Le Hijab (voile islamique)

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Toutes les écoles en droit islamique exigent que les femmes musulmanes qui ont atteint l'âge de la majorité observent le hijab lorsqu'elles sont en présence de non-mahrams. Conceptuellement, le hijab est un ensemble d’exigences selon lesquelles les femmes et les hommes doivent couvrir certaines parties de leur corps (le mot arabe hijab fait littéralement référence au concept de voile comme avec un écran ou un rideau). Si les exigences imposées aux hommes sont similaires aux attentes communes au sujet de la décence publique dans le monde moderne, celles pour les femmes s'étendent à couvrir l'intégralité du corps, à l'exception du visage et des mains, malgré la divergence des écoles juridiques sur les exigences pour les femmes de se couvrir les pieds, le visage et les mains. Familièrement, le mot "hijab" fait référence aux couvre-chefs utilisés par les femmes musulmanes pour couvrir leurs cheveux et leur cou. Il existe de nombreuses variations culturelles sur le hijab (vêtement), dont beaucoup offrent différents degrés de couverture, notamment la burqa, le niqab et le dupatta. Certains savants modernes sont en désaccord avec les interprétations traditionnelles qui exigent que la tête soit couverte et de nombreuses femmes musulmanes choisissent de ne pas le faire, comme abordé ci-dessous.

Dans quelques versets, le Coran énonce des exigences concernant le jilbab (un pardessus ou un manteau à capuche) et le khimar (probablement un morceau de tissu sur la tête servant à couvrir la poitrine). Un verset mentionne le mot hijab comme une sorte de rideau ou de voile de séparation derrière lequel les visiteurs pouvaient demander des choses aux épouses de Muhammad. Plus tard, ce terme a acquis le sens conceptuel mentionné ci-dessus. Bien que le Coran contienne des directives générales sur le but de ces exigences, la littérature prophétique est plus spécifique dans son analyse sur les circonstances derrière la révélation de ces versets, même si les hadiths fournissent encore peu d’informations sur ce qu’ils impliquent précisément. Un récit suggère que le verset sur le hijab qui concerne les épouses de Muhammad était le résultat de la pression d’Omar, qui s’opposait à ce qu’elles soient reconnaissables en public. Le Coran indique que les exigences vestimentaires pour les femmes croyantes étaient, en général, de les prévenir des agressions sexuelles et à titre de modestie.

Traditionnellement, ces récits ont été adoptés, même si récemment ils ont été critiqués comme problématiques. Le Coran a été contesté parce qu’il laisse entendre que les femmes doivent porter le fardeau de leur harcèlement en changeant de tenue, et les hadiths à propos d’Omar, le second des califes bien guidés et ami de Muhammad, ont été débattus parce que cela dépeint à la fois cette figure religieuse hautement vénérée comme un personnage peu recommandable, mais aussi parce cela suggère qu'Allah n'était pas seul responsable de la formulation de la charia, qui est censée être divinement révélée et immuable.

Dans son livre court mais détaillé, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), le professeur Elizabeth Bucar a écrit sur le rôle et les interprétations du hijab à travers l’histoire et la modernité.[1] Son livre sera mentionné à plusieurs reprises dans cet article.

Dans les temps modernes

Dans la plupart des pays à majorité musulmane, l’application de la loi sur le hijab n’est pas respectée (dans certains anciens états soviétiques, il n’est même pas courant que les femmes le portent). L’observance du hijab a connu un renouveau dans certains pays à majorité musulmane au milieu du 20ème siècle après être tombé en désuétude tandis qu’en Occident, il est porté couramment et de manière volontaire. Cependant, en parallèle à ces normes sociales, il est également fréquent que les femmes et les filles (même en Occident) subissent parfois une pression communautaire ou familiale pour adhérer au hijab contre leur volonté, en particulier pour les adolescentes qui vivent avec leurs parents. Dans un petit nombre de pays à majorité musulmane (comme l’Iran), le hijab, quelle que soit la forme, est légalement imposé. Les manifestations "Femmes, Vie, Liberté" qui ont eu lieu en Iran en 2023 ont souligné que cette imposition est contraire aux souhaits de millions de femmes là-bas. L’Arabie Saoudite a, quant à elle, supprimé ses règles juridiques en matière de couvre-chef en 2018.

Elizabeth Bucar explique que dans les pays occidentaux, les femmes musulmanes qui portent le hijab est souvent un moyen d'exprimer leur identité musulmane, et que des styles spécifiques de hijab peuvent être en outre un moyen de maintenir une identité avec un héritage culturel spécifique.[2] Dans l’Algérie du 20ème siècle, le hijab a servi de symbole de défense culturelle et de résistance contre le colonialisme, alors qu’en Palestine, il est devenu un symbole de l’identité nationale, mais ne pas le porter était associé à la collaboration israélienne.[3]

Dans le Coran

Le Coran contient des versets qui mentionnent le jilbab (un pardessus ou un manteau à capuche), le khimar (un morceau de tissu qui couvre la tête), et le hijab (sorte de paravent pour protéger les épouses de Muhammad du regard des visiteurs de sa maison). Bucar résume que le verset 53 de la sourate 33 était un ordre pour séparer les épouses de Muhammad de l’espace public et privé ; le verset 59 de la même sourate était un ordre pour préserver les femmes croyantes libres de leur intégrité corporelle du harcèlement ; et les versets 30 et 31 de la sourate 24 étaient un commandement pour protéger la pudeur de toutes les femmes musulmanes.[4]

Coran 33:53

Dans le Coran (33:53), il est fait mention d’un hijab, un écran (ou une barrière) derrière lequel les visiteurs qui se rendent chez Muhammad peuvent demander des choses à ses épouses sans les voir. Bucar constate qu’en plus de ce verset, le mot hijab est utilisé ailleurs dans le Coran pour désigner un voile, un mur ou une cloison (voir 42:51, 7:46, 41:5 et 17:45). Le seul autre verset où le hijab est utilisé par rapport aux femmes se trouve dans le Coran (19:17). Enfin, dans 33:53, il est difficile de savoir sur qui repose la responsabilité de l’observance du commandement, est-ce les hommes ou les épouses de Muhammad ?[5]

