zuhri, l'étudiant médinois de 'Urwa. Les lettres de 'Urwa's sont traduites intégralement dans le chapitre 4 du livre de Sean Anthony, Muhammad and the Empires of Faith: The making of the Prophet of Islam, Oakland CA: Université de Californie, 2020. En 2012, les créateurs de la méthode ICMA, Andreas Görke, Harald Motzki et Gregor Schoeler, ont fermement soutenu que les traditions dans les lettres attribuées à 'Urwa proviennent probablement de lui d’une manière ou d’une autre, surtout lorsqu'elles sont soutenues par des traditions parallèles remontant à 'Urwa (Goerke, A, Motzki, H & Schoeler, G (2012) First-Century Sources for the Life of Muhammad? A Debate, Der Islam, vol. 89, no. 2, pp. 2-59. https://doi.org/10.1515/islam-2012-0002). L'une des lettres de 'Urwa est une courte lettre sur le mariage d'Aicha. Elle a été rapportée dans quelques chaînes via Hisham et est citée dans la section "Citations pertinentes" ci-dessus. Little conteste quelques arguments en faveur de l’authenticité générale des lettres de 'Urwa, mais sans s'engager de manière plus globale avec Goerke et al. Il se demande également comment nous pouvons en tout état de cause identifier quels mots ou éléments de ces lettres Hisham a pu transmettre avec précision (p. 314). Cependant, le Dr Little n'a pas remarqué qu'un autre hadith dont il parle et qui est attribué à al-Zuhri, l'étudiant médinois d'Urwa, contient la même tradition fondamentale que cette lettre, en particulier la séquence distinctive des éléments, mais aussi une grande partie de la même formulation ou d'une formulation similaire, mais pas sous la forme d’une lettre. Comparez l’arabe fourni dans les diagrammes d'isnad sur son blog, ou la translittération de la lettre reconstruite d''Urwa aux pages 310-311 de la thèse avec la transmission de la même séquence élémentaire reconstruite d'al-Hajjaj b. Abi Mani (pp. 204-5, 370-72 ; voir aussi 482). Al-Hajjaj qui vivait à Alep, en Syrie, l'a attribué via son oncle à al-Zuhri, qui ne compte pas lui-même comme un lien commun, mais a déménagé de Médine à Damas et plus tard à Resafa, en Syrie, où il a enseigné les fils du calife. Une partie du contenu et de la formulation de la lettre comprend également le récit d'Abū ʾUsāmah Ḥammād d'Hisham (pp. 223-4).
- ↑ Idem. p. 305 y compris la note 996 en bas de page
- ↑ Ibid. p. 272
- ↑ Ibid. p. 322
- ↑ Idem. pp. 309 et suiv.
- ↑ Voir la section d'Hisham, pp. 295 et suiv., en particulier les reconstructions des quatre versions du hadith d'Hisham aux pp. 302-317
- ↑ Little peine quelque peu pour écarter la transmission d'Ibn ʾabī al-Zinād depuis Hishām comme ayant eu lieu à Médine (voir pp. 426-433). Le médinois, Ibn ʾabī al-Zinād, et l'historien médinois (généralement peu fiable) al-Wāqidī est l'un de ceux qui le rapportent de lui. Afin de situer la transmission comme ayant eu lieu en Irak, où (si l'on se fie aux sources biographiques) Ibn ʾabī al-Zinād a quitté Médine, mais dans une ville irakienne différente d'Hisham et ne l’a fait qu’après la mort de ce dernier, ou tout au plus peu de temps avant, et où al-Wāqidī a également déménagé de Médine mais seulement après la mort d’Ibn ʾabī al-Zinād, ittle suppose à la fois qu'al-Waqidi n'ait pas transmis directement d'Ibn ʾabī al-Zinād et que ce dernier n'ait pas transmis directement d'Hisham. Par ailleurs, al-Wāqidī rapporte séparément un récit distinct mais isolé de Médine sur le mariage d’Aicha (pp. 215-6).