Ô vous qui croyez ! N'entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu'invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu'on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au Prophète, mais il se gênait de vous (congédier), alors qu'Allah ne se gêne pas de la vérité. Et si vous leur demandez (à ses femmes) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau: c'est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs; vous ne devez pas faire de la peine au Messager d'Allah, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui; ce serait, auprès d'Allah, un énorme péché. (Traduction Hamidullah)

[---] Ô vous qui avez cru ! N’entrez pas dans les maisons du Prophète, à moins qu’on ne vous autorise pour la nourriture, sans attendre son moment. Mais lorsqu’on vous appelle, entrez alors. Et lorsque vous vous êtes nourris, dispersez-vous sans vous complaire dans un récit. Cela faisait du mal au Prophète et il se gênait de vous, mais Dieu ne se gêne pas de la vérité. Si vous demandez à [ses femmes] quelque bien, demandez-le-leur de derrière un voile. Cela est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs. Il n’était pas à vous de faire du mal à l’envoyé de Dieu, ni d’épouser ses épouses après lui. ~ Voilà ce qui serait, auprès de Dieu, un grand [péché]. (Traduction Sami Aldeeb)

Ô vous qui croyez !, n’entrez dans les appartements du Prophète que [quand] il vous ai donné permission pour un repas ! [N’entrez point alors] sans attendre le moment de [ce repas] ! Quand toutefois vous êtes invités, entrez ! Dès que vous avez pris le repas, retirez-vous sans vous abandonner, familiers, à un discours. Cela offense le Prophète et il a honte de vous. Mais Allah n’a pas honte de la vérité. Quand vous demandez un objet aux [épouses du Prophète], demandez-le de derrière un voile ! Cela est plus décent pour vos cœurs et leurs cœurs. Il n’est pas [licite] à vous d’offenser l’Apôtre d’Allah, ni d’épouser jamais ses épouses, après lui. C’est, au regard d’Allah, [péché] immense. (Traduction Régis Blachère)

Les traditions au sujet des circonstances de la révélation de ce verset sont mentionnées dans un certain nombre de hadiths, et sont abordées plus loin dans cet article. Dans les versets 32-33 de la sourate 33, il y a un autre commandement spécifiquement adressé aux femmes de Muhammad ("Ô femmes du Prophète ! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme. [...]").

Coran 33:59

Au verset 59 de la sourate 33, le Coran stipule que le but de rabattre le jilbab (un pardessus ou un manteau à capuche) est de distinguer les femmes musulmanes libres (probablement des femmes non musulmanes ou des esclaves, qui n’ont pas à l’observer) afin de les empêcher d’être molestées/harcelées.

Bucar explique que les commentateurs du Coran ont convenu que la révélation de ce verset fait référence aux hypocrites (al-munafiqun) à Médine (qui sont mentionnés dans le verset suivant, Coran 33:60) qui harcelaient physiquement les femmes esclaves dans les espaces publics. Le contexte de ce verset est mentionné par exemple dans le tafsir d’al-Jalalayn. Le jilbab a ainsi permis aux femmes croyantes libres de se distinguer visuellement. Le Coran a placé sur elles cette responsabilité afin d’atténuer le comportement immoral de certains hommes. Bucar dit que la signification du jilbab n’est pas claire, mais que la plupart des savants ont cru qu’il s’agissait d’un type de parement extérieur.[6]

Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles [jalābībihinna جَلَٰبِيبِهِنَّ]: elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. (Traduction Hamidullah)

Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs mantes [jalābībihinna جَلَٰبِيبِهِنَّ]. Cela est le moindre pour qu’elles soient reconnues, et ainsi elles ne subiront pas de mal. ~ Dieu était pardonneur, très miséricordieux.(Traduction Sami Aldeeb)

Ô Prophète !, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des Croyants de serrer sur elles leurs voiles [jalābībihinna جَلَٰبِيبِهِنَّ]. Cela sera le plus simple moyen qu'elles soient reconnues et qu'elles ne soient point offensées. Allah est absoluteur et miséricordieux. (Traduction Régis Blachère)

Coran 24:31

Le verset 31 de la sourate 24 du Coran demande aux femmes croyantes de rabattre le khimar (un morceau de tissu qui couvre la tête) sur leur poitrine et de cacher leur parure ou leur beauté aux hommes.

Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours [zīnatahunna إِخْوَٰنِهِنَّ] que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile [bikhumurihinna بِخُمُرِهِنَّ] sur leurs poitrines [juyūbihinna جُيُوبِهِنَّ]; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes Musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées [ʿawrāti عَوْرَٰتِ] des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, Ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. (Traduction Hamidullah)

Dis aux croyantes de baisser leurs regards, de protéger leur sexe, et de ne faire apparaître de leur ornement [zīnatahunna إِخْوَٰنِهِنَّ] que ce qui en est apparent. Qu’elles rabattent leurs voiles [bikhumurihinna بِخُمُرِهِنَّ] sur leurs fentes [juyūbihinna جُيُوبِهِنَّ]. Qu’elles ne fassent apparaître leur ornement qu’à leurs maris, à leurs pères, aux pères de leurs maris, à leurs fils, aux fils de leurs maris, à leurs frères, aux fils de leurs frères, aux fils de leurs sœurs, à leurs femmes, à ce que leurs mains droites possédèrent, à ceux faisant partie de la suite sans besoin sexuel parmi les hommes, ou aux enfants qui ne sont pas informés des intimités [ʿawrāti عَوْرَٰتِ] des femmes. Qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds pour que l’on sache ce qu’elles cachent de leur ornement. Revenez tous à Dieu, ô croyants! ~ Peut-être réussirez-vous ! (Traduction Sami Aldeeb)

Dis aux Croyantes de baisser leurs regards, d'être chastes, de ne montrer de leurs atours [zīnatahunna إِخْوَٰنِهِنَّ] que ce qui en paraît. Qu'elles rabattent leurs voiles [bikhumurihinna بِخُمُرِهِنَّ] sur leurs gorges [juyūbihinna جُيُوبِهِنَّ] ! Qu'elles montrent seulement leurs atours à leurs époux, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes, ou à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles que n'habite pas le désir [charnel], ou aux garçons qui ne sont pas [encore] au fait de la conformation [ʿawrāti عَوْرَٰتِ] des femmes. Que [les Croyantes] ne frappent point [le sol] de leurs pieds pour montrer les atours qu'elles cachent ! Revenez tous à Allah, ô Croyants ! Peut-être serez-vous bienheu­reux. (Traduction Régis Blachère)

Bucar note que contrairement aux deux versets ci-dessus, seules les traditions tardives fournissent un évènement de révélation pour les versets 30-31 de la sourate 24. Il est demandé aux femmes croyantes de rabattre leurs Khumur (singulier : Khimar) sur leur poitrine (juyub). Bucar commente que le mot khimar, que certains commentateurs du Coran ont glosé comme un voile, signifiait principalement un foulard porté sur la tête, et que la racine du mot juyub signifiait un espace entre les deux, donc probablement un décolleté. Elle soutient ainsi que le but de cette partie du verset est que le décolleté doit être couvert.[7] La même année (en 2012), une thèse de doctorat de Cheikh Mustapha Mohamed Rashed à l’Université al-Azhar a également conclu que le verset ordonne seulement que la poitrine soit couverte.[8]

Excepté certaine compagnie comme cela est spécifiquement définie, le verset mentionne également que les femmes ne doivent pas révéler leur parure (zina qui, en plus de faire référence à une activité sexuelle illicite, est un mot utilisé dans quelques versets pour les étoiles ornant les cieux). Cela semble signifier essentiellement l’attrait d’une femme, bien que les commentateurs du Coran aient toujours été en désaccord sur le sens caché de zina dans ce verset. Certains ont suggéré qu’il s’agissait de bracelets de cheville en raison de la dernière partie du verset demandant aux femmes de ne pas taper des pieds. Un peu plus loin dans le Coran (24:60), on peut lire que les femmes âgées sont exemptées de porter des vêtements cachant leur parure. Certains commentateurs du Coran comme al-Tabari pensaient qu’il était permis à une femme de montrer son visage, en se basant sur un hadith dans lequel Muhammad définit ce qu’une femme peut révéler d’elle-même lorsqu’elle atteint l’âge de la menstruation (Sunan Abu Dawud 33:4092, cité dans la section suivante ci-dessous). Pour al-Zamakhshari, la parure dans ce contexte signifiait bijoux et maquillage. Ibn Taymiyya et al-Baidawi ont dit que même le visage et les mains d’une femme doivent être couverts en public, sauf pendant la prière.[7]

Bucar note qu’il n’y avait pas non plus de consensus sur la signification du mot 'awra dans le verset. Pour les hommes, les hadiths indiquaient clairement que la awra d’un homme allait de son nombril à ses genoux. Quant à l’awra d’une femme, il y a un hadith isolé recueilli par al-Tirmidhi cité dans la section suivante. Pour certains savants, ce terme faisait référence à la poitrine, au cou et à la tête d’une femme, pour d’autres, tout sauf son visage et ses mains, et enfin pour d’autres, seulement la région génitale (comme pour les hommes).[7]

Dans les hadiths

Bucar constate qu’il n’y a pas de références explicites dans les hadiths qui obligent les femmes à se couvrir le visage ou les cheveux (un récit dans le Sahih Bukhari 6:60:282 fait mention de femmes se couvrant leurs visages, mais ce n’est pas clair dans le texte arabe et une autre version de ce récit dans Sunan Abu Dawud 32:4089 se réfère seulement à elles se confectionnant des khimars). Bucar fait remarquer que les hadiths distinguent une période avant et après la révélation du verset du hijab concernant les épouses de Muhammad, en particulier les récits sur l’événement de la calomnie (al-ifk) dans lequel Aicha a été accusée d’adultère. Au moment de ces récits, le hijab était passé d’un véritable écran dans la maison des épouses de Muhammad à une idéologie complexe de ségrégation, de la vie privée et du statut social, reflétant peut-être les pratiques culturelles post-Muhammad de communautés musulmanes spécifiques.[9]

Rapporté par Safiya bint Shaiba : Aicha avait l'habitude de dire : "Quand (le verset) : « qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines », a été révélé, (les dames) coupèrent sur les bords leurs draps qui faisaient office de ceinture et se couvraient la tête et le visage avec ces morceaux de tissu coupés."
Safiya, la fille de Shaiba, a dit qu’Aicha a mentionné les femmes des Ansar, les a louées et a dit de bonnes paroles à leur sujet, puis elle déclara : "Quand la sourate an-Nur est descendue, elles ont pris les rideaux, les ont déchirés et en ont fait des couvre-chef (voiles)."

Quelques hadiths se réfèrent précisément aux épouses de Muhammad couvrant leurs têtes et leurs visages avec un jilbab en public comme on le trouve dans Sahih Bukhari 5:59:462, qui se rapporte à l’évènement de la calomnie cité plus haut. Il mentionne qu’Aicha a rabaissé son jilbab sur son visage, mais il dit aussi que c’était après que le verset du hijab soit descendu, qui était une exigence spécifiquement réservée aux épouses de Muhammad.