- ↑ Baugh écrit : "Bien qu'il ne soit pas impossible que Malik ait accepté le contenu du rapport étant donné la pratique précoce, Malik est l'un des nombreux juristes qui ne se sont pas appuyés sur le texte, lequel n'apparaît en fait dans aucun des premiers livres de jurisprudence à l'exception de celui d'al-Shafi'i et, peu après lui, du Musannaf d'Abd al Razzaq. Même des juristes ultérieurs tels qu'Ibn Taymiya et Ibn al-Qayyim s'en éloignent, bien qu'il soit utilisé par Ibn Qudama avant eux. En supposant son authenticité (on le trouve dans Bukhari et Muslim), des questions se posent comme est-ce qu'A'icha a été forcée contre sa volonté ? Peut-on supposer qu’Abu Bakr ne l’ait pas consultée ? Avait-elle, à neuf ans, atteint sa majorité ou était-elle encore prépubère ↵Carolyn Baugh, Minor Marriage in Early Islamic Law, Leiden: Brill, 2017, p. 43 note 101en bas de page↵De même, à la p. 62 elle explique pourquoi les implications juridiques du hadith sont obscures.
- ↑ Au chapitre 4, elle détaille les textes de référence utilisés par les juristes malékites; voir p. 79 concernant les juristes hanafites.
- ↑ Voir aussi les citations dans la thèse du Dr Little, pp. 454-5, où l’on peut voir Shafi’i utiliser le hadith pour tenter de prouver le droit à la contrainte paternelle.
- ↑ Voir 1 heure 38 minutes dans la conférence du Dr Joshua Little intitulée The Hadith of ʿAʾishah's Marital Age: A Study in the Evolution of Early Islamic Historical Memory - youtube.com, 26 février 2023 Pour une analyse détaillée, voir pp. 373-74, 378-82, 460-61 de la thèse du Dr Little.
- ↑ pp. 400-401 de la thèse du Dr Little
- ↑ pp. 507-9 de la thèse du Dr Little
- ↑ Hashmi, Tariq Mahmood (2 Avril 2015). "Role, Importance And Authenticity Of The Hadith". Mawrid.org. Extrait le 28 Mars 2018.
- ↑ 40.0 40.1 Zahid Aziz - Age of Aisha (ra) at time of marriage - Ahmadiyya Anjuman Isha`at Islam Lahore Inc. U.S.A.
- ↑ Who are the Ahmadi? - BBC News
- ↑ Toutes les citations de Habib Ur Rahman Siddiqui Kandhalvi sont tirées de la préface de son ouvrage en ourdou "Tehqiq e umar e Siddiqah e Ka'inat" traduit en anglais en 2007 par Nigar Erfaney et publié par Al-Rahman Publishing Trust sous le titre, "Age of Aisha (The Truthful Women, May Allah Send His Blessings)"
- ↑ La fatwa originale et la traduction anglaise qualifiant les croyances de Habib ur Rahman Siddiqui Kandhalvi comme étant en dehors de l’islam et faisant ainsi de lui un 'kafir', peuvent être consultées ici : Fatwa's on hadith rejectors?
- ↑ 44.0 44.1 44.2 Voir : "What was Ayesha's (ra) Age at the Time of Her Marriage?", par Moiz Amjad.
- ↑ 45.00 45.01 45.02 45.03 45.04 45.05 45.06 45.07 45.08 45.09 45.10 Cheikh Gibril F Haddad - Our Mother A'isha's Age At The Time Of Her Marriage to The Prophet - Sunni Path, Question ID:4604, 3 Juillet 2005 archive 1 archive 2
- ↑ 46.0 46.1 Edité par le Prof. John Esposito et le Prof. Ibrahim Kalin - The 500 Most Influential Muslims in the World (P. 94) - L'institut royal des études stratégiques islamiques, 2009
- ↑ T.O Shanavas - AYESHA’s AGE: THE MYTH OF A PROVERBIAL WEDDING EXPOSED - Islamic Research Foundation International, Inc.