Bucar dit que les quelques hadiths pertinents détaillant les exigences pour les femmes croyantes concernent en général l’évitement de vêtements minces ou d’ourlets courts, tandis qu’un hadith isolé recueilli par al-Tirmidhi est l’exception, décrivant une femme dans son intégralité comme 'awra.[10]

Rapporté par Aicha, la Ummul Mu’minin : Asma, la fille d’Abu Bakr, est entrée chez le Messager d’Allah (ﷺ) en portant des vêtements fins. Le Messager d’Allah (ﷺ) a détourné son attention et a dit : "Ô Asma, quand une femme atteint l’âge de la menstruation, il ne lui convient pas qu’elle montre ses parties du corps sauf ceci et cela", et il a pointé son visage et ses mains. Abu Dawud a déclaré qu’il s’agissait d’une tradition mursal (c.-à-d. que le narrateur qui a transmis ce récit d’Aicha est manquant) Khalid b. Duraik n’a pas vu Aicha.
Rapporté par Ibn 'Umar: Le Messager d’Allah (ﷺ) a dit : "Quiconque traîne avec arrogance son vêtement, Allah ne le regardera pas le jour du Jugement." Alors Umm Salamah a dit : "Que devraient faire les femmes avec leurs ourlets ?" Il a dit : "Relâchez-les d’une envergure de main." Alors elle a dit : "Leurs pieds seront donc découverts." Il a dit : "Alors relâchez-les d’une longueur d’avant-bras et n’en rajoutez rien." Il a dit : Ce hadith est Hasan Sahih. Dans le Hadith, il y a une concession pour les femmes de traîner leur Izar parce qu’il les couvre mieux.
Abdallah a rapporté que le Prophète a dit : "La femme est 'awra, alors quand elle sort, le Sheitan cherche à la tenter."

Un récit mentionné par certains commentateurs du Coran tel que Ibn Kathir attribue à Ibn Abbas une opinion selon laquelle une femme devrait être entièrement couverte par son jilbab, à l’exception d’un seul œil.

Allah ordonne à son Prophète de demander aux croyantes, surtout ses femmes et ses filles, en vertu de leur place, de se couvrir de leurs voiles, car cela est plus à même de les faire reconnaître des autres femmes impies. Le jilbab est un rida, porté par-dessus le khimar. C’était l’opinion d’Ibn Masud, d’Ubaydah, de Qatadah, d’Al-Hasan Al-Basri, de Said bin Jubayr, d’Ibrahim An-Nakha-i, d’Ata Al-Khurasani et d’autres. C’est comme l’izar utilisé aujourd’hui. Al-Jawhari a dit : "Le Jilbab est l’enveloppe extérieure". Ali bin Abi Talhah a rapporté qu’Ibn Abbas a dit : "A celles qui sortent de leurs maisons, parmi les musulmanes, Allah ordonne de se couvrir les visages par leurs jalabibs et de ne laisser qu’un seul œil visible". Muhammad bin Sirin a dit : "J’ai posé une question à Ubaydah As-Salmani au sujet de l’ayah :

يُدْنِينَ عَلَيْهِنَّ مِن جَلَـبِيبِهِنَّ (se couvrir les visages par leurs jalabibs) Elle se couvrit le visage et la tête, avec juste son œil gauche visible.
ذلِكَ أَدْنَى أَن يُعْرَفْنَ فَلاَ يُؤْذَيْنَ

(Ce sera mieux qu’elles soient reconnues pour ne pas être embêtées.) Si elles font cela, on saura qu’elles sont libres, et qu’elles ne sont pas des servantes ou des prostituées.

D’autres hadiths pertinents ont été recueillis par Abu Dawud (tous classés Sahih par al-Albani) :

Rapporté par Aicha, la Ummul Mu’minin : Le Prophète (ﷺ) a dit : ”Allah n’accepte pas la prière d’une femme qui a atteint la puberté à moins qu’elle ne porte un voile.” Abu Dawud a dit : ”Cette tradition a été rapportée par Said b. Abi 'Arubah de Qatadah sur l’autorité d’al-Hasan d’après le Prophète (ﷺ).”
Rapporté par Anas ibn Malik : Le Prophète (ﷺ) a apporté à Fatima un esclave en guise de don. Fatima portait un vêtement qui, quand elle couvrait sa tête, n’atteignait pas ses pieds, et quand elle couvrait ses pieds, le vêtement n’atteignait pas sa tête. Lorsque le Prophète (ﷺ) a vu sa peine, il a dit : ”Il n’y a pas de mal, ce n’est seulement que ton père et ton esclave.”
Rapporté par Umm Salamah, la Ummul Mu’minin : Lorsque le verset "de ramener sur elles leurs grands voiles" a été révélé, les femmes des Ansar sont sorties comme si elles avaient des corbeaux sur leurs têtes en portant des vêtements de dessus.

Le récit raconté dans le hadith suivant mentionne l’utilisation du hijab (écran) pour cacher les épouses de Muhammad à un eunuque, ou dans d’autres traductions, à un homme efféminé (voir également Sunan Abu Dawud 32:4095).

Aicha a rapporté qu’un eunuque avait l’habitude de venir voir les épouses de l’Apôtre d’Allah (ﷺ) et que ces dernières ne faisaient rien de répréhensible durant sa visite le considérant comme un homme sans aucun désir sexuel. L’ Apôtre d’Allah (ﷺ) est venu un jour pendant qu’il était assis avec certaines de ses épouses et était occupé à décrire les caractéristiques corporelles d’une dame en disant : "Lorsqu'elle vient devant, quatre plis apparaissent sur sa face avant et lorsqu'elle tourne le dos, huit plis apparaissent sur sa face arrière." Là-dessus, l’Apôtre d’Allah (ﷺ) a dit : "Je vois qu’il sait ces choses ; ne lui permettez donc pas de se satisfaire." Elle (Aicha) a dit : "Alors elles ont commencé à observer le voile par rapport à lui."

Certains observent qu’un eunuque ne pouvait pas représenter une menace pour la chasteté ou la sécurité des épouses de Muhammad, ce qui distingue le but du hijab dans le verset 53 de la sourate 33 de celui du jilbab ou du khimar pour la protection ou la modestie dans les autres versets abordés plus haut.

Dans la loi islamique

Bucar détaille comment différentes opinions sur le voile ont existé entre et au sein des écoles de jurisprudence islamique au fil du temps, probablement influencées par les différents contextes culturels (elle utilise le terme "voile" pour signifier les concepts islamiques pertinents dans un sens général).[11]

Elle écrit "qu’au début, le fiqh discutait sur le fait de se voiler dans le contexte de la prière, et voyait en général le port du voile comme une question de statut social et de sécurité physique." Par la suite, ce n’était plus au centre des préoccupations des juristes médiévaux, même si leur raisonnement reste pertinent pour les débats contemporains sur le voile. En ce qui concerne le concept d’awra mentionné dans le Coran (24:31) et abordé plus haut, l’opinion majoritaire était qu’il excluait les mains et le visage d’une femme (opinion principale chez les Malikites et Hanafites), bien qu'une opinion minoritaire était que tout devrait être couvert sauf ses yeux malgré qu’aucune mention à ce sujet figure dans le Coran contrairement aux hadiths qui indiquent que ce n’était pas une pratique courante pour les premières communautés musulmanes. Ibn Taymiyya (mort en 1328), qui a inspiré le salafisme moderne, a dit que son visage devrait être couvert en public, et cela est devenu la position juridique standard chez les Chaféites et les Hanbalites. Aussi, les juristes ont associé communément l’awra au concept de fitna mentionné séparément dans le Coran. Bucar cite l’éminent juriste al-Nawawi (mort en 1278) comme un exemple de cette opinion, qui est une motivation défendue par certains gouvernements islamiques émergents dans les temps modernes.

Puisque Dieu a fait que les hommes désirent des femmes, et désirent les regarder et en profiter, les femmes sont comme le diable du fait qu’elles séduisent les hommes pour commettre le mal, tout en rendant le mal attrayant [pour les hommes]. Nous en déduisons que les femmes ne doivent pas sortir au milieu des hommes si ce n’est par nécessité.
al-Nawawi cité par Elizabeth Bucar (trad. El Fadl)[12]

Certains juristes islamiques modernes, tels que Khaled Abou El Fadl (mort en 1963), ont critiqué ce lien entre l’awra d’une femme et le concept de fitna et la prévention des rapports sexuels illicites. Il soutient que la pudeur est un commandement éthique coranique en soi et que les versets pertinents ne la lient pas à la fitna. Les juristes médiévaux invoquant la fitna ont en outre basculé la faute d’un éventuel péché des hommes aux femmes (alors que les hypocrites sont blâmés dans le Coran S33V59-60 pour avoir violé la modestie des femmes). Troisièmement, étant donné que même les juristes médiévaux autorisaient les exemptions (par exemple les esclaves travaillant dans les champs), il soutenait que les règles devaient être "de nature contiguës et contextuelles". A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, un regain d’intérêt juridique dans le port du voile a donné lieu à un large éventail de débats et d’opinions.[11]

L’Arabie Saoudite (jusqu’à ce que l’obligation légale de se couvrir la tête soit révoquée en 2018), l’Afghanistan et l’Iran fondent leurs lois sur le voile via les écoles de jurisprudence Hanbalite, Hanafite et Jafarite (Chiite), respectivement.[13]

Les avantages proposés par le hijab et les critiques à son égard

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Panneau d'affichage à Téhéran sur lequel il est écrit que "le hijab est la sécurité"

Bucar catégorise trois types d’usages traditionnels et modernes pour le hijab qui ont été énoncés. Tout d’abord, il a été considéré comme un moyen d’établir un caractère moral (modestie, timidité) et comme une voie vers la piété car ce n’est pas une chose facile de commencer à le porter. Au fil du temps, et de façon répétitive, une femme se sentirait mal à l’aise à l’idée de ne pas le porter. En effet, les ex-musulmanes décrivent couramment combien cela demande du courage pour quitter la maison sans hijab la première fois. Deuxièmement, il a été dit qu’il a l’avantage de prévenir les désirs inappropriés qui pourraient se terminer en zina (rapport sexuel extra-conjugal), et renforce le lien conjugal puisque la sensualité d’une femme était réservée à son mari. Pour finir, il est considéré comme ayant un but social, pour réguler et prévenir les pulsions sexuelles dans une société qui n’arrive plus à se maitriser. Les arguments de cette dernière catégorie sont de quatre types :

1. Il empêche l’excitation masculine constante, protège la dignité sociale et tranquillise la société

2. Il soutient la productivité éducative et économique du fait de la distraction masculine qui diminue

3. Il permet aux femmes de participer plus pleinement à la société car chaque espace public est une zone moralement sûre

4. Il sert de garde-fou contre l’influence occidentale.[14]

Bucar donne des exemples de personnalités musulmanes qui ont critiqué de tels arguments en faveur du hijab. Certains réformistes et progressistes ont interprété le hijab métaphoriquement en termes de principe de comportement modeste et de contrôle de ses désirs. D’autres critiques musulmanes ont noté que le voile n’est pas suffisant pour réprimer le désir, et dans un contexte moderne, peut même stimuler le désir pour ce qui est "interdit". D’autres critiquent le port obligatoire du voile car il supprime le choix moral.[15] Les observateurs laïcs pourraient ajouter que la plupart des arguments en faveur du hijab présupposent un ordre moral conservateur dans lequel l’activité sexuelle en dehors des limites du mariage (ou dans le passé, l’esclavage) doit être interdite, et le risque d’une telle activité doit être atténué.

Certaines critiques soutiennent que si le hijab est destiné à protéger les femmes contre les agressions sexuelles, il ne sert absolument pas à cette fin. Les pays islamiques où la majorité écrasante des femmes observent le hijab sont ceux où le taux de harcèlement sexuel est le plus élevé, notamment en Egypte.[16][17] En Arabie Saoudite, où l’observance du hijab est strictement appliquée dans tout le pays, les femmes connaissent l’un des taux de viol les plus élevés au monde.[18]

Omar et la révélation du verset du hijab (Coran 33 :53)

Un hadith rapporté par Anas bin Malik décrit comment il a été témoin de la révélation du verset du hijab. Voir également Sahih Muslim 8:3328.

Rapporté par Anas bin Malik : C'est moi qui connais le mieux le verset sur le hijab. Quand le Messager d’Allah (ﷺ) a épousé Zaynab bint Jahsh, elle était avec lui dans la maison et il a préparé un repas et a invité les gens (à cela). Ils se sont assis (après avoir terminé leur repas) et ont commencé à discuter. Alors le Prophète (ﷺ) sortit et revint plusieurs fois pendant qu’ils étaient encore assis et parlaient. Alors Allah a révélé le verset : ”Ô vous qui croyez ! N'entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu'invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson […] demandez-le leur derrière un rideau.” Le rideau a donc été mis en place et les gens sont partis.