- ↑ Imam Chaudhry - What Was The Age of Ummul Mo'mineen Ayesha (May Allah be pleased with her) When She Married To Prophet Muhammad (Peace be upon him)? - Le Conseil Suprême Islamique de Canada
- ↑ Nilofar Ahmed - Of Aisha’s age at marriage - Dawn, 17 février 2012
- ↑ Dr. David Liepert - Rejecting the Myth of Sanctioned Child Marriage in Islam - The Huffington Post, 29 janvier 2011
- ↑ Voir pp. 7-8 de la thèse du Dr Little, et pp. 435, 450-51 pour les citations d'Ibn Khirash et d'al-Dhahabi.
- ↑ Quran, Hadith, and Scholars on Aisha's Age at Consummation and Marriage
- ↑ Aicha (qu'Allah soit satisfait d'elle) a rapporté que l'Apôtre d'Allah (ﷺ) l'a épousée quand elle avait sept ans, et qu'il l’a emmenée chez lui en tant qu’épouse quand elle avait neuf ans, que ses jouets étaient avec elle ; et quand il (le Saint Prophète) est mort, elle avait dix-huit ans.
Sahih Muslim 8:3311 - ↑ Rapporté par Yusuf bin Mahik:↵ J'étais dans la maison d'Aicha, la mère des croyants. Elle a dit, "Cette révélation : "L'Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et l'Heure sera plus terrible et plus amère." (s54.v46) a été révélée à Muhammad à La Mecque alors que j'étais une petite fille enjouée."↵↵Sahih Bukhari 6:60:399 (voir également (Sahih Bukhari 6:61:515 pour plus de contexte)
- ↑ L'évènement shaqq-al-Qamar (scission de la lune) qui y a été mentionné, détermine précisément sa période de révélation. Les traditionnistes et les commentateurs s'accordent à dire que cet évènement a eu lieu à Mina à La Mecque environ cinq ans avant l'hégire du Saint Prophète à Médine. Sayyid Abul Ala Maududi - Tafhim al-Qur'an - The Meaning of the Qur'an
- ↑ Lorsque La Lune, la cinquante-quatrième sourate, a été révélée, c'était une fillette qui jouait et se souvenait de certains versets alors révélés. Or, la cinquante-quatrième sourate a sans aucun doute été révélée avant la sixième année de l’Appel. Zahid Aziz
- ↑ Rapporté par Anas : Le jour (de la bataille) d'Uhud, quand (certaines) personnes se sont repliées et ont laissées le Prophète, j'ai vu Aicha bint Abu Bakr et Um Sulaim, avec leurs robes retroussées de sorte que les bracelets autour de leurs chevilles étaient visibles se précipitant avec leurs outres d’eau (dans une autre version, il est dit : "portant les outres d'eau sur le dos"). Ensuite, elles versaient l’eau dans la bouche des gens, puis revenaient remplir à nouveau les outres d’eau et retournaient verser de l’eau dans la bouche des gens.
Sahih Bukhari 4:52:131 - ↑ Les femmes et les jeunes enfants sont allés sur le champ de bataille après la bataille et ont donné de l’eau aux musulmans blessés et ont achevé les ennemis blessés. al-Tabari vol.12 p.127,146.
- ↑ al-Dhahabi. "Siyar a`lam al-nubala'". IslamWeb. Extrait le 3 septembre 2018.
قال عبد الرحمن بن أبي الزناد : كانت أسماء أكبر من عائشة بعشر" (Abd al-Rahman ibn Abi al-Zunad a dit : Asma était plus âgée qu’Aicha de dix ans.)