Un récit quelque peu différent, ou un contexte qui a conduit à la révélation du verset, parle de la pression exercée sur Muhammad à propos de ses épouses par Omar, comme détaillé ci-dessous.

Omar bin Al-Khattab espionne Sauda

Selon les hadiths référencés dans le Sahih al-Bukhari, le recueil de hadiths faisant le plus autorité, la série d’événements qui a mené à la révélation du verset du hijab (Coran 33:53) était la suivante. Premièrement, Omar a demandé à plusieurs reprises à Muhammad qu’Allah devrait révéler des versets du Coran au sujet du port du voile pour les femmes. Ensuite, quand aucune révélation de ce genre ne venait de Muhammad, Omar sortit une nuit et suivit l'une des épouses de Muhammad alors qu’elle sortait pour se soulager. Identifiant la femme comme étant Sauda bint Zam’a, il l’appela par son nom, notant qu’il avait réussi à la reconnaître dans sa situation compromise. Après cela, Sauda est probablement retourné chez elle embarrassée par l’incident, et a rapporté ce qui s’était passé à Muhammad, ce qui a finalement abouti à la révélation des versets relatifs au hijab.

Notez qu’à la fin du hadith, le commentaire du traducteur de la version anglaise du Sahih al-Bukhari (dont la traduction française est issue) a tenté de définir le hijab comme "un corps entièrement couvert à l’exception des yeux", une définition non présente dans la version arabe. De plus, en arabe, ces hadiths ne mentionnent pas les "versets" du hijab au pluriel, mais plutôt le "verset" au singulier. Ceci fait référence au verset 53 de la sourate 33 qui concerne les épouses de Muhammad qui doivent se cacher à la vue du public (c’est encore plus clair avec les hadiths qui s’y apparentent dans la section ci-dessous).

Rapporté par Aicha : Les épouses du Prophète (ﷺ) se rendaient à Al-Manasi, un vaste lieu à ciel ouvert (près de Baqi à Médine) pour répondre à l’appel de la nature la nuit. Omar avait l’habitude de dire au Prophète (ﷺ) "Que tes femmes soient voilées", mais l’Apôtre d’Allah ne l’a pas fait. Une nuit, Sauda bint Zam’a, la femme du Prophète (ﷺ) sortit à l’heure de isha et elle était une grande dame. Omar s'adressa à elle et lui dit : "Je t'ai reconnu, ô Sauda." Il a dit cela, car il désirait ardemment que les versets sur le hijab (l'observation du voile par les femmes musulmanes) puissent être révélés. Ainsi, Allah a révélé les versets du "Al-Hijab" (un corps entièrement couvert à l’exception des yeux).
Rapporté par Aicha (l'épouse du Prophète) : Omar bin Al-Khattab avait l’habitude de dire au Messager d’Allah (ﷺ) "Que tes femmes soient voilées", mais il ne l’a pas fait. Les épouses du Prophète (ﷺ) sortaient pour répondre à l’appel de la nature la nuit seulement à Al-Manasi. Une fois, Sauda, la fille de Zam’a, est sortie et c’était une grande femme. Omar bin Al-Khattab l’a vue alors qu’il était dans un rassemblement, et a dit : "Je t’ai reconnu, ô Sauda !" Il (Omar) a dit cela car il était inquiet pour certains ordres divins au sujet du voile (le port du voile des femmes). Ainsi, Allah a révélé le verset du voile. (Al-Hijab ; un corps entièrement couvert à l’exception des yeux) (Voir Hadith n° 148, Vol. 1)
Aicha a rapporté que les femmes du Messager d’Allah (ﷺ) avaient l’habitude de sortir à la faveur de la nuit pour allaient en plein champ (dans la périphérie de Médine) afin de se soulager. Omar bin Al-Khattab avait l’habitude de dire : "Messager d’Allah, demande à tes dames d’observer le voile", mais le Messager d’Allah (ﷺ) ne l’a pas fait. Alors Sauda, fille de Zam’a, l’épouse du Messager d’Allah (ﷺ), sortit pendant une des nuits où il faisait sombre. C’était une dame de haute stature. Omar l’appela en disant : "Sauda, on te reconnait". (Il a fait cela avec l’espoir que les versets relatifs au voile soient révélés.) Aicha a dit : "Allah, l’Exalté et Glorieux, a alors révélé les versets relatifs au voile".

Allah est d'accord avec Omar

Après l’incident avec Sauda et un certain nombre d’autres incidents où Omar avait directement précédé la révélation dans ses recommandations à Muhammad, Muhammad a proclamé qu’Allah était venu, à plusieurs reprises, pour être d’accord avec Omar.

Notez que la traduction française des hadiths ci-dessous est issue de la version anglaise. Cette dernière est incorrecte et l'erreur en français est volontaire. En effet, le texte arabe de ces hadiths se réfère au "voile" (hijab) au singulier, et le "verset" au singulier, et non au pluriel, c.-à-d. que les différentes versions de ce hadith se réfèrent à la révélation du Coran (33:53) concernant l’écran (al hijab) entre les visiteurs et les épouses de Muhammad.