- ↑ Fatwa 124483 - IslamQA.info
- ↑ Ses quatre enfants [c.-à-d. ceux d’Abu Bakr] sont nés de ses deux épouses - dont nous avons déjà mentionné les noms - pendant la période préislamique. Tarikh al-umam wa al-mamloo'k, Al-Tabari, Vol. 4, Pg. 50, Arabe, Dar al-fikr, Beyrouth, 1979
- ↑ L’ange a descendu une image de moi-même ; le Messager de Dieu m’a épousée quand j’avais sept ans ; mon mariage a été consommé quand j’en avais neuf ; il m’a épousée quand j’étais vierge''', pas d’autre homme ne m’a partagée avec lui Al-Tabari, Vol. 7, p. 7
- ↑ J’ai ensuite été amenée alors que le Messager de Dieu était assis sur un lit dans notre maison. [Ma mère] m'a fait m'asseoir sur ses genoux... Puis les hommes et les femmes se sont levés et sont partis. Le Messager de Dieu a consommé son mariage avec moi dans ma maison quand j’avais neuf ans. Ni chameau ni mouton n’ont été abattus en mon nom. Al-Tabari, Vol. 9, p. 131
- ↑ Le Messager de Dieu a vu Aicha deux fois - [d'abord quand] on lui a dit qu'elle était sa femme (elle avait six ans à ce moment-là), et plus tard [quand] il a consommé son mariage avec elle après être venu à Médine quand elle avait neuf ans. Al-Tabari, Vol. 9, p. 131
- ↑ [Le Prophète] l’a épousée trois ans avant l’émigration, quand elle avait sept ans, et a consommé le mariage quand elle avait neuf ans, après qu’il ait émigré à Médine à chawwal. Elle avait 18 ans quand il est mort. Al-Tabari, Vol. 9, p. 131
- ↑ Le Prophète a épousé Aicha durant le mois de Chawwal dans la dixième année après la prophétie, trois ans avant l'émigration. Il a consommé le mariage durant Chawwal, huit mois après l'émigration. Le jour où il a consommé le mariage avec elle, elle avait neuf ans. Al-Tabari, Vol. 39, pp. 171-173
- ↑ Selon Ibn Hisham, Aicha (psl) était la 20ème ou la 21ème personne à entrer dans les rangs de l'Islam. Alors qu'Omar ibn al-Khattâb était le 41ème. Al-Sirah al-Nabawiyyah, Ibn Hisham, Vol. 1, Pg. 227 - 234, Arabe, Maktabah al-Riyadh al-hadithah, Riyad
- ↑ Rapporté par Aicha (l’épouse du Prophète) : "Je ne me souviens pas que mes parents croyaient à une religion autre que la vraie religion (c.-à-d. l’islam), et (je ne me souviens pas) un seul jour passé sans que nous ayons reçu la visite de l’apôtre d’Allah le matin et le soir." Sahih Bukhari 5:58:245
- ↑ Musnad d'Ahmad ibn Hanbal, Vol 6, Pg 210, Arabe, Dar Ihya al-turath al-`arabi, Beyrouth, cité par Moiz Amjad What was Ayesha's (ra) Age at the Time of Her Marriage?
- ↑ Rapporté par Aicha (l’épouse du Prophète) : Depuis que j’ai atteint l’âge où je pouvais me souvenir des choses, j’ai vu mes parents en adoration selon la bonne foi de l’Islam. Pas un jour ne passait sans que le Prophète (ﷺ) nous rende visite, matin et soir... Sahih Bukhari 3:37:494
- ↑ nun-fa-sin - Lane's Lexicon
- ↑ Sharon DeWitte Old age isn’t a modern phenomenon – many people lived long enough to grow old in the olden days, too - University of South Carolina website, 10 August 2022
- ↑ Jesse Gamble, (2017) "Early Starters: Girls are entering puberty at every younger ages. What are the causes, and should we be worried?", Nature 550, S10-S11
- ↑ Gluckman, P. and Hanson, M. (2006) "Evolution, development and timing of puberty", Trends in Endocrinology and Metabolism, 17(1)
- ↑ Tiziana Leone and Laura Brown Trends in age at menarche in low- and middle-income countries - niussp.org, 1 March 2021