Rapporté par Anas :

Omar a dit : "Je suis d’accord avec Allah sur trois choses", ou a dit : "Mon Seigneur est d’accord avec moi sur trois choses". J’ai dit, "Ô Messager d’Allah (ﷺ) ! Voudrais-tu prendre la station d’Abraham comme lieu de prière ?" J’ai aussi dit : "Ô Messager d’Allah (ﷺ) ! De bonnes et de mauvaises personnes te rendent visite ! Voudrais-tu ordonner aux Mères des Croyants de se couvrir avec des voiles* ?" Ainsi, les versets divins* du Al-Hijab (c.-à-d. le port du voile des femmes) ont été révélés. J’ai appris que le Prophète (ﷺ) avait blâmé certaines de ses épouses, alors je suis entré chez elles et ai dit, "Vous devriez arrêter (de troubler le Prophète (ﷺ) ou bien Allah donnera à Son Apôtre de meilleures épouses que vous." Quand je suis allé vers l’une de ses épouses, elle m’a dit, "Ô Omar ! Le Messager d’Allah (ﷺ) n’a-t-il pas ce qu’il faut pour conseiller ses femmes, que tu essaies de les conseiller ?" Après quoi, Allah a révélé : "S'il vous répudie, il se peut que son Seigneur lui donne en échange des épouses meilleures que vous, Musulmanes (qui se soumettent à Allah)…" (66.5)

*Ces mots sont au singulier en arabe. L'auteur de la version anglaise les a mis au pluriel. Dans la version française, ces deux mots sont bien au singulier.
Rapporté par Omar :

J’ai dit : "Ô Messager d’Allah (ﷺ) ! De bonnes et de mauvaises personnes entrent chez toi, je te suggère donc d’ordonner aux Mères des Croyants (c.-à-d. tes épouses) d’observer les voiles*." Alors, Allah a révélé les versets du Al-Hijab.

*Même remarque que le hadith ci-dessus
Ibn Omar a rapporté qu’Omar disait : Mon seigneur s’est mis d’accord avec (mes jugements) à trois reprises. Dans le cas de la station d’Ibrahim, dans le cas de l’observation du voile et dans le cas des prisonniers de Badr.

Omar place la barre plus haut

Après que son souhait de voir les femmes de Muhammad se voiler se réaliser, Omar s’est fixé pour objectif de renforcer les exigences vestimentaires au point de rendre les femmes complètement méconnaissables. À cette fin, il a de nouveau espionné Sauda alors qu’elle était sortie pour se soulager, mais en lui notifiant cette fois que comme elle était distinctement une "femme grasse et obèse", et que le voile nouvellement imposé ne suffisait pas à masquer son identité. De nouveau embarrassée, Sauda est rentrée chez elle pour informer Muhammad. Festoyant alors sur un morceau de viande et apparemment perturbé par l'interruption, Muhammad a immédiatement reçu la révélation de Dieu avertissant Sauda que les exigences d'Omar ne seraient cette fois pas satisfaites. Par conséquent, Sauda a été informée qu'elle serait autorisée à se soulager à l'extérieur malgré le harcèlement d'Omar.

Rapporté par Aicha : Sauda (la femme du Prophète) est sortie pour répondre à l’appel de la nature après qu’il ait été rendu obligatoire (pour toutes les femmes musulmanes) d’observer le voile. C’était une femme grasse et obèse, et tous ceux qui la connaissaient avant pouvaient la reconnaître. Alors Omar bin Al-Khattab la vit et dit : "O Sauda ! Par Allah, tu ne peux pas te cacher de nous, alors pense à un moyen par lequel tu ne devrais pas être reconnue en sortant. Sauda revint pendant que le Messager d’Allah (ﷺ) était dans ma maison en train de souper et tenant dans sa main un os couvert de viande. Elle est entrée et a dit, "O Messager d’Allah (ﷺ) ! Je suis sortie pour répondre à l’appel de la nature et Omar m’a dit ceci et cela." Alors, Allah l’a inspiré (le Prophète) et quand l’état d’inspiration fut terminé avec l’os encore dans sa main car il ne l’avait pas posé, il a dit (à Sauda) : "Vous (les femmes) ont été autorisées à sortir pour vos besoins."
Aicha a rapporté que Sauda (qu'Allah l'agréée) est sortie (dans les champs) afin de répondre à l’appel de la nature même après l’époque où le voile avait été prescrit pour les femmes. C’était une femme corpulente, de taille importante parmi les femmes, et elle ne pouvait se cacher de celui qui l’avait connue. Omar bin Al-Khattab l’a vue et a dit : "Sauda, par Allah, tu ne peux pas te cacher de nous. Sois donc prudente lorsque tu sors." Elle (Aicha) a dit : Elle s’est retournée. Le Messager d’Allah (ﷺ) était à ce moment-là dans ma maison pour son diner et il y avait un os dans sa main. Elle (Sauda) est entrée et a dit : "Messager d’Allah. Je suis sortie et Omar m’a dit ceci et cela." Elle (Aicha) a rapporté : "La révélation est venue à lui puis ce fut fini ; l’os était alors dans sa main, il ne l’avait pas jeté et il a dit : « Permission vous a été accordée pour que vous puissiez sortir pour vos besoins. »"

Un autre hadith rapporte comment Omar a tenté d’appliquer la règle du hijab (rideau) à d’autres femmes dans la maison de Muhammad en plus de ses épouses (le même récit est dans Sahih Bukhari 8:73:108).

Sa`d ibn Abi Waqqas a rapporté qu’Omar a demandé la permission au Messager d’Allah (ﷺ) pour lui rendre visite lorsque certaines femmes des Quraych étaient occupées à parler avec lui et élever leurs voix au-dessus de la sienne. Quand Omar a demandé la permission, elles se sont levées et sont allées précipitamment derrière le rideau. Le Messager d’Allah (ﷺ) lui a donné la permission en souriant. Dès lors, Omar a dit : "Messager d’Allah, qu’Allah te garde heureux toute ta vie." Alors le Messager d’Allah (ﷺ) a dit : "Je m’interroge sur ces femmes qui étaient avec moi et qui, dès qu’elles ont entendu ta voix, sont immédiatement parties derrière le rideau." Sur ce, Omar a dit : "Messager d’Allah, tu as plus de droit qu’elles devraient te craindre." Puis Omar (s’adressant aux femmes) a dit : "Ô vous ennemies de vous-mêmes, avez-vous peur de moi et ne craignez-vous pas le Messager d’Allah (ﷺ) ?" Elles ont dit : "Oui, tu es dur et strict par rapport au Messager d’Allah (ﷺ)." Après quoi, le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui) a dit : "Par Celui qui a ma vie dans Sa Main, si Satan vous rencontrait en chemin, il prendrait certainement une voie différente de la vôtre."

Umar struck a slave girl for wearing jilbab like free women

One tradition relates Umar's strident views also to the theme of Quran 3:59, the verse in which believing women in general are instructed to wear the jilbab to distinguish themselves and to avoid harrasment.

Narrated Anas ibn Malik:

Umar saw a slave-girl wearing a veil, so he struck her. He said, "Do not emulate free women."

Narrated Anas ibn Malik:

A female slave came to Umar ibn al Khattab. He knew her through some of the emigrants, or the Ansar. She was wearing a jilbab (cloak) which veiled her. He asked her: "Have you been freed?" She said: "No." He said: "What about the jilbab? Pull it down off your head. The jilbab is only for free women from among the believing women." She hesitated. So he came at her with a whip and struck her on the head, until she cast it off her head.

Hijab as a screen or physical barrier

Another type of veiling, also referred to in Arabic as hijab, is that effected through physical barriers. This was the original meaning of the term as discussed above regarding Quran 33:53. While Islamic legal schools disagree about the requirement and use of physical barriers in addition to hijab as matter of personal clothing, the use of physical barriers is the rule rather than the exception in much of the Islamic world and even make frequent appearance in Western diasporic settings.

In addition to the generic employment of physical barriers wherever both men and women are present, there is the more specific practice of the "household hijab". The idea of separating male and female visitors at one's home is inspired by hadith accounts which describe this practice in Muhammad's household as well as a Quranic allusion thereto in Quran 33:53. According to the hadiths, the separate revelation regarding the household hijab was also situationally inspired. Here, the story is that Muhammad had visitors and was bothered to find them lingering to chat with his wives after they had dinner.

Narrated Anas bin Malik:

When Allah's Apostle married Zainab bint Jahsh, he invited the people to a meal. They took the meal and remained sitting and talking. Then the Prophet (showed them) as if he is ready to get up, yet they did not get up. When he noticed that (there was no response to his movement), he got up, and the others too, got up except three persons who kept on sitting. The Prophet came back in order to enter his house, but he went away again. Then they left, whereupon I set out and went to the Prophet to tell him that they had departed, so he came and entered his house. I wanted to enter along with him, but he put a screen between me and him. Then Allah revealed:

'O you who believe! Do not enter the houses of the Prophet...' (33.53)
Narrated Anas: A banquet of bread and meat was held on the occasion of the marriage of the Prophet to Zainab bint Jahsh. I was sent to invite the people (to the banquet), and so the people started coming (in groups); They would eat and then leave. Another batch would come, eat and leave. So I kept on inviting the people till I found nobody to invite. Then I said, "O Allah's Prophet! I do not find anybody to invite." He said, "Carry away the remaining food." Then a batch of three persons stayed in the house chatting. The Prophet left and went towards the dwelling place of Aisha and said, "Peace and Allah's Mercy be on you, O the people of the house!" She replied, "Peace and the mercy of Allah be on you too. How did you find your wife? May Allah bless you. Then he went to the dwelling places of all his other wives and said to them the same as he said to Aisha and they said to him the same as Aisha had said to him. Then the Prophet returned and found a group of three persons still in the house chatting. The Prophet was a very shy person, so he went out (for the second time) and went towards the dwelling place of 'Aisha. I do not remember whether I informed him that the people have gone away. So he returned and as soon as he entered the gate, he drew the curtain between me and him, and then the Verse of Al-Hijab was revealed.
Narrated Anas bin Malik: that he was a boy of ten at the time when the Prophet emigrated to Medina. He added: I served Allah's Apostle for ten years (the last part of his life time) and I know more than the people about the occasion whereupon the order of Al-Hijab was revealed (to the Prophet). Ubai b n Ka'b used to ask me about it. It was revealed (for the first time) during the marriage of Allah's Apostle with Zainab bint Jahsh. In the morning, the Prophet was a bride-groom of her and he Invited the people, who took their meals and went away, but a group of them remained with Allah's Apostle and they prolonged their stay. Allah's Apostle got up and went out, and I too, went out along with him till he came to the lintel of 'Aisha's dwelling place. Allah's Apostle thought that those people had left by then, so he returned, and I too, returned with him till he entered upon Zainab and found that they were still sitting there and had not yet gone. The Prophet went out again, and so did I with him till he reached the lintel of 'Aisha's dwelling place, and then he thought that those people must have left by then, so he returned, and so did I with him, and found those people had gone. At that time the Divine Verse of Al-Hijab was revealed, and the Prophet set a screen between me and him (his family).

See also

External links

References

  1. Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications
  2. Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications, pp. 119-122
  3. Elizabeth Bucar (2012) The Islamic Veil (Le Voile Islamique), Oxford: Oneworld Publications, pp. 77-83
  4. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 45
  5. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique, p. 35
  6. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 38-40
  7. 7.0 7.1 7.2 Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 40-45
  8. Hijab is Not an Islamic Duty: Muslim Scholar (Le hijab n'est pas un devoir islamique: savant musulman) - en anglais - Morocco World News, 24 Juin 2012
  9. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 47-48
  10. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 34
  11. 11.0 11.1 Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 49-58
  12. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 56
  13. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 65-66
  14. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), pp. 19-23
  15. Elizabeth Bucar, The Islamic Veil (Le Voile Islamique), p. 24
  16. Voir Sexual Harassment Laws in Egypt: Does Stricter Mean More Effective? (Les lois sur le harcèlement sexuel en Égypte : plus strictes signifient-elles plus efficaces ? - En anglais) par Habiba Abdelaal, The Tahrir Institute for Middle East Policy - Décembre 2021
  17. Manar Ammar - Sexual harassment awaits Egyptian girls outside schools (Le harcèlement sexuel attend les filles égyptiennes en dehors des écoles - En anglais) - Bikya Masr, 10 Septembre, 2012
  18. "The High Rape-Scale in Saudi Arabia (L’ampleur des viols en Arabie Saoudite - En anglais)", WomanStats Project (blog), 16 Janvier, 2013, http://womanstats.wordpress.com/2013/01/16/the-high-rape-scale-in-saudi-arabia/.